Des hommes soulevèrent alors le roi et, ayant jeté des manteaux sur des tronçons de lances, ils le portèrent vers la Cité sur ce brancard de fortune ; et d’autres prirent doucement Éowyn et l’emmenèrent après lui. Mais les hommes de la maison du roi ne pouvaient encore être soustraits du champ de bataille ; car sept de ses chevaliers étaient tombés là, et leur chef Déorwine était du nombre. Aussi les étendirent-ils loin de leurs ennemis et de l’horrible bête, et ils plantèrent des lances autour d’eux. Et plus tard, quand tout fut terminé, des hommes revinrent sur les lieux et y allumèrent un grand brasier, et ils brûlèrent la carcasse de la bête ; mais pour Snawmana, ils creusèrent une tombe et érigèrent une pierre sur laquelle était gravé, dans les langues du Gondor et de la Marche :
FIDÈLE SERVITEUR FUNESTE AU CAVALIER :
LE PRESTE SNAWMANA, POULAIN DE PIEDLÉGER.
L’herbe poussa, longue et verte, sur le Moncelet de Snawmana, mais la terre où fut brûlée la bête resta à jamais noire et nue.
Merry, d’un pas lent et triste, marchait à présent aux côtés des porteurs, sans plus tenir aucun compte de la bataille. Il était las et endolori, et ses membres tremblaient comme sous l’effet du froid. Une grosse pluie était montée depuis la Mer : toutes choses semblaient pleurer Théoden et Éowyn, noyant les flammes de la Cité sous un déluge de larmes grises. À travers une brume, il vit bientôt approcher l’avant-garde des hommes du Gondor. Imrahil, Prince de Dol Amroth, serra la bride à son cheval et s’arrêta auprès d’eux.
« Quel fardeau portez-vous, Hommes du Rohan ? » cria-t-il.
« Théoden Roi, répondirent-ils. Il est mort. Mais Éomer Roi est parti au front : lui dont le cimier blanc s’agite dans la brise. »
Alors le prince descendit de cheval, et il s’agenouilla près du brancard pour faire honneur au roi et à son grand assaut ; et il pleura. Et, se relevant, il posa les yeux sur Éowyn et resta stupéfait. « Voilà assurément une femme ? dit-il. Les femmes des Rohirrim sont-elles venues elles aussi nous prêter main-forte ? »
« Non pas ! dirent-ils ; une seule est venue. C’est la dame Éowyn, sœur d’Éomer ; nous n’en savions rien avant cette heure, et nous le regrettons amèrement. »
Alors le prince, voyant sa beauté, bien que son visage fût pâle et froid, lui prit la main comme il se baissait pour la regarder de plus près. « Hommes du Rohan ! s’écria-t-il. N’est-il parmi vous aucun mage guérisseur ? Elle est blessée – peut-être mortellement, mais j’estime qu’elle vit encore. » Et il tint devant les lèvres froides le brassard qu’il portait, et voici ! un nuage de buée se déposa sur le métal bruni, à peine visible.
« Il faut faire vite », dit-il, et il dépêcha l’un des siens dans la Cité pour y chercher de l’aide. Mais lui, s’inclinant devant les tombés, leur dit adieu ; et de retour en selle, il s’en fut à la bataille.
Or, le combat devenait furieux sur les champs du Pelennor ; dans l’air montaient le fracas des armes, la clameur des hommes et le hennissement des chevaux. Des cors sonnaient, des trompettes claironnaient, parmi les beuglements des
Cette aide n’arrivait pas trop tôt pour les Rohirrim ; car la fortune s’était retournée contre Éomer, et sa furie l’avait trahi. La violence de sa charge avait entièrement balayé le front ennemi, et de grandes pointes de Cavaliers avaient pénétré les rangs des Sudrons, surprenant les hommes montés et conduisant les fantassins à leur perte. Mais partout où il y avait des