Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Samedi 30 juin, 2 h 30. Le bruit des moteurs dans le Junkers rend difficile toute conversation. Il faut crier pour se faire entendre, et Joseph Goebbels s’y essaie, parlant avec Lutze. Cela fait environ une demi-heure que l’appareil a quitté Bonn-Hangelar. Le ciel est clair. Hitler est dans la cabine aux côtés du pilote, le col de son manteau de cuir relevé, il est penché en avant et, Goebbels l’indiquera plus tard, « il a le regard fixé devant lui, il regarde sans mouvement l’obscurité infinie ». Le Führer se tait. De temps en temps, le pilote lui donne une indication, criant un nom de ville et montrant du doigt le damier irrégulier dessiné par les lumières clignotantes. On a ainsi aperçu Ems, Nassau, laissées sur la droite de l’appareil, vite disparues ; l’avion, progressivement, a pris de la hauteur et maintenant il survole la ligne de crête du Feldberg qui fait une barre plus sombre. Légèrement à droite, encore, on distingue, scintillant faiblement, le confluent du Main et du Rhin et, paraissant voisines, Wiesbaden et Mayence entourées d’un halo lumineux. Régulièrement, résonnant dans la cabine, la voix du technicien d’une station de contrôle de vol, donne des indications sur le temps au-dessus du Steigerwald, de la Frankenhöhe, ces hauteurs moyennes qui courent comme des nervures sur le sol de l’Allemagne. Sur toute la région, jusqu’à Munich, le ciel est clair : le pilote signale au Führer qu’il va obliquer plus nettement vers le sud-est, gagner directement Munich.

Il est 2 h 30. Tout le monde dort dans la pension Hanselbauer au bord du lac de Tegernsee. Dans l’une des petites chambres, Edmund Heines a passé son bras autour de l’épaule d’un jeune S.A. et l’attire contre lui, lui demandant de rester avec lui, de ne pas rejoindre les autres, de prolonger les gestes amoureux par cette promiscuité du sommeil commun, côte à côte. Il aura bien le temps, au petit matin, de quitter discrètement la chambre. Le jeune S.A. somnolent, s’endort.

À Kaufering, les ordres claquent Les S.S. de la Leibstandarte dans le bruit des bottes qui frappent le sol exécutent mécaniquement les gestes de la mise en rang : ils redeviennent à nouveau un seul groupe, chacun d’eux lié à son voisin, pièce d’une machine efficace, exécutants sélectionnés et dressés. Le Gruppenführer S.S. Sepp Dietrich vient d’arriver. Il parle d’une voix gutturale : obéir, les traîtres doivent être mis hors d’état de nuire quelles que soient leurs fonctions, leur passé. L’état-major S.A. est un nid de traîtres, de débauchés, nous de la S.S. Leibstandarte, nous allons nettoyer ce bourbier, défendre l’honneur de l’Allemagne et protéger le Führer. Heil Hitler, Heil ! Dans la nuit, les cris achèvent de souder les hommes les uns aux autres. Les camions s’avancent. Les deux compagnies de S.S. s’installent en silence. Entouré des officiers, les mains derrière le dos, les jambes écartées dans une attitude qui lui est familière, un sourire de satisfaction sur les lèvres, le Gruppenführer Sepp Dietrich surveille la scène. Il connaît la direction du convoi : pension Hanselbauer, Bad Wiessee, sur les bords du lac de Tegernsee.

LE DOCUMENT SECRET DU CAPITAINE PATZIG

Sepp Dietrich n’est pas qu’un exécutant : il est l’un des chefs S.S. sur qui se sont appuyés Himmler et Heydrich pour monter leur piège. Un piège qu’il faut perfectionner chaque jour parce qu’il est menacé par tous ces impondérables qui font que tant de conspirations politiques minutieusement préparées, paraissant bénéficier de tous les appuis, se sont effondrées comme château de cartes pour une confidence imprudente ou l’action inattendue d’un homme pris de scrupule.

Heydrich sait cela : c’est un méthodique. Quand Reichenau l’avertit que les généraux von Kleist et von Fritsch commencent à avoir des doutes sur la réalité du complot S.A., il réagit. Il faut accentuer les inquiétudes des officiers : leur montrer que les S.A. les menacent réellement. La Gestapo est déjà experte en matière de fabrication de documents.

Le mardi 26 juin, Sepp Dietrich se présente à la Bendlerstrasse, demande à voir un officier du cabinet du général Blomberg, et lui transmet un document confidentiel qu’il aurait obtenu d’un Führer de la S.A., révolté par le texte du plan. Blomberg quand il prendra connaissance quelques instants plus tard du document sera saisi de panique et de colère : l’état-major de la Sturmabteilung prévoit la liquidation, au cours du putsch, de tous les officiers supérieurs de la Reichswehr. Il faut purger l’armée de ces conservateurs bornés, dit le texte, les remplacer par des officiers révolutionnaires ; les généraux Beck et Fritsch sont nommément désignés comme devant figurer parmi les premières victimes.

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