Читаем Le Grec полностью

Geste vague de l'émir qui pouvait vouloir tout dire, mais que Socrate interpréta immédiatement par : « Cause toujours, tu m'intéresses, je t'attends au tournant. »

« Voyez-vous, continua-t-il, c'est souvent dans notre propre famille que se cachent nos ennemis. Il ne fait aucun doute qu'on ait cherché à me compromettre et à me faire déconsidérer aux yeux de Votre Altesse par le biais de cette machination. »

L'émir eut une repartie admirable de vice :

« Je ne savais pas que vous teniez en aussi haute estime l'opinion que j'ai de vous. »

Satrapoulos, qui n'avait rien à envier à el-Sadek sur le plan de la comédie, avait pourtant sur lui un avantage : il vivait ses mensonges. Dans des affaires délicates, il lui arrivait de se brancher sur une ligne supérieure, à très haute tension, ce qui lui permettait, momentanément, d'être profondément imprégné de ce qu'il avançait, vivant réellement, de toutes ses fibres, la situation inventée, oubliant le postulat de départ. Et souvent, l'ombre d'un doute se glissait dans l'esprit de ses partenaires, un doute qui les forçait à baisser leur garde, ce dont il profitait avec génie. Il prit une longue inspiration, regarda el-Sadek droit dans les yeux, sentit que ce courant qu'il appelait à la rescousse l'envahissait, et sa réponse fut prête :

« Altesse, nous vivons dans un monde dur, un monde où chacun de nous oublie qu'il a été enfant. Nos intérêts guident notre vie, pendant qu'on laisse en friche ce que nous avons de plus précieux en nous, notre sens de la dignité. Les relations que j'ai nouées avec vous sont des relations d'affaires, soit. Et quand je vous ai connu, les affaires passaient au premier plan, c'est la vérité. »

L'émir l'écoutait sans mot dire, le fixant de ses petits yeux noirs et rusés. S.S. reprit son souffle :

« Puis, j'ai eu le bonheur de vous approcher, et j'ai appris par la rumeur publique de quelle admirable façon vous viviez, ce que vous prépariez, vos buts politiques, votre sagesse. Alors, j'ai compris une chose : des affaires, j'en fais tous les jours. Mais des hommes comme vous, je n'en ai jamais rencontrés. L'intérêt que j'ai à rester votre ami s'efface devant l'admiration que je vous porte. Si vous pensez que je vous flatte, tant pis. Je ne suis pas un orateur, je n'ai pas une grande culture, je m'exprime très mal. Mais je m'y connais en hommes. Je vous ouvre mon cœur simplement, avec maladresse, mais avec sincérité. »

Satrapoulos se tut, bouleversé par son propre discours. Sans le quitter du regard, l'émir demanda d'un ton feutré :

« De quelle famille voulez-vous parler?

— Une famille?

— Vous m'avez dit : « C'est souvent dans notre propre « famille que se cachent nos ennemis. »

— Altesse, il m'est très difficile de vous en parler. »

El-Sadek eut une moue amusée :

« Vous êtes pourtant venu pour cela. »

Et il ajouta, d'une voix très douce :

« Alors? Quelle famille? »

Décidément, il ne l'aidait pas! Le Grec se jeta à eau.

« La mienne, prince.

— Voulez-vous me dire qu'un membre de votre famille a cherché à vous nuire?

— Effectivement, c'est ce que je dis.

— Et qui donc? »

Satrapoulos se demanda jusqu'à quel point l'autre allait le prendre pour un imbécile. Néanmoins, il entra dans son jeu :

« Herman Kallenberg.

— J'ignorais que vous fussiez du même clan. »

Le Grec estima qu'el-Sadek forçait un peu la note. Il ne put s'empêcher de laisser tomber le masque une seconde, précisant d'une voix plus sèche (mais à quoi bon, n'avait-il pas tous les atouts à la portée de la main, dans sa serviette?) :

« Votre Altesse est trop bien informée pour ne l'avoir pas su, elle a dû l'oublier. Kallenberg est mon beau-frère. Son épouse est la sœur aînée de ma femme.

— En effet, je l'avais peut-être oublié… Et… en quoi votre beau-frère est-il votre ennemi?

— C'est lui qui a fait éclater contre moi cette ridicule et déshonorante campagne de presse.

— C'est très fâcheux… Bien entendu, je suppose que vous en avez la preuve.

— Bien entendu. C'est par lui que j'ai appris ce qui se tramait contre moi.

— Peut-être voulait-il vous rendre service, afin que vous empêchiez ce scandale qui allait l'éclabousser lui-même?

— Absolument pas. S'il m'en a informé, c'était pour mieux me faire comprendre que lui seul avait les moyens de l'arrêter.

— Si je comprends bien, vous affirmez que M. Kallenberg, dans un premier temps, a allumé la mèche d'une bombe destinée à vous perdre. Et dans un second, vous a proposé d'éteindre lui-même ce qu'il venait d'allumer?

— C'est bien cela, prince.

— Mais dites-moi… Pourquoi?

— Pour que je me retire d'un marché à son profit.

— Vraiment? Et lequel?

— Le transport du pétrole brut des différents émirats du golfe Persique qui sont précisément placés sous votre haute autorité morale.

— Je crains que M. Kallenberg et vous-même ne m'accordiez des pouvoirs que je n'ai pas. »

Il prit un long temps, et poursuivit :

« Où a eu lieu cette conversation que vous avez eue avec M. Kallenberg?

— A Londres, le soir même où il a donné la fête qui s'est terminée dans les conditions que vous savez.

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