Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Le 25 mai, von Fritsch fait publier, à l’usage de tous les membres de la Reichswehr une nouvelle version des Devoirs du Soldat allemand. C’est le bréviaire de l’armée, son code de l’honneur, que les jeunes conscrits doivent jurer de respecter.

« Le service militaire est un service d’honneur envers le Volk allemand », dit le nouveau texte en lieu et place de l’affirmation que la Reichswehr servait l’État Volk : après les aigles et les croix gammées qu’arborent les soldats, c’est une nouvelle référence aux thèmes nazis qui est introduite dans la Reichswehr. La réunion de Bad Nauheim n’a mis que quelques jours à porter ses fruits.

À peu près à la même époque, toujours à la fin de ce mois de mai 1934, à l’occasion de rencontres discrètes, de promenades dans la campagne berlinoise, de dîners entre intimes, deux hommes de premier plan sont avertis d’avoir à être très prudents. Ce sont les deux anciens chanceliers Brüning et le général Schleicher. Les informateurs disent tenir leurs renseignements de l’entourage de Goering. Certains laissent entendre que Goering lui-même ne serait pas étranger à ces fuites. De façon imprécise, mais néanmoins formelle, on leur révèle ainsi l’existence de listes prêtes pour une « purge » dont on ne sait trop quelle forme elle prendra. Et leurs noms figurent parmi les victimes éventuelles. Il leur faudrait quitter Berlin. Brüning qui a su voir ce qu’était le nazisme n’hésite pas. Il réussit facilement – sous un déguisement – à gagner l’étranger. Le général Schleicher hausse les épaules. Des camarades insistent : il consent à prendre quelques vacances au bord du lac de Starnberg, mais il n’est pas question qu’un officier de la Reichswehr abandonne son pays. D’ailleurs il ne croit pas à la gravité de la menace. Il a toujours confiance dans son habileté et dans la protection que lui assurerait sa qualité de général de la Reichswehr. Il ne semble pas comprendre que celle-ci n’a qu’une seule obsession : se débarrasser de la menace S.A.

L’attaché militaire français en est, lui, persuadé. Par nécessité, il entretient des relations amicales avec des officiers allemands. Il rencontre l’un d’eux à la Bendlerstrasse et celui-ci, au terme d’une longue conversation, lui déclare : « Voyez-vous, je suis intimement convaincu qu’un conflit sanglant est inévitable et peut-être nécessaire entre l’armée allemande et les S.A. » Le général français s’étonne et l’officier allemand ajoute alors : « Ce qui ne pourra être imposé à ces derniers par le seul moyen de la persuasion devra l’être sans doute par la force. »

Or, Hitler, par les rapports de Heydrich, apprend que la S.A. se procurerait des armes – des mitrailleuses notamment – à l’étranger. Le Führer est sceptique. Mais Heydrich et Himmler insistent : ils ont un homme dans la place. Le Gruppenführer S.S. Friedrich Wilhelm Krüger qui est en fonction à la S.A. Ce Krüger est lui aussi un ancien de l’École des Cadets.

Il a quitté l’armée en 1920, mais il est entré aux S.S. en 1931. À la S.A. il est chargé de questions d’instruction des jeunes recrues, façon pour la Reichswehr d’assurer, malgré le traité de Versailles, une préparation militaire d’ampleur nationale. Krüger fait donc la liaison entre la Reichswehr et la S.A. : très vite il est plus militaire que les militaires, dénigrant la S.A., affirmant que « l’État-major S.A. à Munich est une porcherie » ou bien « qu’il faut nettoyer les écuries ». Il joue aussi le rôle d’espion de Himmler et son but est sans doute pour le compte du Reichsführer S.S., d’envenimer les relations des S.A. avec la Reichswehr. Dans ses rapports, que Heydrich montre au Führer, il est question de dépôts d’armes S.A. à Berlin, à Munich, en Silésie. Hitler est toujours sceptique. Alors Heydrich donne des détails : les armes proviennent de Liège et sont déclarées comme fret pour l’Arabie. Le chef du S.D. est d’autant mieux renseigné que la S.A., si elle achète les armes, le fait souvent pour le compte de la... Reichswehr avec l’argent et les moyens du service de renseignement de l’armée, l’Abwehr. Provocations, pièges, habiletés, fausses informations : il faut perdre la S.A. et décider Hitler à agir. Une opération est montée. Un agent, habillé en civil, sur le quai de la gare marchande de Berlin, renverse une caisse qui tombe et se brise : tout le monde peut apercevoir des mitrailleuses démontées. La caisse était destinée au chef S.A. Ernst. Autre révélation : le commandant de la région militaire de Stettin, le général von Bock, a saisi – lui aussi et par hasard – une de ces livraisons composées de fusils et de mitrailleuses belges. Sur le bureau de Hitler les rapports du S.D. et de l’Abwehr convergent. Les preuves sont là, irréfutables.

Autour des S.A. et de Roehm, le piège s’est refermé. Les listes sont prêtes. On pourra aussi se débarrasser de quelques opposants plus ou moins turbulents. Heydrich, Himmler, Goering ont tous quelques comptes à régler. Il faut pourtant attendre le verdict du Führer.

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