Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Et Papen aussi a peur et sans doute Tschirschky, car c’est le temps des assassins. Lorsqu’ils arrivent à la vice-chancellerie le bâtiment est occupé par les S.S. et des agents de la Gestapo. Les deux hommes comprennent qu’on les a convoqués et retenus chez Goering pour mieux permettre l’investissement des lieux. Pour accéder au bureau de Papen, il faut traverser celui de Tschirschky : tout est bouleversé, les tiroirs sont ouverts, les papiers dispersés sur le sol. La perquisition a été brutale et les hommes de Himmler sont encore là, arrogants. Ils ont même mis une mitrailleuse en batterie. Un employé a réussit à glisser à Papen que l’Oberregierungsrat Bose, l’un des plus proches collaborateurs du vice-chancelier, l’un de ceux qui, avec Jung, a participé à l’élaboration du discours de Marburg a été abattu, il y a quelques instants à peine. Deux hommes vêtus de noir ont demandé à le voir et quand il s’est présenté, sans dire un mot, ils ont tiré. Puis ils ont laissé son corps dans le bureau et un S.S. s’est installé devant la porte interdisant l’entrée à quiconque. Quand Papen pose une question, on lui répond que Bose a résisté à l’action de la police.


Tout à coup on entend le grondement d’une explosion : ce sont les hommes de la Gestapo qui font sauter les portes des coffres-forts situés dans les caves du bâtiment (qui autrefois avait été le siège d’une banque) espérant découvrir des documents compromettants. Peu après, des agents du S.D. séparent Papen de Tschirschky : ce dernier est décrété en état d’arrestation. Il serre longuement la main du vice-chancelier puis escorté de deux S.S. il s’éloigne. C’est le troisième collaborateur de Papen à être appréhendé. Dans l’escalier de la vice-chancellerie, Tschirschky suivi par les S.S. descend nonchalamment quand deux nouveaux policiers l’interpellent : ce sont des hommes de Goering.

— C’est déjà fait, dit Tschirschky en montrant les S.S., messieurs mettez-vous d’accord entre vous.

Et il attend la décision, un sourire méprisant sur les lèvres.


Finalement ce sont les S.S. qui l’emportent et c’est dans leur voiture que Tschirschky est conduit au siège de la Gestapo, mais les inspecteurs de Goering suivent dans une deuxième voiture. Ainsi dans cette répression si longuement calculée subsistent l’improvisation, les chevauchements, les incertitudes, les sauvetages in extremis ou les exécutions dues au hasard. Parce que chacune des têtes de la conjuration a ses intérêts, ses victimes désignées, mais aussi ses protégés, conservés en vie parce qu’ils peuvent préserver l’avenir. Sait-on jamais ?


Aussi Goering défend Papen. Le vice-chancelier est reconduit jusqu’à son domicile gardé par un détachement de S.S. « Le téléphone était coupé, raconte Papen, et dans mon salon, je trouvai un capitaine de police chargé spécialement d’appliquer la consigne de mon isolement complet. Il me signifia l’interdiction absolue de tout contact avec l’extérieur et de toute visite. » En fait, cet officier a pour mission d’empêcher les hommes de Himmler de liquider Papen. L’officier ne doit livrer le vice-chancelier que sur un ordre formel et personnel de Goering. Durant trois jours Papen va demeurer enfermé avec son fils dans sa maison cernée par les S.S. qui se relaient et interdisent qu’on approche la villa. Mais Papen reste en vie. Goering – en échange des loyaux services rendus et parce que Papen a l’audience de Hindenburg – l’a mis à l’abri. Papen le reconnaît : « Un seul homme s’était interposé entre moi et le poteau d’exécution, Goering » dira-t-il.


Mais rares sont ceux qui peuvent ainsi remercier Goering. Ce matin-là, l’attention du ministre-président signifie au contraire pour des dizaines d’hommes une condamnation à mort qui s’abat sur eux, par surprise et comme une fatalité antique, inéluctable et aveugle. Goering liquide tous ceux qui l’ont gêné ou dont la vie peut sembler une menace. Himmler, Heydrich font de même et les corps criblés de balles s’ajoutent aux corps. Il ne sert à rien d’avoir abandonné la vie politique, d’avoir renoncé à toute ambition, la vengeance nazie ne pardonne pas. Et les chefs du Reich ne veulent pas prendre de risques, ils savent que, contrairement aux légendes pieuses des idéalistes, mieux vaut un adversaire mort que vivant.


Gregor Strasser qui fut le compagnon intime de Hitler, Gregor Strasser qui a créé le Parti, déjeune chez lui, ce samedi vers midi, avec sa famille. Il est depuis des mois en marge de toute réelle activité même si son nom, à plusieurs reprises, a été ces dernières semaines prononcé et si l’on murmure qu’il a rencontré vers la mi-juin Hitler. Tout cela le condamne. On sonne au portail. Il se présente. Huit hommes sont là, revolver au poing. Un mot : Gestapo. On l’entraîne avant même qu’il ait pu saluer ses proches. Ils ne le reverront plus. Tchirschky encadré par les S.S., conduit à l’interrogatoire avant de partir pour Dachau, le croisera au siège de la Gestapo, Prinz-Alhrecht-Strasse, en cette fin de matinée.


UNE BALLE DANS LA TÊTE.

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