Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Mais, durant toute la cérémonie solennelle, à laquelle assistent de nombreux officiers de la Reichswehr, Franz von Papen se montre distrait, inquiet. Son secrétaire particulier, à plusieurs reprises, lui remet de courts messages, des dépêches. Et le visage du vice-chancelier se crispe : il sourit aux jeunes époux, aux parents, mais on devine que son esprit est ailleurs. C’est que de Nuremberg à Cologne, les attaques contre lui se multiplient. Papen a trop pratiqué les milieux gouvernementaux et politiques pour ne pas sentir que l’atmosphère se tend en Allemagne, que les nazis – le pouvoir – se préparent à agir.

À Nuremberg, c’est Goering qui prend la parole. « Nous n’avons pas besoin de froide raison, il nous faut de l’ardeur » martèle-t-il. Son lourd visage empâté, où le dessin régulier des traits est enseveli sous la graisse pâle, est secoué tout entier par l’effort. De grands événements se préparent, dit-il, menaçant. « On verra bientôt que l’Allemagne diffamée est la plus grande des nations civilisées ». Papen médite ; quels sont ces grands événements ? On lui transmet un autre texte : Hess parle en ce moment même à la radio de Cologne et son discours est retransmis par tous les émetteurs d’Allemagne. Ce discours du deuxième personnage du Parti, un lundi, ne peut que surprendre. Pourquoi cette visite inopinée de Hess à Cologne, ces officiels rassemblés à la hâte sur le terrain d’aviation de Butzweilerhof, le Sturm S.A. qui rend les honneurs constitué en dernière minute et le Gauleiter Grohé, le Brigadeführer Hovel qu’on a retrouvés in extremis pour les conduire au champ d’aviation afin d’accueillir le ministre du Reich ? Celui-ci n’a qu’un seul but : se rendre à la maison de la radio et y prononcer un discours, puis repartir pour Berlin. Étrange procédé qui marque à la fois la détermination et l’improvisation, comme si une décision venait d’être prise qui mûrissait depuis longtemps et qu’il fallait immédiatement faire passer dans les actes, fût-ce un lundi, fût-ce sans aucune apparence de prétexte. Et le discours de Hess est violent, exalté, mais aussi imprécis, menaçant tout le monde, Papen et Roehm, répétant seulement : « Une seule personne est au-dessus de toute critique : le Führer. Chacun sait qu’il a toujours eu raison et qu’il aura toujours raison. Dans la fidélité aveugle, dans l’abandon total au Führer sans que jamais on ne demande le pourquoi des choses, dans l’exécution sans restriction de tous ses ordres, est la racine même de notre national-socialisme. Le Führer obéit à un appel, à une vocation plus haute. Il a la tâche de former les destins de l’Allemagne. » Hess attaque les « critiqueurs » puis il détache mot à mot les phrases qui sont autant de sombres avertissements. « Malheur à celui qui, chaussé de lourdes bottes, veut avec maladresse se glisser dans la trame subtile des plans stratégiques du Führer, s’imaginant parvenir au but plus rapidement. C’est un ennemi de la révolution. » Qui, sinon Roehm et ses S.A. impatients, peut être visé ? Et l’avertissement retentit encore : « Seuls les ordres du Führer à qui nous avons juré fidélité sont valables. Malheur à celui qui devient infidèle, malheur à celui qui croit pouvoir servir la révolution par une révolte ! »

Malheur sur celui-là ! Et qui d’autre que Roehm cette malédiction peut-elle viser ? Mais Franz von Papen demeure inquiet : il sait que les révolutions pratiquent souvent l’amalgame et que dans les charrettes qui cahotaient sur les pavés de Paris en 1794 on trouvait, côte à côte, destinés à la même guillotine, un ci-devant noble, officier de l’armée royale et un enragé ou un girondin, révolutionnaires rejetés ou dépassés. Pourquoi Hitler ne jetterait-il pas dans le panier de son, la tête de certains S.A. et celles de certains modérés, la tête du reître Roehm et la tête du gentlemen-rider Papen ?

Les radios de toutes les villes d’Allemagne reprennent le discours de Hess, les journaux l’impriment à la hâte sous le titre « Seul le Führer ordonne les révolutions ». Et pourtant les chefs S.A., à Bad Wiessee ne se sentent pas concernés. Hitler ne doit-il pas venir s’expliquer avec eux ? Que craindraient-ils de leur Führer ? Ailleurs dans les villes et les villages d’Allemagne c’est aussi la même passivité comme si la politique, les avertissements de Hess, répétés pourtant, ne concernaient que quelques groupes.

« IL EST TROP TARD MAINTENANT »

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