Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Quelques heures plus tard, un homme au visage balafré, sera abattu dans une cellule voisine portant le n° 474, par deux S.S. C’est Ernst Roehm, ministre du Reich, l’un des fondateurs du parti nazi, chef d’État-major de la S.A. A Berlin, des tueurs assassinent le général Schleicher, ancien chancelier du Reich et sa femme. Ils abattent son adjoint au ministère de la Guerre, le général Bredow, ancien chef du Ministeramt, et un tueur solitaire liquide d’une balle dans le dos, dans son bureau du ministère des Transports, le Ministerialdirektor Klausener.

LA FIN D’UNE SEMAINE D’ETE

D’autres, beaucoup d’autres tombent : Jung, secrétaire particulier de Franz von Papen, vice-chancelier du Reich ; Gregor Strasser compagnon de Hitler depuis les premiers jours. Tous, illustres ou modestes, fusillés ou abattus entre le samedi 30 juin 1934 et le lundi 2 juillet durant cette longue nuit de l’histoire allemande, la Nuit des longs couteaux où tombent des hommes qui paraissaient les plus nazis parmi les nazis, les plus proches alliés de Hitler, ses camarades – Strasser, Roehm – ou ceux qui semblaient les mieux protégés, les généraux Schleicher et Bredow.

Et le IIIeme Reich, le monde entier, surpris, ignorant les détails et le nombre des victimes s’interrogent, manquant d’informations précises, formulant les hypothèses les plus contradictoires. C’est que la mort nazie a frappé comme tant de fois elle le fera encore, à la fin d’une semaine, quand dans les capitales les responsables sont loin des ministères vides où ne demeurent que quelques fonctionnaires subalternes chargés d’expédier les affaires courantes, qu’il faut des heures pour trouver telle ou telle personnalité en promenade ; la mort nazie frappe en ces fins de semaine du printemps et de l’été quand les rédacteurs en chef dorment tranquillement sur leurs éditions dominicales déjà bouclées puisqu’il ne peut rien se passer d’important ; quand les villes sont désertées, que la vie publique est suspendue, la garde relâchée. Alors frappe la mort nazie comme un éclair inattendu.

Il fait si beau, si chaud sur toute l’Europe en ce samedi 30 juin 1934 et ce dimanche 1er juillet A Nogent, c’est dans le miroitement du fleuve, les canoteurs et les grappes de danseurs, la foule de la grande foire joyeuse de l’été. Autour de Londres et dans ses parcs, l’herbe est drue et elle n’est pas humide : on y court pieds nus, on s’y allonge.

Sur les grèves des lacs berlinois, la foule est dense : femmes aux corps lourds, enfants blonds. L’oriflamme nazie flotte au mât des plages dans la brise tiède. À Berlin, ce samedi matin la radio annonce une température de 30°. Ce n’est que dans la soirée de samedi et surtout le dimanche que l’on apprend que des salves de peloton, des coups de revolver, ont sèchement claqué, décimant les rangs de la Sturmabteilung, l’armée des Sections d’Assaut.

Pourtant le dimanche 1er juillet, dans l’après-midi, Berlin est toujours calme : promeneurs, consommateurs dans les cafés sont aussi nombreux que les autres dimanches. Sur Unter den Linden, c’est l’aller et retour des couples renouvelés. Au Kranzler, le célèbre café, il est impossible de trouver une table : c’est un dimanche d’été. La bière blanche berlinoise, teintée de sirop de framboise, coule à flots.

Presque trop d’indifférence. Les journaux du soir annoncent discrètement quelques décès. Des camions chargés de Schutzstaffeln, les S.S. noirs, passent. Mais personne ne commente ou ne cherche à savoir. Le Führer Adolf Hitler donne une garden-party très élégante dans les jardins de la Chancellerie du Reich. Tout va bien.

Anxieux, aux aguets dans ce calme apparent, les journalistes et les diplomates étrangers cherchent à savoir, à comprendre. Les interrogations affluent venant de leurs rédactions et des ministères. Combien de morts ? Qui ? Pourquoi ? On demande si X ou Y, ancien chancelier, fait ou ne fait pas partie des victimes. L’émotion, la surprise, l’indignation s’expriment ouvertement André François-Poncet l’ambassadeur de France, a dîné, il y a peu avec le capitaine Roehm, chef d’État-major des S.A., mais François-Poncet est en vacances à Paris et il ne peut donner au ministère des Affaires étrangères que son impression sur ce Munichois de 57 ans qui est entré au Parti en même temps que Hitler et a aidé le futur chancelier dans ses premiers pas politiques.

« Je n’avais aucune idée des manoeuvres de Roehm, raconte François-Poncet. Je ne me doutais pas de l’acuité qu’avait revêtue son conflit avec Hitler. J’avais toujours éprouvé à son égard une extrême répugnance et l’avais évité autant que j’avais pu, malgré le rôle éminent qu’il jouait dans le IIIeme Reich. Le chef du protocole, von Bassewitz, me l’avait reproché et, sur ses instances, je n’avais pas refusé de le rencontrer à une soirée. L’entrevue avait été peu cordiale et l’entretien sans intérêt{1} ». Mais Roehm a été abattu.

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