Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Dans le hall, l’agitation est toujours aussi grande. Les sonneries du central voisin retentissent sans arrêt. Himmler est sorti du cabinet de travail de Goering, pendant que Papen continue de protester contre les violations du droit. Tschirschky, entré dans l’antichambre, observe le Reichsführer S.S. qui, l’air absorbé et résolu, téléphone longuement. Himmler parle à voix basse, mais le secrétaire de Papen entend une phrase : « Et maintenant il faut y aller, vous pouvez nettoyer cela ». Ne s’agit-il pas de la vice-chancellerie, considérée par la Gestapo comme un repaire d’opposants ? Tschirschky essaie de prévenir Papen en rentrant dans le cabinet de travail sur les talons de Himmler, mais Goering hurle presque : « Vous feriez mieux de penser à votre sécurité personnelle, rentrez chez vous immédiatement et restez-y, n’en sortez pas sans m’en avoir prévenu ».


Himmler fait alors passer à Goering un message cependant que Papen s’insurge une nouvelle fois : « Je veillerai tout seul à ma sécurité, je n’ai pas du tout l’intention d’accepter une arrestation à peine déguisée » insiste-t-il. Mais cette fois-ci Goering refuse et ne répond plus : il ignore définitivement Papen comme si le message de Himmler avait encore pesé sur son attitude déjà méprisante pour Papen. Tschirschky faisant part à son chef de ses inquiétudes, les deux hommes quittent la pièce. Dans l’antichambre, le visage caché dans ses mains, un officier de la S.A., attend, effondré sur une chaise, gardé par un S.S. C’est le Gruppenführer Kasche qu’on à pris dans la rue alors qu’il sortait de chez lui et qu’on a amené ici sans qu’il comprenne pourquoi. Maintenant, il a peur.


Dehors, dans la cour, le soleil de cette magnifique journée d’été oblige après la demi-obscurité du cabinet de travail de Goering à fermer les yeux pour s’habituer de nouveau à la lumière. Papen et Tschirschky traversent la cour bruyante : des policiers attendent les ordres, des voitures partent. Le service de protection paraît encore renforcé. Quand les deux hommes se présentent à la grille pour quitter le ministère, un officier S.S. et deux sentinelles leur barrent le passage. Ils ont le visage fermé et dur de ceux qui ont reçu des ordres qu’ils ne discuteront jamais.

— Personne n’a le droit de sortir, dit sèchement l’officier de l’Ordre noir.

Il fait face à Tschirschky. Les mains derrière le dos, ses deux hommes placés à un pas de part et d’autre, il représente la force brutale. Tschirschky n’a pas l’habitude de se laisser intimider :

— Qu’est-ce qui se passe ? Monsieur von Papen a sans doute le droit de sortir d’ici ?

Le ton est cassant, méprisant. L’officier ne bouge pas, imperturbable.

— Il est interdit à qui que ce soit de sortir d’ici, répète-t-il.

Les lèvres du jeune officier S.S. ont à peine remué. Les yeux sont immobiles et ce visage coupé par le rebord du casque, cerné par la jugulaire est anonyme, l’un de ces visages sans réalité qui semblent vidés de toute personnalité, de toute particularité comme s’ils n’exprimaient plus un homme, mais une force diffuse incarnée passagèrement dans une forme vivante.

— Avez-vous peur qu’on nous descende ? lance Tschirschky.

Mais la question n’appelle même pas de réponse. Le secrétaire de Papen, nerveusement, s’élance dans le bâtiment. Il croise alors qu’il traverse le hall l’aide de camp de Goering, Karl Bodenschatz qui s’étonne :

— Comment, vous revenez déjà ?

Autour d’eux, c’est toujours la même atmosphère de tension, de violence. Les ordres, les claquements des talons, les sonneries du central téléphonique, tout cela crée un climat presque insupportable.

— Ils ne nous laissent pas sortir, dit simplement Tschirschky.

Dans la cour, sous le soleil, Papen attend et l’officier S.S. lui fait toujours face dans son immobilité de statue. Le vice-chancelier a un sourire amer et méprisant Bodenschatz se met à crier, il ordonne d’ouvrir la grille.

— Nous verrons bien qui commande ici, hurle-t-il, le Premier ministre ou les S.S.


Finalement après qu’un S.S. est allé chercher des ordres, la lourde grille est poussée par les S.S. et Papen et Tschirschky se retrouvent dans la rue.


N’était la présence de quelques groupes de policiers, la journée paraîtrait se poursuivre paisiblement. Wilhelmplatz, le vendeur de cigares s’est assis à l’ombre de son étalage. Ses boîtes ouvertes sont bien rangées sous les auvents de la carriole. Il n’y a pas encore de clients. Il lit le journal qui décrit longuement la visite de Hitler dans les camps de travail de Westphalie.


AU MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR

Il est un peu plus de 9 heures. Des fenêtres du ministère de l’Intérieur du Reich, on aperçoit les feuilles des tilleuls et des marronniers d’Unter den Linden légèrement froissées par la brise qui glisse le long de l’avenue depuis la porte de Brandebourg vers la Spree. Gisevius, fonctionnaire du ministère, regarde la magnifique avenue.

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"При самом близоруком прочтении "Аламута", - пишет переводчик Майкл Биггинс в своем послесловии к этому изданию, - могут укрепиться некоторые стереотипные представления о Ближнем Востоке как об исключительном доме фанатиков и беспрекословных фундаменталистов... Но внимательные читатели должны уходить от "Аламута" совсем с другим ощущением".   Публикуя эту книгу, мы стремимся разрушить ненавистные стереотипы, а не укрепить их. Что мы отмечаем в "Аламуте", так это то, как автор показывает, что любой идеологией может манипулировать харизматичный лидер и превращать индивидуальные убеждения в фанатизм. Аламут можно рассматривать как аргумент против систем верований, которые лишают человека способности действовать и мыслить нравственно. Основные выводы из истории Хасана ибн Саббаха заключаются не в том, что ислам или религия по своей сути предрасполагают к терроризму, а в том, что любая идеология, будь то религиозная, националистическая или иная, может быть использована в драматических и опасных целях. Действительно, "Аламут" был написан в ответ на европейский политический климат 1938 года, когда на континенте набирали силу тоталитарные силы.   Мы надеемся, что мысли, убеждения и мотивы этих персонажей не воспринимаются как представление ислама или как доказательство того, что ислам потворствует насилию или террористам-самоубийцам. Доктрины, представленные в этой книге, включая высший девиз исмаилитов "Ничто не истинно, все дозволено", не соответствуют убеждениям большинства мусульман на протяжении веков, а скорее относительно небольшой секты.   Именно в таком духе мы предлагаем вам наше издание этой книги. Мы надеемся, что вы прочтете и оцените ее по достоинству.    

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