Читаем La forêt des ombres полностью

La respiration lente et ridicule d’un chalet.

Cathy pleurait à la fenêtre du salon, un mouchoir écrasé contre son nez. Elle avait passé l’après-midi là, à attendre, persuadée, à chaque fois qu’elle rabattait puis ouvrait de nouveau ses paupières, de voir le 4x4 surgir sur le chemin. David ! Son David ! Il ne pouvait rien lui être arrivé ! Il allait revenir, forcément ! Peut-être avait-il simplement décidé de se rendre jusqu’au village ? Ou un problème avec la voiture ? Panne ? Crevaison ? Il saurait bien se débrouiller, il était fort, intelligent... Il reviendrait, et les embrasserait de toutes ses forces. Il ne les abandonnerait jamais... Pas lui... Pas comme ça...

Les autres s’étaient réunis autour de la cheminée. Plus personne n’avait envie de discuter ou de faire semblant. Le repas du soir n’avait pas été préparé, celui du midi, laissé sur place. Seule Clara dormait paisiblement.

Adeline brisa le silence :

— Je... Je crois qu’on devrait parler de ce qu’on va faire demain, osa-t-elle d’une voix qu’elle aurait souhaitée moins chevrotante. Au cas où... où il ne reviendrait pas cette nuit...

Cathy réagit du tac au tac :

— Comment peux-tu envisager qu’il ne revienne pas ! hurla- t-elle. C’est impossible !

Elle s’avança vers eux.

— De toute façon, encore une heure... Encore une heure et je vais le chercher. Avec une bonne lampe, des vêtements chauds...

— Je... Je ne veux pas retourner là-bas ! protesta Emma.

Elle rabattit ses mains sur sa poitrine, dans un geste de repli.

Adeline s’approcha de Cathy.

— Ce soir, ce ne serait pas raisonnable. Nous mourrions de froid... On partira à sa recherche dès le lever du jour... À plusieurs, et... armées...

— Vous êtes capable d’utiliser ce machin, vous ? intervint Emma en montrant le fusil au-dessus de la cheminée. On ne sait même pas si c’est rempli de balles ! Je... Je n’irai plus dans la forêt !

— Vous pourriez pas la boucler ! rétorqua la rouquine en lui attrapant le poignet. Je vous rappelle que si David est parti là- bas, c’est uniquement à cause de vous ! Quant aux cartouches, il y en a une boîte complète dans le laboratoire !

Emma se débattit. Ses joues viraient au rouge méchant.

— Lâchez-moi, dummkopf !

— Lâche-la ! répéta Arthur.

— Si elle veut rester, qu’elle reste ! s’écria Cathy d’une voix outrée. Moi, j’irai ! Seule ou accompagnée ! Avec ou sans arme !

Adeline se pinça les lèvres, les yeux rivés sur le Weatherby Mark.

— Je... Je viendrai avec toi, mais... j’ignore jusqu’où je pourrai avancer... Mon asthme...

Elle fut interrompue. Le bruit de la poignée, puis des coups répétés sur la porte.

Cathy se précipita, tourna les verrous, ouvrit en grand.

Des rouleaux de flocons s’engouffrèrent dans la pièce.

Un spectre courbé, dans l’embrasure. Le visage creux et terrifié. Le bonnet, le front, les sourcils ensevelis sous d’épaisses couches de glace.

Cathy l’entoura de sa chaleur explosive.

— Oh ! Mon chéri ! Mon chéri !

David enleva son bonnet, se frotta le visage et lança, les cordes vocales brisées :

— Qu’est-ce... qu’on mange ?

Il enlaça violemment son épouse, l’arrachant même du sol. Elle pleurait à présent de bonheur, comme elle n’avait jamais pleuré. Emma et Adeline s’étaient levées. La rouquine s’approcha pour l’embrasser, puis se trouva gênée devant cet être dont elle avait souhaité le retour plus que tout au monde. Elle plongea timidement les mains dans les poches de son jean.

— J’avoue que vos allers-retours incessants à la cafetière commençaient à nous manquer, lui lança-t-elle.

— Je compte... bien me rattraper... répliqua David en retirant son blouson.

Son regard tomba alors sur celui d’Emma, qui se tenait là, derrière. La silhouette longiligne... Ces yeux, curieux et effrontés... Cette rigueur sur le visage... Cette femme, il l’avait posée à plat, le matin même, sur les pages de son thriller ! Son personnage, échappé des griffes du Bourreau !

— Il est rare de... d’éprouver tant de peur pour quelqu’un sans même le connaître, confia Emma en lui tendant la main. Ravie de vous rencontrer, malgré ces circonstances... spéciales...

David la salua, dissimulant son trouble derrière un sourire gêné. Emma prolongea longuement le contact de leurs doigts.

— Vous avez failli y mourir... de ma faute... ajouta-t-elle, sans le regarder vraiment. C’est très courageux. Vous...

— Arrêtez cette hypocrisie ! l’interrompit Cathy en se faufilant entre eux. Il n’y a pas cinq minutes, vous ne vouliez pas lever le petit doigt pour aller le secourir !

La brune s’écarta, prête à répondre, le regard mauvais.

— Dites donc ! s’exclama Arthur. Voilà des retrouvailles mouvementées ! Tu nous as fait drôlement peur !

Adeline revint avec une serviette. David s’écrasa dans un fauteuil, ses traits étaient tirés, ses lèvres craquelées. Cathy lui essuya les cheveux.

— Crevaison, à dix kilomètres d’ici, raconta David. Les quatre pneus. Une herse, en travers de la voie, cachée sous la neige.

Cathy, la serviette dans les mains, s’arrêta net. Après la Chose, la herse.

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