Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Des milliers d’hommes et de femmes sont là, serrés les uns contre les autres dans une chaleur accablante. Depuis le matin toute la ville est paralysée par les parades, les réceptions, en l’honneur du ministre du Reich. Il est arrivé à 13 h 20, dans un Junker rouge, qui a, à trois reprises, survolé le terrain d’aviation à basse altitude, puis s’est posé, roulant jusqu’au groupe des personnalités – le Gauleiter Grohé, le Regierungs- präsident Diels, le Landeshauptmann Hake, les Gruppenführer Weizel et Knickmann. Les saluts, l’amabilité de Goering envers son ancien collaborateur Diels, tout cela marque les premières minutes du séjour de Goering à Cologne. Les S.S. forment la haie devant la salle des séances de l’Hôtel de Ville : le Oberburgermeister, le docteur Reisen, offre à Goering le glaive celte, vieux de 3 000 ans. On déjeune dans la Muschel Sali (la salle des rocailles) avant le grand défilé devant l’Opéra : police, S.S., S.A., Motor-S.A., service du travail de la Jeunesse hitlérienne. Dans un ordre mécanique, portant des centaines de drapeaux à croix gammée, les hommes passent et le martèlement de leurs bottes sur l’asphalte gris couvre parfois les fanfares. Goering, sur la tribune, Goering déjà obèse, tourne son corps lourd à droite et à gauche, souriant d’aise, la vanité inscrite sur son visage et dans toute son attitude. Les S.A. défilent. Déjà c’était la Sturm d’honneur du S.A. Präsentiermarsch qui avait accueilli Goering sur le terrain d’aviation. Maintenant, les hommes aux chemises brunes passent devant la tribune ornée de branches de sapin : qui pourrait croire que c’est sur eux, sur cette Sturmabteilung que va se refermer le piège monté par les S.S., et aussi par Hermann Goering, qui les salue, martial et satisfait ?

Et le soir la foule est là, dans le hall de la foire, à écouter Goering, à l’acclamer, à se rassurer encore : « Personne, dit-il, que ce soit à l’étranger ou en Allemagne n’a le droit de construire des raisonnements selon lesquels, ici, en quelque sorte, quelque chose se passe sous un régime de terreur sanglante. » Et rien en effet ne semble refléter la « terreur sanglante », rien ne semble l’annoncer.

À quelques kilomètres de Cologne, à Essen, c’est aussi la fête. Jamais, de Berlin à Cologne, de Hambourg à Nuremberg ou à Essen, l’Allemagne n’a autant défilé, autant écouté de discours.

À Essen, depuis 21 heures, la Huyssenallee est interdite à la circulation : c’est un hommage rendu par la municipalité au Gauleiter Terboven qui se marie demain. Les nouveaux seigneurs font participer leur bon peuple à leurs joies intimes. Devant le Parkhotel, on a dressé un arc de triomphe et dans le balancement des flammes agitées par le vent le cortège des porteurs de torches avance vers cet arc de triomphe. Il suit la Holzstrasse, l’Adolf-Hitler-Strasse et les voici, ces milliers de jeunes gens, des fanfares, les mineurs en uniforme de parade, la Jeunesse hitlérienne, le S.A. Standarte 58, le corps de gendarmerie arrivant au pas de l’oie, d’autres régiments S.A. et puis, unité d’élite vers qui tous les regards se tournent le Sturmbann S.S. n° 1 séparé du reste du défilé par un grand espace et qui dans ses uniformes noirs, avec ses gants blancs, paraît sortir d’une création mythologique et maléfique, les voici ces milliers d’hommes qui passent devant l’estrade.

Le Gauleiter Terboven, à l’allure juvénile, se tient raide, près de sa fiancée, jolie, souriante, en robe longue à fleurs. Ils symbolisent les nouvelles élites, le nouveau régime et autour d’eux se presse la foule des officiels en uniforme : S.S., S.A., membres de la Reichswehr. De 22 h 10 à 23 h 15, les unités, impeccablement alignées passent et la population de Essen applaudit cette démonstration d’ordre et de force. Le régime du IIIeme Reich paraît à ces milliers de spectateurs comme un bloc, semblable à ce régiment de S.S. où la précision des pas, l’immobilité des visages et des épaules, rendent impossible la séparation d’un homme de l’ensemble. On ne voit que ce groupe noir qui avance, volume aux angles vifs, hérissé de fusils, recouvert d’acier, le Sturmbann S.S. n° 1, image du régime nouveau, force en marche qui, peu à peu, doit tout niveler, tout encadrer, tout contrôler. Goering à Cologne a répété que le IIIeme Reich n’est pas « le régime de la terreur sanglante », mais il a ajouté : « Chacun, ici, peut rester tranquillement couché sur son sofa, vraiment à celui-là, je ne ferai rien. » Mais aux autres ? Ceux qui veulent agir ou ont agi, quel sera leur sort ? Goering parle à Cologne en cette fin du mercredi 27 juin. Depuis l’aube de ce jour, le docteur Edgar Jung sait ce qu’il en coûte de ne pas « rester tranquillement couché sur son sofa ».

UN MARIAGE NAZI

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