Читаем La nuit des longs couteaux полностью

L’ATTITUDE DE LA REICHSWEHR.

Le repas de noce est solennel, Goering y prend la parole, des Sieg Heil sont lancés, puis le S.S. – Gruppenführer Zech, dans une courte allocution, tourné vers les S.A. déclare : « Je célèbre ici la vieille camaraderie, la bonne vieille camaraderie, entre S.S. et S.A., la camaraderie de combat qui unit les S.S. et les S.A. aux travailleurs manuels et intellectuels. »

Il est environ 16 h 30 le jeudi 28 juin. C’est exactement l’heure à laquelle le général Beck, chef du Truppenamt, rappelle à ses officiers qu’ils doivent avoir constamment une arme à portée de la main. Dans la cour de la Bendlerstrasse, des coups de sifflets retentissent, des soldats courent, se rangent rapidement devant le Hauptmann de service. Les faisceaux sont formés avec les fusils et les hommes montent dans la cour, en créneaux, des chevaux de frise. Des officiers qui rentrent de permission sont sévèrement contrôlés à l’entrée du ministère et, ahuris, regardent la cour de la Bendlerstrasse organisée comme pour soutenir un siège. On les avertit qu’ils sont consignés car la menace d’un putsch S.A. ou d’éléments communistes qui ont noyauté la Sturmabteilung est sérieuse. Le putsch serait imminent. De la Bendlerstrasse, par téléphone, les dernières directives partent pour les Etats-majors des différentes régions militaires. Elles sont précises :

1) avertir dans chaque caserne un officier sûr de la menace du putsch SA. ;

2) vérifier les consignes d’alerte ;

3) vérifier la garde des casernes ;

4) vérifier la garde des dépôts d’armes et de munitions ;

5) ne pas éveiller l’attention.

La dernière consigne étonne certains officiers : mais peut-être veut-on prendre les S.A. la main dans le sac ?

Cependant Ernst a regagné Berlin et il prépare ses bagages pour son voyage de noces : les noces d’Essen, la présence de Hitler, l’unité affirmée des S.S. et des S.A., comment tout cela n’aurait-il pas rassuré le S.A. – Gruppenführer ? Le congé de la Sturmabteilung commence le 1er juillet, dans deux jours : que peut-il se passer en quarante-huit heures alors que le Führer, loin de Berlin, honore une union de sa présence ou visite les usines Krupp ?

C’est vers 17 heures en effet, que Adolf Hitler, accompagné par Brückner, les Oberführer Dietrich et Schaub, est arrivé devant les bâtiments de la Firme. La haute cheminée de 69 mètres et de 9,50 m de diamètre à la base est couronnée d’un grand drapeau nazi. Dans le hall d’honneur du bâtiment administratif principal Krupp von Bohlen und Halbach et Mademoiselle Irmgard von Bohlen accueillent le Führer comme d’autres Krupp avaient accueilli les empereurs d’Allemagne et les rois allemands. Un éminent technicien fait au Führer les honneurs de l’usine : on visite la forge, les ateliers, les laminoirs, la fabrique de camions. Dans la pénombre fraîche ou brûlante, dans l’air chargé des odeurs fortes et âcres de l’acier en fusion, Hitler fasciné écoute à peine les indications. Il regarde ces jets d’or et de rouge qui jaillissent dans les creusets, ces lingots incandescents qui roulent et s’aplatissent sous la pression tonitruante des marteaux-pilons hauts comme deux étages. Ici, il puise sa force, ici est un empire, l’empire Krupp dont son empire à lui, le Reich, ne peut se passer. Krupp montre au Führer une plaque commémorative où on lit : « A la mémoire des camarades de l’entreprise qui, le 31 mars 1923, sont tombés sous les balles françaises à cet endroit ».

C’était le vendredi saint, les troupes françaises occupaient la Ruhr. Un de leurs détachements est entré dans l’usine en grève vers 9 heures du matin, là, dans le hall de montage des camions Krupp. Les ouvriers protestent, se groupent, deviennent menaçants. Vers 11 heures du matin, les Français tirent : on relèvera sur le sol gris couvert de poussière de charbon et d’éclats de métal 11 morts et 30 blessés graves. Les ouvriers, dit Krupp, exprimaient leur solidarité avec l’entreprise, avec l’Allemagne.

Hitler écoute : 1923, l’occupation de la Ruhr, c’était le temps des débuts quand, fouetté par l’action française, le nationalisme allemand se redressait vigoureusement et que le nazisme y puisait ses premières forces. Aujourd’hui, vingt-cinq ans après Versailles revoici le Reich debout et les usines Krupp puissantes. Autour du Führer les ouvriers se sont rassemblés et applaudissent. Puis, Hitler a un long entretien avec Krupp : peut-être le Führer de la sidérurgie allemande s’est-il, comme on l’a dit, plaint de l’activité des S.A., de leurs revendications, du désordre qu’ils font régner, de leurs appels incessants à une seconde révolution.

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