Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Goering, satisfait de la surprise, observe un instant les journalistes puis il quitte la salle. Un officier de la Reichswehr distribue alors le texte d’un communiqué officiel du général von Reichenau qui exprime le point de vue officiel de la Bendlerstrasse et donc de la Reichswehr. Ce texte prouve que Reichenau et son chef Blomberg font cause commune avec les tueurs S.S., avec la Gestapo et qu’ils sont décidés à couvrir toutes les violations du droit et toutes les atteintes aux prérogatives de l’Offizierskorps : Schleicher qui avait été le général le plus écouté de l’armée est abandonné, calomnié. Cela va peser lourd sur l’avenir du Reich et de l’armée allemande.


Reichenau, ce digne officier de tradition, portant monocle et guindé dans un uniforme impeccable, n’hésite pas à écrire : « Soupçonné d’avoir trempé dans le complot fomenté par Roehm, deux hommes de la S.S. ont été chargés d’arrêter le général von Schleicher. Ce dernier ayant opposé une vive résistance, les policiers ont été contraints de faire usage de leurs armes. Au cours de l’échange de coups de feu, le général et son épouse, survenue à l’improviste, ont été mortellement blessés ».


À LICHTERFELDE

On comprend l’assurance de Goering. Dans les rue de Berlin tout est d’ailleurs redevenu normal. Unter den Linden, les promeneurs sont nombreux et aux terrasses des cafés de la Kurfürstendamm c’est l’affluence du samedi soir quand il fait beau et chaud, comme dans ce dernier crépuscule de juin. Les barrages ont été retirés du Tiergarten et les jeunes couples ont repris leurs promenades dans les allées qui convergent vers la Floraplatz. Les éditions du soir des grands journaux se contentent d’annoncer que l’Obergruppenführer Lutze remplace désormais Roehm à la tête de la Sturmabteilung, encore la nouvelle est-elle donnée en quatrième page. Il n’y a pas trace des déclarations, venues trop tard, de Goering et de Reichenau.


Pourtant, dans des conversations à voix basse les noms de Lichterfelde et du Colombus Haus reviennent : ce sont les deux lieux de détention des personnes prises dans la journée.


Mais c’est à l’École militaire de Lichterfelde qu’on fusille. Là, on a obligé le capitaine d’aviation Gehrt, ancien de l’escadrille de Goering, chevalier de l’ordre du Mérite, à arborer ses décorations pour que Goering puisse les lui arracher. Là, les pelotons d’exécution sont composés d’hommes de la Leibstandarte, les S.S. de Sepp Dietrich, les camarades de ceux qui ont exécuté les officiers S.A. à la prison de Stadelheim à Munich. Là, les salves se succèdent à partir du début de l’après-midi et l’on entend des cris, parfois un Heil Hitler ! Un condamné ne comprend pas pourquoi il meurt et lance un salut à celui en qui il a cru et croit encore. Ce sera le cas de Karl Ernst.


Sur l’aéroport de Tempelhof, alors qu’ils attendent toujours l’avion du Führer, les officiels voient se poser en bout de piste un Junkers monomoteur. L’avion roule lentement vers la tour de contrôle. Dès qu’il est immobilisé, l’Hauptsturmführer Gildisch saute à terre, puis encadré par deux S.S., c’est au tour de l’Obergruppenführer S.A. Karl Ernst. Ils arrivent de Brème. Ernst paraît toujours confiant. « Le gaillard semble être de très bonne humeur, note Gisevius. Il passe en sautillant de l’avion à l’auto. Il sourit de tous côtés comme s’il voulait montrer à tout le monde qu’il ne prend pas son arrestation au sérieux ». Sans doute n’a-t-il pas encore compris ce qui se passe réellement. Il va mourir à Lichterfelde, criant sa confiance en Hitler, victime d’il ne sait quel complot persuadé probablement de mourir pour le Führer.

C’est peu de temps après l’arrivée d’Ernst qu’apparaît l’appareil de Hitler. Il s’agit du même gros trimoteur avec lequel il a accompli le voyage de Bonn-Hangelar à Munich. Le Junkers survole lentement le terrain, s’éloigne et enfin revient se poser, roulant jusqu’à s’arrêter non loin de la garde d’honneur S.S.

Le moment est exceptionnel : voilà des jours que le Führer fuyait Berlin. Maintenant le voici de retour, ayant frappé à coup sûr : tout le monde le guette. Gisevius a longtemps été marqué par cette arrivée et les détails sont restés gravés dans sa mémoire.


« BRAVO ! ADOLF. »

Goering, Himmler, et les autres personnalités s’avançant vers l’avion, Hitler paraissant le premier, les claquements de talons, les saluts, puis derrière lui Brückner, Schaub, Sepp Dietrich, et enfin affichant son sourire sinistre, Goebbels. Hitler semble marcher « péniblement, à pas lourds, d’une flaque à l’autre, on a à tout instant l’impression qu’il va s’enfoncer... Tout est sombre sur sa personne, chemise brune, cravate noire, manteau de cuir, hautes bottes d’ordonnance. La tête nue, le visage blanc comme un linge, mal rasé, les traits à la fois creusés et bouffis, les yeux éteints au regard fixe, à moitié dissimulés sous les mèches pendantes ». Et Gisevius ajoute « pour être tout à fait franc il m’inspire une sorte de dégoût ».


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