Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Torses nus, pelle sur l’épaule, avançant comme des régiments, les volontaires du travail paradent et la pelle, sur ces épaules, devient une arme. Dans la banlieue de Berlin, à Tempelhof, Hitler parle devant 100 000 personnes qui crient leurs Heil Hitler devenus traditionnels. Ailleurs, sur des estrades ou sur l’herbe des clairières, alors qu’une pluie fine commence à tomber, des milliers de jeunes gens, avec ensemble, s’affrontent dans une escrime étrange où les épées sont remplacées par des troncs d’arbre de deux mètres de long. Partout le régime nazi démontre la puissance de son emprise sur la jeunesse, l’État nazi paraît bien « exister ».

Et pourtant dans les jours qui précèdent ces manifestations du 1er mai, aux S.A. qui paradent à Iéna, le S.A.- Gruppenführer Lasch dit que « la révolution du national-socialisme n’est pas encore terminée. Elle prendra fin seulement le jour où l’État S.A. sera formé ». À la tribune se trouve, à côté du Gauleiter Sauckel, Maximiliam von Weichs ; c’est un officier de la Reichswehr, très hostile aux S.A. Il se penche vers Sauckel : « Qu’est-ce que l’État S.A. ? » demande-t-il. Le Gauleiter hausse les épaules. Le lendemain, un S.A. Brigadeführer qui hurle en état d’ivresse dans les rues d’Iéna est arrêté et Sauckel refuse de le faire libérer. Le Gauleiter Sauckel appartient pourtant à la S.A., mais ses fonctions ont fait de lui un homme du gouvernement et de l’ordre. Quand Roehm veut réunir un tribunal d’honneur de la Sturmabteilung pour y faire comparaître Sauckel celui-ci refuse de se présenter, arguant des ordres reçus. En Thuringe, le 1er mai, la S.A. ne prendra pas part aux cérémonies du Jour National du Travail.

À nouveau, les forces se sont heurtées et quand Goebbels s’adresse à la nation allemande, le 4 mai, peut-être est-ce aussi aux S.A. qu’il pense. « Les délégués de la propagande du parti, lance-t-il, ont décidé de mener une campagne énergique contre les critiqueurs professionnels et les propagateurs de fausses nouvelles, contre les provocateurs et les saboteurs. Il apparaît en effet que ceux-ci n’ont pas perdu tout espoir de détruire l’oeuvre constructive du national-socialisme ». Puis c’est tout un programme d’action que Goebbels fait surgir. La voix est nasillarde, dure : « Du début du mois de mai, continue-t-il, au 30 juin, des réunions, des démonstrations et des manifestations quotidiennes auront lieu en ce sens. Elles mettront en garde le peuple allemand contre ce bas dénigrement, véritable fléau pour le pays. Il faut que ce fléau disparaisse pour toujours ». Et la menace vient, sans surprise : « Nous emploierons des méthodes éprouvées ».

HINDENBURG ET FRANZ VON PAPEN

Quelques jours plus tard, un cortège officiel s’arrête devant la gare centrale de Berlin. La garde rend les honneurs. Appuyé sur von Papen, le Feldmarschall Hindenburg s’apprête à partir pour son domaine de Neudeck.

Il aime cette vieille terre de Prusse-Orientale qui se confond avec le ciel gris sombre. Neudeck, c’est son domaine seigneurial, le contact avec ce sol foulé par les légions teutoniques. Mais de génération en génération la propriété familiale s’était réduite, parce que les officiers pauvres avaient dû vendre. Dans toute la région, d’autres Junker, serviteurs de la Reichswehr, ont aussi vu leurs domaines fondre au gré de leurs besoins. Avec Hindenburg à la présidence ils ont voulu changer cela. En 1927, par souscription nationale, le domaine de Neudeck a été racheté et offert à Hindenburg pour son 80eme anniversaire. Le vieux maréchal a accepté cet acte symbolique sans se rendre compte peut-être que la camarilla de Junker qui l’entourait espérait ainsi le « tenir », l’associer à ses projets. Effectivement, la loi dite « secours à l’Est » (Osthilfe) les comble : ils vont bénéficier de larges subventions, d’exemptions d’impôts, de passe-droits. Et le domaine de Neudeck lui-même a été attribué à Oskar Hindenburg pour qu’à la mort du maréchal il n’y ait pas de droits de succession à payer. Von Papen qui est là, aux côtés de Hindenburg sur le quai de la gare de Berlin, a joué de cette passion du Feldmarschall pour Neudeck. On murmure qu’il a ruiné dans le coeur du président, son rival, le général von Schleicher en affirmant que celui-ci allait révéler les secrets de Neudeck. Et c’est peut-être sur son conseil que Hitler, en août 1933, a fait ajouter sans taxe 2 000 hectares au domaine.

Aussi Franz von Papen, officier de cavalerie, ancien attaché militaire aux États unis pendant la Grande Guerre et organisateur de sabotages, membre du Club des Seigneurs, conservateur et catholique est-il bien en cour. Hindenburg se penche vers lui avant de monter dans le train : « Les choses vont très mal Papen, dit-il. Faites de votre mieux pour redresser la situation. » Papen relatant, plus tard, ce qui s’est passé ce jour-là, ajoutera : « Aujourd’hui encore, je me souviens de sa dernière phrase prononcée de sa voix profonde et impressionnante. »

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