Au sujet du deuxième fleuve, appelé Géhon par la Genèse, la bévue de l’auteur sacré est fantastique.
Enfin, troisième bévue, et l’on pourrait appeler celle-ci: la bévue du bout de l’oreille.
Les prêtres, on le sait, prétendent que l’œuvre de Moïse est le Pentateuque, c’est-à-dire les cinq premiers livres de la Bible: la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Mais les savants ont eu l’impiété de faire des recherches, et leur opinion générale est que ces livres ont été fabriqués par Esdras, au retour de la captivité de Babylone, dans le courant du cinquième siècle avant Jésus-Christ, tandis que Moïse, en supposant qu’il ait existé et en admettant un instant comme authentiques les dates qui le concernent, vivait mille ans auparavant: naissance au pays de Gessen, en Egypte, en 1571 avant notre ère, et mort en Arabie, sur le mont Nébo, en 1451.
Bossuet s’est indigné des travaux de Hobbes, de Spinoza et de Richard Simon contre l’authenticité des œuvre» de Moïse; dire que le véritable auteur du Pentateuque est Esdras, c’est blasphémer, selon le fougueux évêque:
N’en déplaise à Bossuet, le verset 14 du chapitre 2 de la Genèse, entre autres exemples, donne une preuve éclatante de la supercherie littéraire et religieuse, et démontre, net comme deux et deux font quatre, que la dite Genèse ne peut pas avoir été écrite par Moïse. C’est dans ce Verset qu’il est dit:
Les importantes découvertes accomplies depuis le commencement de notre siècle dans l’histoire des peuples de l’ancien Orient, avec l’aide des inscriptions en caractères hiéroglyphiques et cunéiformes, ne permettent plus aujourd’hui, même dans les livres les plus élémentaires, de rééditer les âneries bibliques au sujet de cette première partie des annales du genre humain. Les résultats obtenus par les Champollion, les de Rougé, les de Saulcy, les Mariette, les Oppert, les Rawlinson, les Lepsius, les Brugsch, etc., éclairent l’histoire ancienne d’une lumière autrement certaine que les traditions colligées par le fumiste Esdras.