Читаем Le Collier de la Reine - Tome II полностью

– Je ne vous défends point de vous justifier, répliqua la reine avec dignité, mais ce que vous me diriez jetterait une ombre sur l’amour et le respect que j’ai pour mon pays et ma famille. Vous ne pouvez vous disculper qu’en me blessant, monsieur le cardinal. Mais tenez, ne touchons pas à ce feu mal éteint, peut-être il brûlerait encore vos doigts ou les miens; vous voir sous le nouveau jour qui vous a révélé à moi, obligeant, respectueux, dévoué…

– Dévoué jusqu’à la mort, interrompit le cardinal.

– À la bonne heure. Mais, fit Marie-Antoinette en souriant, jusqu’à présent, il ne s’agit que de la ruine. Vous me seriez dévoué jusqu’à la ruine, monsieur le cardinal? C’est fort beau, bien assez beau. Heureusement, j’y mets bon ordre. Vous vivrez et vous ne serez pas ruiné, à moins que, comme on le dit, vous ne vous ruiniez vous-même.

– Madame…

– Ce sont vos affaires. Toutefois, en amie, puisque nous voilà bons amis, je vous donnerai un conseil: soyez économe, c’est une vertu pastorale; le roi vous aimera mieux économe que prodigue.

– Je deviendrai avare pour plaire à Votre Majesté.

– Le roi, reprit la reine avec une nuance délicate, n’aime pas non plus les avares.

– Je deviendrai ce que Votre Majesté voudra, interrompit le cardinal avec une passion mal déguisée.

– Je vous disais donc, coupa brusquement la reine, que vous ne seriez pas ruiné par mon fait. Vous avez répondu pour moi, je vous en remercie, mais j’ai de quoi faire honneur à mes engagements; ne vous occupez donc plus de ces affaires qui, à partir du premier paiement, ne regarderont que moi.

– Pour que l’affaire soit terminée, madame, dit alors le cardinal en s’inclinant, il me reste à offrir le collier à Votre Majesté.

En même temps, il tira de sa poche l’écrin, qu’il présenta à la reine.

Elle ne le regarda même pas, ce qui accusait chez elle un bien grand désir de le voir, et tremblante de joie elle le déposa sur un chiffonnier, mais sous sa main.

Le cardinal essaya ensuite quelques propos de politesse qui furent très bien reçus, puis revint sur ce qu’avait dit la reine à propos de leur réconciliation.

Mais, comme elle s’était promis de ne pas regarder les diamants devant lui, et qu’elle brûlait de les voir, elle ne l’écouta plus qu’avec distraction.

Par distraction aussi elle lui abandonna sa main, qu’il baisa d’un air transporté. Alors il prit congé croyant gêner, ce qui le combla de joie. Un simple ami ne gêne jamais, un indifférent moins encore.

Ainsi se passa cette entrevue, qui ferma toutes les plaies du cœur du cardinal. Il sortit de chez la reine, enthousiasmé, ivre d’espérance, et prêt à prouver à madame de La Motte une reconnaissance sans bornes pour la négociation qu’elle avait si heureusement menée à bien.

Jeanne l’attendait dans son carrosse, cent pas en avant de la barrière; elle reçut la protestation ardente de son amitié.

– Eh bien! dit-elle, après la première explosion de cette gratitude, serez-vous Richelieu ou Mazarin? La lèvre autrichienne vous a-t-elle donné des encouragements d’ambition ou de tendresse? Êtes-vous lancé dans la politique ou dans l’intrigue?

– Ne riez pas, chère comtesse, dit le prince; je suis fou de bonheur.

– Déjà!

– Assistez-moi, et dans trois semaines je puis tenir un ministère.

– Peste! dans trois semaines; comme c’est long; l’échéance des premiers engagements est fixée à quinze jours d’ici.

– Oh! tous les bonheurs arrivent à la fois: la reine a de l’argent, elle paiera; j’aurai eu le mérite de l’intention, seulement. C’est trop peu, comtesse, d’honneur! c’est trop peu. Dieu m’est témoin que j’eusse payé bien volontiers cette réconciliation au prix de cinq cent mille livres.

– Soyez tranquille, interrompit la comtesse en souriant, vous aurez ce mérite-là par-dessus les autres. Y tenez-vous beaucoup?

– J’avoue que je le préférerais; la reine devenue mon obligée…

– Monseigneur, quelque chose me dit que vous jouirez de cette satisfaction. Vous y êtes-vous préparé?

– J’ai fait vendre mes derniers biens et engagé pour l’année prochaine mes revenus et mes bénéfices.

– Vous avez les cinq cent mille livres, alors?

– Je les ai; seulement, après ce paiement fait, je ne saurai plus comment faire.

– Ce paiement, s’écria Jeanne, nous donne un trimestre de tranquillité. En trois mois, que d’événements, bon Dieu!

– C’est vrai; mais le roi me fait dire de ne plus faire de dettes.

– Un séjour de deux mois au ministère vous mettra tous vos comptes au net.

– Oh! comtesse…

– Ne vous révoltez pas. Si vous ne le faisiez pas, vos cousins le feraient.

– Vous avez toujours raison. Où allez-vous?

– Retrouver la reine, savoir l’effet qu’a produit votre présence.

– Très bien. Moi je retourne à Paris.

– Pourquoi? Vous seriez revenu au jeu ce soir. C’est d’une bonne tactique; n’abandonnez pas le terrain.

– Il faut malheureusement que je me trouve à un rendez-vous que j’ai reçu ce matin avant de partir.

– Un rendez-vous?

– Assez sérieux, si j’en juge par le contenu du billet qu’on m’a fait tenir. Voyez…

– Une écriture d’homme! dit la comtesse.

Et elle lut:

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