Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Une voiture attend le Fuhrer sur l’aéroport de Leipzig : Il est tôt, à peine 10 h 30, quand Hitler traverse la grande cité industrielle et commerçante. Il n’y a presque personne dans les rues. Les travailleurs, le dimanche matin, restent chez eux. Par la vallée de l’Elster, les voitures s’enfoncent vers le sud, vers Géra, ses usines textiles et métallurgiques. Depuis les premières heures de la matinée, des cars ont conduit les formations de la S.A., de la S.S., des organisations de jeunesse vers la petite ville. Des milliers de personnes sont arrivées emplissant les rues de leurs chants, de leurs groupes joyeux qui déambulent en attendant l’heure des rassemblements. Sur les murs des maisons grises caractéristiques de cette région industrielle pendent les longues oriflammes du régime. Elles flottent, soulevées, gonflées par le vent printanier. À Géra, quand la voiture du Führer apparaît et s’arrête devant l’hôtel Victoria, situé près de la gare, les acclamations éclatent. Sauckel, le Gauleiter de Thuringe, accueille le Führer qui, après avoir salué la foule, entre dans l’hôtel où il va parler aux cadres du Parti. À 13 heures, Hitler apparaît à nouveau cependant que commence le défilé, grandiose pour une petite ville comme Géra. Goebbels, Ley sont là aux côtés du Führer. Ici, il y a quelques années, les « rouges » tenaient la rue, ici – et dans la région – on votait social-démocrate, ici, les S.A. ont subi de dures pertes dans des affrontements avec les ouvriers organisés et farouches. Mais maintenant – au moment où à Marburg Franz von Papen est félicité par le corps professoral et applaudi par les étudiants – maintenant ici, s’avancent avec à leur tête Sauckel, et sur neuf rangs, S.A., S.S., Hitler-Jugend, R.A.D. Motor-S.A. : 20 000 hommes représentant les organisations paramilitaires du Parti.

Il défilent au milieu des Heil Hitler, dans le martèlement sourd de leurs bottes, disant la détermination du nouveau régime de ne céder ni à Papen ni à un éventuel retour de la menace rouge. Il semble que toutes les forces nazies soient à nouveau unies en réponse au discours de Marburg qui vient à peine de s’achever, que le compromis souhaité par le Führer soit réalisé. Toutes les unités convergent vers la Schutzenplatz où plus de 70 000 personnes sont rassemblées. Des coups de canon annoncent l’arrivée du Führer et au milieu des acclamations retentissent les roulements de tambour de la Badenweiler Marsch.

Dans la foule personne n’imagine que cette mise en scène n’est pas la répétition, plus inattendue peut-être dans cette région industrielle, de l’un de ces meetings qui doivent endoctriner l’Allemagne, personne ne sait qu’elle est aussi réponse au vice-chancelier et démonstration de force contre les conservateurs, contre ceux qui grouillent autour de Papen et cherchent peut-être à renverser le nouveau régime.

Quatre heures de défilés, des centaines de cars, des cris, des dizaines de milliers d’hommes pour mesurer la popularité du Führer, grouper autour de lui toutes les forces du Parti, faire comprendre que rien sans lui ou contre lui n’est possible.

Pourtant même dans cette foule ignorante et enthousiaste, la voix dure du Führer, portant des menaces alors que le pays semble soumis et entraîné, étonne. Discours violent, que Hitler appuie de grands gestes des bras, un Hitler ruisselant de sueur et qui semble retrouver la violence vindicative et débridée des premières prises de parole exaltées dans les brasseries enfumées de Munich.

« Tous ces petits nains, s’écrie Hitler, qui s’imaginent avoir quelque chose à dire contre notre idée, seront balayés par la puissance de cette idée commune ». Des cris montent, des Heil, Sieg Heil ! « Car tous les nains oublient une chose, quelles que soient les critiques qu’ils croient pourvoir formuler : où est le mieux qui pourrait remplacer ce qui existe ? »

Poussé par la vague, Hitler multiplie les expressions ironiques. Les acclamations s’élèvent encore insultantes : « Ridicule, ce petit ver... qu’arriverait-il si ces petits rouspéteurs atteignaient leur but ? L’Allemagne se désintégrerait ». Et, lançant son bras la main fermée, Hitler, debout sur la pointe des pieds, s’écrie : « C’est le poing de la nation qui est serré et qui écrasera quiconque osera entreprendre la moindre tentative de sabotage ».

On crie, les fanfares se déchaînent : sur qui s’abattra ce poing que, le dimanche 17 juin, Hitler brandit d’abord contre son vice-chancelier, l’homme qui l’a aidé à atteindre le pouvoir, le gentleman-rider Franz von Papen, l’adversaire du capitaine Ernst Roehm ?

4

SAMEDI 30 JUIN 1934

Aéroport de Bonn-Hangelar : 1 heure 45

(du lundi 18 juin au jeudi 21 juin 1934)

L’AÉROPORT DE BONN-HANGELAR

Перейти на страницу:

Похожие книги

Аламут (ЛП)
Аламут (ЛП)

"При самом близоруком прочтении "Аламута", - пишет переводчик Майкл Биггинс в своем послесловии к этому изданию, - могут укрепиться некоторые стереотипные представления о Ближнем Востоке как об исключительном доме фанатиков и беспрекословных фундаменталистов... Но внимательные читатели должны уходить от "Аламута" совсем с другим ощущением".   Публикуя эту книгу, мы стремимся разрушить ненавистные стереотипы, а не укрепить их. Что мы отмечаем в "Аламуте", так это то, как автор показывает, что любой идеологией может манипулировать харизматичный лидер и превращать индивидуальные убеждения в фанатизм. Аламут можно рассматривать как аргумент против систем верований, которые лишают человека способности действовать и мыслить нравственно. Основные выводы из истории Хасана ибн Саббаха заключаются не в том, что ислам или религия по своей сути предрасполагают к терроризму, а в том, что любая идеология, будь то религиозная, националистическая или иная, может быть использована в драматических и опасных целях. Действительно, "Аламут" был написан в ответ на европейский политический климат 1938 года, когда на континенте набирали силу тоталитарные силы.   Мы надеемся, что мысли, убеждения и мотивы этих персонажей не воспринимаются как представление ислама или как доказательство того, что ислам потворствует насилию или террористам-самоубийцам. Доктрины, представленные в этой книге, включая высший девиз исмаилитов "Ничто не истинно, все дозволено", не соответствуют убеждениям большинства мусульман на протяжении веков, а скорее относительно небольшой секты.   Именно в таком духе мы предлагаем вам наше издание этой книги. Мы надеемся, что вы прочтете и оцените ее по достоинству.    

Владимир Бартол

Проза / Историческая проза