Читаем Le Retour du Roi полностью

Mais au moment où le sort des armes tournait à l’encontre du Gondor et faisait vaciller les cœurs, une nouvelle clameur s’éleva dans la Cité ; car c’était le mitan du matin et un fort vent soufflait, et la pluie fuyait vers le nord et le soleil brillait. Dans cet air limpide, les guetteurs des murs virent poindre au loin une nouvelle menace, et leur dernier espoir s’envola.

Car l’Anduin, passé la boucle du Harlond, coulait de telle manière que les gens de la Cité pouvaient le voir s’éloigner sur plusieurs lieues, et les plus clairvoyants apercevoir tout navire le remontant. Et regardant par là, ils s’écrièrent, consternés ; car ils virent se détacher sur le miroir de l’eau une flotte que le vent amenait : des dromons, et des navires de fort tirant d’eau équipés de nombreuses rames, tous gréés de voiles noires gonflées par la brise.

« Les Corsaires d’Umbar ! crièrent-ils. Les Corsaires d’Umbar ! Regardez ! Les Corsaires d’Umbar arrivent ! Le Belfalas est donc pris, l’Ethir aussi, et le Lebennin n’est plus. Les Corsaires sont à nos portes ! C’est le dernier coup du destin ! »

Et d’aucuns, sans en avoir reçu l’ordre, car nul ne se trouvait dans la Cité pour les commander, se ruèrent sur les cloches et firent sonner l’alarme ; tandis que d’autres annonçaient la retraite à grand renfort de trompettes. « Aux murs ! lançaient-ils. Aux murs ! Regagnez la Cité avant que tous soient submergés ! » Mais le vent qui poussait les navires dispersait tous leurs cris.

Les Rohirrim n’avaient en fait aucun besoin d’avertissement ; eux-mêmes ne voyaient que trop bien les voiles noires. Car Éomer n’était plus guère qu’à un mille du Harlond, ses ennemis massés en foule entre lui et le port, tandis que de nouveaux adversaires surgissaient sur ses arrières, le coupant du Prince. Il regarda alors vers le Fleuve, et l’espoir défaillit dans son cœur, et il maudit le vent que d’abord il avait béni. Mais les soldats du Mordor reprirent contenance et, forts d’une soif et d’une fureur nouvelles, ils donnèrent l’assaut à grands cris.

Éomer avait retrouvé son sang-froid et sa présence d’esprit. Il fit sonner les cors pour rallier à sa bannière tous ceux qui pouvaient s’y joindre ; car il pensait dresser un grand mur de boucliers en dernier ressort. Résister, combattre au corps à corps jusqu’à ce que tous soient terrassés, et accomplir sur le Pelennor des exploits dignes d’être chantés, dût-il ne rester personne dans l’Ouest pour se souvenir du dernier Roi de la Marche. Il gagna donc une petite éminence verte et y planta sa bannière, et le Cheval Blanc prit le galop, ondoyant au vent.





Par-delà la pénombre et par-delà le doute,

je vis poindre le jour et l’espoir se lever,

chantant sous le soleil et dégainant l’épée.

À la fin de l’espoir je m’en fus chevauchant,

le jour près de faillir et le cœur de me fendre :

À moi, ruine et courroux, à moi le soir sanglant !

Il proféra ces vers, mais il riait en les prononçant. Car la soif du combat le dominait une fois de plus ; et pour lors il était indemne, et il était jeune, et il était roi, seigneur d’un peuple redoutable. Mais voici que, se riant du désespoir, il contempla de nouveau les navires noirs, et il leva son épée en signe de défi.

Lors ! la surprise le saisit, de même qu’une grande joie ; et il lança son épée en l’air ensoleillé et la rattrapa en chantant. Et tous les yeux suivirent son regard, et voyez ! sur le navire de tête, un grand étendard se déployait, flottant au vent, tandis que la nef entrait au Harlond. Un Arbre Blanc, emblème du Gondor, y fleurissait ; mais il était entouré de Sept Étoiles et surmonté d’une haute couronne : les signes d’Elendil, que nul seigneur n’avait portés depuis un nombre incalculable d’années. Et les étoiles flamboyaient au soleil, car elles avaient été cousues de gemmes par Arwen fille d’Elrond ; et la couronne brillait dans le matin, car elle était faite de mithril et d’or.

Ainsi vint Aragorn fils d’Arathorn, Elessar, l’héritier d’Isildur, par-delà les Chemins des Morts, porté par un vent de la Mer au royaume de Gondor ; et l’exaltation des Rohirrim fut un déluge de rires et un éclair d’épées, et la joie et l’étonnement de la Cité furent un chœur de trompettes et une sonnerie de cloches. Mais les armées du Mordor se trouvèrent plongées dans la confusion, et ce leur semblait une grande sorcellerie que leurs propres navires fussent remplis de troupes ennemies ; et une peur noire les envahit, car ils savaient que le flot du destin s’était retourné contre eux et que leur ruine était proche.

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