Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Le 4 avril au matin, c’est à bord du croiseur de poche Deutschland, le branle-bas qui précède l’appareillage. Sur le pont, les marins au béret noir dont les deux rubans flottent dans l’air salé, courent au sifflet. L’ancre est remontée lentement, le Deutschland, énorme masse grise battant pavillon de la Kriegsmarine, quitte Wilhelmshaven et la baie de Jade ridée par le vent. Il descend lentement vers la mer du Nord, passant devant Brunsbuttellt et Holtenau ; les jeunes filles d’un pensionnat agitent des foulards, sur la rive une fanfare joue des airs martiaux. Le navire doit se diriger vers Kiel où embarqueront, à l’occasion des grandes manoeuvres de printemps, les principaux chefs du IIIeme Reich. Pendant tout le trajet, l’équipage est soumis à un rythme d’enfer. On repeint une partie des superstructures ; les ordres d’alerte, les simulacres de branle-bas de combat se succèdent. Le 9 avril, le Deutschland entre dans le port de Kiel, salué par les sirènes des destroyers et des petits chalutiers noirauds et ventrus qui fendent les eaux verdâtres du célèbre port de guerre. L’équipage est consigné à bord. C’est le lendemain, 10 avril, que Hitler arrive à Kiel par avion, son trimoteur habituel. Une unité de la Kriegsmarine a rendu les honneurs, puis le Chancelier accompagné de l’amiral Raeder, des généraux von Blomberg et von Fritsch a gagné le Deutschland.

Hitler est radieux : quand il parait à la coupée, les sifflets stridents des quartiers-maîtres modulent leurs notes aiguës. Les mouettes tournoient et le chancelier découvre l’ordre fascinant et efficace d’un grand navire de guerre. L’appareillage a lieu le 11 avril, Hitler assiste aux manoeuvres. Ici, c’est le monde de la technique militaire la plus perfectionnée qu’il peut voir à l’oeuvre. Ici, les professionnels de la guerre, formés dans les dures écoles navales, les hommes qui savent dompter et plier la machine pour en faire un instrument de guerre, sont rois. Ici ne peuvent pas gouverner les S.A. avinés, débauchés, ou anormalement turbulents et indisciplinés. Ici la guerre est une affaire de science et de précision. Hitler observe. Entouré de Raeder, de Blomberg et de von Fritsch, il arpente le pont. Lui qui a dit devant les officiers de la Reichswehr, dès février 1934 : « C’est ma ferme décision que l’armée allemande de l’avenir soit une armée motorisée. Quiconque essaiera de m’opposer des obstacles dans l’accomplissement de ma tâche historique de donner à la nation allemande les moyens de se défendre, je l’écraserai », il ne peut qu’être sensible à cette machine aux rouages parfaitement réglés qu’est le Deutschland.

Le croiseur navigue à une vitesse moyenne dans le Grand Belt, puis devant Laaland. À 6 heures du matin, on passe devant Skagen ; au loin, dans la brume qui se lève, on aperçoit le bateau-bouée. Puis, le croiseur met cap au nord et remonte la côte norvégienne ; la neige tombe sur la mer grise.

Hitler et Blomberg se sont réunis : ils décident d’avertir Raeder et Fritsch des nouvelles concernant la santé du Reichspräsident. L’amiral et le général sont en effet les chefs de la marine et de l’armée. Puis Hitler et Blomberg s’isolent dans la large cabine du commandant. Il continue de neiger. La côte au loin n’est qu’une barre haute et foncée comme une grande vague qui déferlerait, Hitler et Blomberg ont parlé longuement. Peut-être ont-ils conclu ce pacte du Deutschland qu’on a souvent évoqué depuis : en échange du soutien de Blomberg et de l’armée pour la succession de Hindenburg, Hitler confirme son engagement de limiter une fois pour toutes les ambitions de Roehm et des S.A. La Sturmabteilung ne concurrencera jamais la Reichswehr seule responsable de la défense du Reich.

Personne ne sait ce que Hitler et Blomberg se sont dit réellement, mais tout laisse penser que les deux hommes se sont entendus sinon sur le détail des moyens à employer pour réduire les S.A. et faire de Hitler le successeur de Hindenburg, du moins sur les principes. Pour le Führer c’est l’essentiel.

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