Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Des groupes se forment les conversations sont âpres, les jurons sifflent. L’Obergruppenführer Lutze se tait, il ne conteste pas les propos de Roehm, il se confond, silencieux, avec les autres, il n’est que l’un des chefs S.A., le plus anodin. Pourtant, quelques jours plus tard il rend compte à Rudolf Hess, la deuxième personnalité du parti, et sur son conseil il se rend auprès de Hitler dans son chalet de Berchtesgaden. Mais le Führer s’est contenté de dire : « Il faut laisser mûrir l’affaire. » Et l’Obergruppenführer, étonné de cette modération, a demandé conseil au général von Reichenau.

Mais le Führer n’a pas oublié. Le 29 juin 1934, c’est Lutze qui est convoqué à Godesberg ; il se trouve devant un Hitler nerveux qui lui demande s’il peut avoir confiance en lui.

5

VENDREDI 29 JUIN 1934

Godesberg. Hôtel Dreesen. Vers 23 heures.

Hitler, depuis un long moment, parle avec Lutze. Il le questionne sur la réunion de Wiessee, s’assure que rien d’autre qu’une rencontre entre les chefs S.A. et lui-même n’était prévu. Voilà plusieurs fois que Viktor Lutze avec d’autres mots répète et assure son Führer de sa fidélité. Goebbels s’est approché : il approuve Lutze, montre par toute son attitude que lui aussi, toujours, n’a jamais eu à l’esprit que le service du Führer. Otto Dietrich, le chef du service de presse de Hitler, arpente la terrasse avec Brückner ; l’un ou l’autre des deux hommes fait la liaison avec le téléphone, surveille le perron de l’hôtel devant lequel s’arrêtent les motocyclistes ou les voitures envoyées depuis l’aéroport de Hangelar.

Peu après 23 heures, alors que la fanfare du R.A.D. attaque une nouvelle marche militaire, Brückner et Dietrich s’approchent de Hitler. Ils lui tendent un message qui est arrivé de Berlin à Hangelar par voie aérienne. La fanfare n’a pas permis d’entendre le moteur de la voiture qui vient de l’apporter. Le message est de Goering. Hitler le lit, puis le tend à Goebbels. Le texte est court : Goering a appris, il y a quelques heures, que le docteur Sauerbruch, l’un des plus célèbres médecins berlinois, vient d’être appelé au chevet du président Hindenburg, dans sa propriété de Neudeck. Hitler ne commente pas le message, il le pose sur la table, le lissant du bout des doigts, puis il regarde devant lui, immobile, la joue et la paupière parfois agitées d’un tic nerveux qu’il ne peut réprimer dans les périodes de grande tension. Comme lui, Goebbels se tait.

Peut-être est-ce l’instant attendu depuis des mois, celui où Hitler va devoir une nouvelle fois saisir la chance, celui qui verra s’écrouler la statue de bronze de Hindenburg frappée par la mort.

LA CROISIÈRE DU DEUTSCHLAND

Car la mort tournoie autour du vieux Reichspräsident depuis le printemps de 1934. Le combattant de Sadowa et de Sedan, qui paraissait défier le temps, a alors commencé à perdre la mémoire, ses absences devenant nombreuses. Au début d’avril, les médecins qui le soignent avertissent ses proches. Dans l’ombre du Maréchal vivent son fils, le colonel Oskar von Hindenburg, un quinquagénaire médiocre et ambitieux qu’ont étouffé la gloire et l’autorité paternelles, des conseillers comme ce vieux chambellan von Oldenburg, cynique et blasé, et qui répète sa devise favorite :  « Les mangeoires ne changent pas, seuls les veaux qui passent devant changent. » Il y a aussi Meissner, le secrétaire général à la présidence, corpulent, le visage quelconque, rond ; Meissner dissimule sous son regard doux et vague de myope, la ferme intention de demeurer à son poste même après la mort de Hindenburg. Tous ces hommes qui survivront au Maréchal veulent préserver leur avenir ; ils peuvent monnayer leur influence tant que Hindenburg est vivant. Après, que seront-ils ?

Dès qu’ils apprennent que la santé de Hindenburg faiblit, ils préviennent le général von Blomberg et le Chancelier Hitler, les deux hommes qui représentent les deux forces du moment, c’est leur devoir et leur intérêt.

Avril 1934 : le général et le Chancelier sont les deux seules personnalités dépositaires du secret qui peut bouleverser l’avenir de l’Allemagne et Blomberg et Hitler ont décidé de se rencontrer.

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