Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Pourtant fallait-il déjà choisir ? Roehm était toujours une force : Hitler lui-même n’agissait-il pas avec prudence ? Lettre personnelle, tutoiement et à l’occasion de la promulgation le 1er décembre 1933, de la loi d’union du Parti et de l’État, entrée de Roehm dans le gouvernement du Reich avec son titre de chef d’État-major des S.A. La partie n’était donc pas jouée. Pourtant, pourtant, en même temps que Roehm, Hess, ce personnage curieux au visage asymétrique qui avait servi de secrétaire à Hitler au temps où celui-ci incarcéré dans la forteresse de Landsberg écrivait Mein Kampf, Hess, au regard d’illuminé et de fanatique, est lui aussi entré au ministère comme chef de cabinet du Führer, son représentant personnel. Rudolf Hess, qui a donc la confiance totale du Chancelier, est devenu le deuxième personnage du Parti après Hitler.

Or, Rudolf Hess prend lui aussi position contre les méthodes chères aux S.A. :    « Chaque national-socialiste doit savoir, martèle-t-il, que le fait de brutaliser les adversaires prouve une mentalité judéo-bolchevique et représente une attitude indigne du national-socialisme ». Que pouvait penser un Karl Ernst d’une pareille phrase ? Lui, l’Obergruppenführer qui riait devant les visages martyrisés des prisonniers ?

Naturellement la « correction » que Rudolf Hess demande, il ne faut pas la prendre au pied de la lettre. Joseph Goebbels comprend parfaitement qu’elle n’est qu’une façon, la plus payante, de se séparer des S.A., de les obliger à se plier à la discipline du gouvernement nazi, d’exiger, même dans la brutalité, l’ordre et l’organisation méthodique comme savent déjà le faire la Gestapo et les S.S.

Dès lors les avertissements aux S.A. se multiplient, de plus en plus clairs. Joseph Goebbels, lui, ne donne pas de la voix dans le choeur des partisans de l’ordre. Il attend, il note les prises de position : il comprend. Goering licencie les policiers auxiliaires S.A. et proclame : « A partir du moment où selon les paroles du Führer et chancelier de l’État national-socialiste, la révolution est terminée et que la reconstruction nationale-socialiste, a commencé, tous les actes non conformes à la législation pénale, quels qu’en soient les auteurs, seront réprimés sans la moindre indulgence ».

Frick, ministre de l’Intérieur du Reich, est encore plus précis : « La tâche la plus importante du gouvernement du Reich, écrit-il, est maintenant de consolider idéologiquement et économiquement le pouvoir absolu concentré entre ses mains. Or, cette tâche est sérieusement compromise si l’on continue de parler d’une suite à donner à la révolution ou d’une deuxième révolution ». Les S.A. sont une fois de plus directement visés et Frick conclut, menaçant : « Celui qui parle encore en ces termes doit bien se mettre dans la tête que de cette manière il s’insurge contre le Führer lui-même et qu’il sera traité en conséquence ». C’était le 11 juillet 1933.

Les mois passent et les plaintes se précisent Goebbels suit la progression des assauts insidieux ou directs que la vieille bureaucratie allemande ralliée au national-socialisme ou le Parti et ses puissants dirigeants (Goering, Hess) mènent au nom de l’ordre contre les Sections d’Assaut et donc contre leur chef.

Frick, le 6 octobre, relève que des délits de droit commun, perpétrés par des S.A. ont bénéficié d’un non-lieu. Et le ministre de l’Intérieur du Reich poursuit : « Le service de l’administration d’État nationale-socialiste et de la police ne doit plus être gêné d’aucune façon par les interventions inadmissibles des S.A. Les actes répréhensibles commis par des membres des S.A. devront faire l’objet de poursuites énergiques. » Goebbels sait lire un communiqué : celui-ci signifie que les S.A. doivent rentrer dans le rang. Quelques mois plus tard, le 22 février 1934, alors que Roehm est devenu ministre, Hess, dans le Völkischer Beobachter, lance un nouvel avertissement : « Tout S.A. de même que tout dirigeant politique ou dirigeant des Jeunesses hitlériennes n’est qu’un combattant au sein du parti... Il n’y a, ni à l’heure actuelle ni dans l’avenir, aucune raison de mener une existence propre. »

Roehm et les Sections d’Assaut doivent plier. Ils peuvent répéter : « Écoutez bien, hommes du passé, Vous n’insulterez plus longtemps les Alte Kämpfer. » leur marge de manoeuvre se rétrécit. Et Goebbels les voit se débattre. Il se tait encore, mais il est bien placé, à Berlin, dans le Parti et dans le gouvernement pour savoir ce qui se trame. Il est d’ailleurs en contact avec Ernst Roehm, il l’écoute, attentif à guetter dans les paroles du chef d’État-major ce qui peut dévoiler ses intentions. Roehm est là, en face de lui. « Il faut, dit-il, faire de l’Allemagne, ein totaler S.A.-Staat. » Il s’obstine donc.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Аламут (ЛП)
Аламут (ЛП)

"При самом близоруком прочтении "Аламута", - пишет переводчик Майкл Биггинс в своем послесловии к этому изданию, - могут укрепиться некоторые стереотипные представления о Ближнем Востоке как об исключительном доме фанатиков и беспрекословных фундаменталистов... Но внимательные читатели должны уходить от "Аламута" совсем с другим ощущением".   Публикуя эту книгу, мы стремимся разрушить ненавистные стереотипы, а не укрепить их. Что мы отмечаем в "Аламуте", так это то, как автор показывает, что любой идеологией может манипулировать харизматичный лидер и превращать индивидуальные убеждения в фанатизм. Аламут можно рассматривать как аргумент против систем верований, которые лишают человека способности действовать и мыслить нравственно. Основные выводы из истории Хасана ибн Саббаха заключаются не в том, что ислам или религия по своей сути предрасполагают к терроризму, а в том, что любая идеология, будь то религиозная, националистическая или иная, может быть использована в драматических и опасных целях. Действительно, "Аламут" был написан в ответ на европейский политический климат 1938 года, когда на континенте набирали силу тоталитарные силы.   Мы надеемся, что мысли, убеждения и мотивы этих персонажей не воспринимаются как представление ислама или как доказательство того, что ислам потворствует насилию или террористам-самоубийцам. Доктрины, представленные в этой книге, включая высший девиз исмаилитов "Ничто не истинно, все дозволено", не соответствуют убеждениям большинства мусульман на протяжении веков, а скорее относительно небольшой секты.   Именно в таком духе мы предлагаем вам наше издание этой книги. Мы надеемся, что вы прочтете и оцените ее по достоинству.    

Владимир Бартол

Проза / Историческая проза