Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Heydrich, au 8 de la Prinz-Albrecht-Strasse, a aussitôt été averti du signal et immédiatement il le répercute sur ses hommes qui dans les différentes villes et régions du Reich sont dans l’attente, impatients d’agir comme des chiens dressés que l’on retient. Les voici lâchés. Ils ont reçu depuis plusieurs jours leurs enveloppes cachetées et ce matin, enfin, ils brisent les sceaux marqués de l’aigle et de la croix gammée, ils relisent les noms de leurs anciens camarades avec qui ils ont livré bataille et qu’ils sont chargés d’arrêter ou de liquider. Ils découvrent le nom de telle ou telle personnalité, aujourd’hui encore respectée, couverte de titres ou d’honneurs et qu’ils doivent conduire dans un camp de concentration ou faire disparaître dans un bois ou une région marécageuse. Ils partent en chasse, ils lancent leurs équipes de tueurs qui vont par deux ou trois, implacables et anonymes, frappant aux portes comme des représentants modestes, mais tirant à bout portant, sans explication ni regret. Et ils sont bien les représentants du nouveau Reich, ces S.S., ces hommes du S.D., efficaces et sans remords.


À Berlin, les agents de la Gestapo reçoivent des listes où il n’y a que des numéros d’ordre conventionnels qui renvoient au nom de telle ou telle personnalité. Dix-huit S.S. dirigés par l’Hauptsturmführer Gildisch, un ancien officier de police, sont chargés de s’occuper de celles qui doivent être immédiatement et sans autre forme de procès abattues.


Himmler, Heydrich ou Goering donnent les ordres précis, Goering de son cabinet de travail de la Leipzigerplatz condamne ainsi à une exécution sommaire tel ou tel opposant. Il a convoqué Gildisch et il a simplement dit : « Trouvez Klausener et abattez-le ». Et l’Hauptsturmführer S.S. a claqué les talons et s’en est allé vers le ministère des transports à la recherche du président de l’Action catholique. Cependant des valets de pied en livrée apportent à Goering et à Himmler des sandwichs et des boissons ; en même temps des hommes de la Gestapo déposent sur la table, près des bouteilles de bière, de petites fiches blanches qui comportent un ou plusieurs noms d’hommes arrêtés, conduits à l’École des Cadets de Lichterfelde et Goering lance avec joie et violence : « À fusiller, à fusiller ».

Gisevius qui arrive à ce moment avec Daluege dans le palais de Goering à la Leipzigerplatz est saisi par l’atmosphère qui y règne. « Une angoisse soudaine me prend à la gorge, se souvient-il. Je respire une atmosphère de haine, de nervosité, de tension, de guerre civile et surtout de sang, de beaucoup de sang. Sur tous les visages, de celui des sentinelles à celui du dernier planton, on lit qu’il se passe des choses terribles ».


Dans l’antichambre même de Goering, des hommes arrêtés viennent s’ajouter à Kasche qui continue de trembler. Un officier S.A. claque des dents sous le regard froid d’un S.S. : convoqué par téléphone, le S.A. est arrivé tranquillement et Goering l’a insulté en le qualifiant de « cochon homosexuel et lui a annoncé qu’on allait le fusiller ». Anxieux, Nebe et Gisevius se rencontrent près du cabinet de travail de Goering. « Nous nous saluons, raconte Gisevius, avec le signe conventionnel que nous avons adopté, un serrement de mains et un battement de paupières. » En quelques phrases d’apparence anodine, Nebe dit ce qu’il sait : les premiers hommes abattus, ceux qu’on a expédiés dans les camps ou dans les caves de la Gestapo. Déjà, au ministère, Gisevius a appris que la plupart des grands chefs S.A. ont été arrêtés ou vont l’être : « Mademoiselle Schmidt », l’aide de camp de Heines, puis Gehrt, Sander, Voss ; les hommes de Karl Ernst ont été pris les premiers. Maintenant ils sont à Lichterfelde et peut-être déjà sont-ils abattus, leurs corps gisant sur les pavés usés par les générations de jeunes cadets qui ont formé les rangs sous les cris des sous-officiers prussiens.

Gisevius écoute et regarde. Tous ceux qui ne sont pas directement dans l’action aux côtés des tueurs ne peuvent qu’être inquiets, car, ce matin, commence le grand règlement de comptes et Gisevius a déjà eu maille à partir avec Heydrich et la Gestapo. « Je flaire le danger, dit-il, j’estime prudent en des journées aussi chaudes de ne pas me lancer seul dans des explorations et de rester en compagnie de gens qui, dans de telles circonstances, peuvent me sauver. Je préfère donc me tenir dans le voisinage de Daluege... » Mais Karl Daluege aussi a peur et Nebe aussi « qui ne croit pas impossible qu’on l’abatte comme complice à la fin de cette journée ».


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