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Au sujet du deuxième fleuve, appelé Géhon par la Genèse, la bévue de l’auteur sacré est fantastique. «C’est, dit-il, le fleuve du pays de Chus.» Or, d’après la version des Septante et même la Vulgate, la terre de Chus (fils de Cham et père de Nemrod) n’est autre que l’Ethiopie; par conséquent, ce Géhon, c’est le Nil, qui coule, non pas en Asie, mais en Afrique, et précisément dans le sens opposé à l’Araxe, au Tigre et à l’Euphrate, la direction générale du cours du grand fleuve africain étant du sud au nord. Si l’on place la source du Nil au Victoria-Nyanza, ainsi qu’on l’admet pour ne pas remonter plus haut, il y a donc au minimum dix-huits cents lieues de distance entre les sources des premier et deuxième fleuves mentionnés par la Genèse comme arrosant le même jardin d’Eden! Il est vrai que les deux autres n’ont leurs sources qu’à soixante lieues l’une de l’autre; ce qui est déjà gentil pour un jardin. En outre, est-ce un jardin que cet immense territoire hérissé de pics des plus escarpés, formé d’une des régions les plus impraticables du globe?…

Enfin, troisième bévue, et l’on pourrait appeler celle-ci: la bévue du bout de l’oreille.

Les prêtres, on le sait, prétendent que l’œuvre de Moïse est le Pentateuque, c’est-à-dire les cinq premiers livres de la Bible: la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Mais les savants ont eu l’impiété de faire des recherches, et leur opinion générale est que ces livres ont été fabriqués par Esdras, au retour de la captivité de Babylone, dans le courant du cinquième siècle avant Jésus-Christ, tandis que Moïse, en supposant qu’il ait existé et en admettant un instant comme authentiques les dates qui le concernent, vivait mille ans auparavant: naissance au pays de Gessen, en Egypte, en 1571 avant notre ère, et mort en Arabie, sur le mont Nébo, en 1451.

Bossuet s’est indigné des travaux de Hobbes, de Spinoza et de Richard Simon contre l’authenticité des œuvre» de Moïse; dire que le véritable auteur du Pentateuque est Esdras, c’est blasphémer, selon le fougueux évêque: «Que peut-on objecter, s’écrie-t-il (Discours sur l’Histoire universelle), à une tradition de trois mille ans, soutenue par ses propres forces et par la suite des choses? Rien de suivi, rien de positif, rien d’important!»

N’en déplaise à Bossuet, le verset 14 du chapitre 2 de la Genèse, entre autres exemples, donne une preuve éclatante de la supercherie littéraire et religieuse, et démontre, net comme deux et deux font quatre, que la dite Genèse ne peut pas avoir été écrite par Moïse. C’est dans ce Verset qu’il est dit: «Le nom du troisième fleuve est Tigre; c’est celui qui coule au pays des Assyriens.» Ça y est en toutes lettres. Quelques traducteurs ont remplacé les quatre derniers mots par: «vers l’Orient d’Assyrie»; mais cela ne change rien. La question est celle-ci: Moïse, mort en 1451 avant Jésus-Christ, ne pouvait pas employer les expressions Assyrie, Assyriens, par la bonne raison que l’empire assyrien, qui s’étendait à la fois sur Ninive et Babylone et qui dura jusqu’au huitième siècle avant notre ère, commença à exister vers 1300, tout au plus. Les témoignages d’Hérodote et du chaldéen Bérose sont d’accord sur ce point et ont été confirmés par les monuments.

Les importantes découvertes accomplies depuis le commencement de notre siècle dans l’histoire des peuples de l’ancien Orient, avec l’aide des inscriptions en caractères hiéroglyphiques et cunéiformes, ne permettent plus aujourd’hui, même dans les livres les plus élémentaires, de rééditer les âneries bibliques au sujet de cette première partie des annales du genre humain. Les résultats obtenus par les Champollion, les de Rougé, les de Saulcy, les Mariette, les Oppert, les Rawlinson, les Lepsius, les Brugsch, etc., éclairent l’histoire ancienne d’une lumière autrement certaine que les traditions colligées par le fumiste Esdras.

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