Читаем Le Collier de la Reine - Tome II полностью

La fenêtre de la reine était éclairée.

«Faire croire qu’elle est chez elle quand elle court le parc en compagnie d’un amant! Vraiment, c’est de la chasteté en pure perte, fit Charny, qui saccada ses paroles d’une ironie amère.

«Elle est trop bonne, cette reine, de dissimuler ainsi avec nous. Il est vrai peut-être qu’elle craint de contrarier son mari.»

Et Charny, s’enfonçant les ongles dans les chairs, reprit à pas mesurés le chemin de sa maison.

– Ils ont dit: À demain, ajouta-t-il après avoir franchi le balcon. Oui, à demain!… pour tout le monde, car demain, nous serons quatre au rendez-vous, madame!

<p>Chapitre 20</p><p>Femme et reine</p>

Le lendemain amena mêmes péripéties. La porte s’ouvrit au dernier coup de minuit. Les deux femmes parurent.

C’était, comme dans le conte arabe, cette assiduité des génies obéissant aux talismans à heures fixes.

Charny avait pris toutes ses résolutions; il voulait reconnaître ce soir-là le personnage heureux que favorisait la reine.

Fidèle à ses habitudes, bien qu’elles ne fussent pas invétérées, il marcha se cachant derrière les taillis; mais, lorsqu’il fut arrivé à l’endroit où, depuis deux jours, la rencontre des amants avait lieu, il n’y trouva personne.

La compagne de la reine entraînait Sa Majesté vers les bains d’Apollon.

Une horrible anxiété, une toute nouvelle souffrance terrassa Charny. Dans son innocente probité, il ne s’était pas imaginé que le crime pût aller jusque-là.

La reine, souriant et chuchotant, marcha vers le sombre asile au seuil duquel l’attendait, les bras ouverts, le gentilhomme inconnu.

Elle entra, tendant aussi les bras. La grille de fer se referma sur elle.

La complice demeura en dehors, appuyée sur un cippe brisé tout moelleux de feuillages.

Charny avait mal calculé ses forces. Elles ne pouvaient résister à un semblable choc. Au moment où, dans sa rage, il allait se précipiter sur la confidente de la reine pour la démasquer, la reconnaître, l’injurier, l’étouffer peut-être, le sang afflua comme un torrent vainqueur à ses tempes, à sa gorge, et l’étouffa.

Il tomba sur les mousses en râlant un faible soupir, qui alla troubler une seconde la tranquillité de cette sentinelle placée aux portes des bains d’Apollon.

Une hémorragie intérieure, causée par sa blessure qui s’était rouverte, l’étouffait.

Charny fut rappelé à la vie par le froid de la rosée, par l’humidité de la terre, par l’impression vivace de sa propre douleur.

Il se releva en trébuchant, reconnut les lieux, sa situation, se souvint et chercha.

La sentinelle avait disparu, nul bruit ne se faisait entendre. Une horloge qui sonna deux heures dans Versailles lui apprit que son évanouissement avait été bien long.

Sans aucun doute, l’affreuse vision avait dû disparaître: reine, amant, suivante avaient eu le temps de fuir. Charny put s’en convaincre en regardant par-dessus le mur les traces récentes du départ d’un cavalier.

Ces vestiges, et les brisures de quelques branches aux environs de la grille des bains d’Apollon, composaient toute la conviction du pauvre Charny.

La nuit fut un long délire. Au matin, il ne s’était pas calmé.

Pâle comme un mort, vieilli de dix années, il appela son valet de chambre et se fit habiller de velours noir, comme un riche du tiers état.

Sombre, muet, absorbant toutes ses douleurs, il s’achemina vers le château de Trianon au moment où la garde venait d’être relevée, c’est-à-dire vers dix heures.

La reine sortait de la chapelle où elle venait d’entendre la messe.

Sur son passage se baissaient respectueusement les têtes et les épées.

Charny vit quelques femmes rouges de dépit en trouvant que la reine était belle.

Belle, en effet, avec ses beaux cheveux relevés sur ses tempes. Sa figure aux traits fins, sa bouche souriante, ses yeux fatigués, mais brillants d’une douce clarté.

Tout à coup, elle aperçut Charny à l’extrémité de la haie. Elle rougit et poussa un cri de surprise.

Charny ne baissa pas la tête. Il continua de regarder cette reine, qui lut dans son regard un nouveau malheur. Elle vint à lui.

– Je vous croyais dans vos terres, dit-elle sévèrement, monsieur de Charny.

– J’en suis revenu, madame, dit-il dans un accent bref et presque impoli.

Elle s’arrêta stupéfaite; elle à qui jamais une nuance n’échappait.

Après cet échange de regards et de paroles presque hostiles, elle se tourna du côté des femmes.

– Bonjour, comtesse, dit-elle avec amitié à madame de La Motte.

Et elle lui fit un clignement d’yeux tout familier.

Charny tressaillit. Il regarda plus attentivement.

Jeanne, inquiète de cette affectation, détourna la tête.

Charny la suivit comme eût fait un fou, jusqu’à ce qu’elle lui eût montré encore une fois son visage.

Puis il tourna autour d’elle en étudiant sa démarche.

La reine, saluant à droite et à gauche, suivait pourtant ce manège des deux observateurs.

«Aurait-il perdu la tête? pensa-t-elle. Pauvre garçon!»

Et elle revint à lui.

– Comment vous trouvez-vous, monsieur de Charny? dit-elle d’une voix suave.

– Très bien, madame, mais, Dieu merci! moins bien que Votre Majesté.

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