Читаем Le Retour du Roi полностью

La grande ombre descendit comme un nuage. Et voyez ! c’était une créature ailée : plus grande que tout autre oiseau, si tant est qu’elle en fût un, et elle était nue, et ni penne ni plume ne portait, et ses vastes ailes étaient comme des palmures de cuir entre des doigts cornus ; et elle puait. Peut-être était-ce une créature d’un monde plus ancien, rejeton d’une espèce oubliée qui, nichant dans de froides montagnes sous la Lune, avait outrepassé son époque et engendré en son aire immonde cette ultime et improbable progéniture, tout inclinée au mal. Et le Seigneur Sombre l’avait emmenée et nourrie de chairs innommables, jusqu’à ce qu’elle surpassât toute autre créature volante ; et il l’avait offerte à son serviteur en guise de coursier. Or elle descendit sur eux, repliant ses ailes digitées avec un croassement, puis elle se posa sur le corps de Snawmana, enfonçant ses serres et recourbant son long cou dénudé.

Sur son dos se tenait une forme enveloppée de noir, vaste et menaçante. Elle portait une couronne d’acier, mais entre le cercle et le manteau ne se voyait rien d’autre qu’un sinistre reflet d’yeux : le Seigneur des Nazgûl. Il avait repris les airs, appelant son coursier avant que le ciel ne s’ouvrît ; et voilà qu’il était revenu, semant la ruine, opposant à l’espérance le désespoir, à la victoire, la mort. Il brandissait une grande masse d’armes noire.

Mais Théoden n’était pas livré entièrement à son sort. Les chevaliers de sa maison gisaient morts autour de lui ou, dominés par la folie de leurs coursiers, se trouvaient emportés au loin. Mais l’un d’eux était encore sur pied : Dernhelm le jeune, loyal en dépit de toute peur ; et il pleurait, car il aimait son seigneur comme un père. Tout au long de la charge, Merry s’était tenu derrière lui sans éprouver rien de fâcheux, jusqu’à la venue de l’Ombre ; alors Windfola, dans son épouvante, les avait jetés bas, et courait éperdu sur la plaine. Merry rampait à quatre pattes comme une bête égarée, et son horreur était telle qu’il ne voyait plus. Il eut envie de vomir.

« Serviteur du roi ! Serviteur du roi ! l’implorait son cœur. Tu dois rester près de lui. “Vous serez pour moi comme un père”, as-tu dit. » Mais sa volonté ne répondait pas, et son corps tremblait. Il n’osait pas ouvrir les yeux ni relever la tête.

C’est alors que, des ténèbres de son esprit, il crut entendre parler Dernhelm ; mais sa voix lui semblait étrange, à présent, et lui rappelait une autre voix qu’il avait connue.

« Arrière, vil dwimmerlaik, seigneur de la charogne ! Laisse les morts en paix ! »

Une voix froide répondit : « Ne t’interpose pas entre le Nazgûl et sa proie ! Ou il ne te tuera pas à ton tour : il t’emmènera aux maisons de lamentation, au-delà de toutes ténèbres, où ta chair sera dévorée, et ton esprit desséché mis à nu devant l’Œil sans Paupière. »

Une lame résonna, sortant du fourreau. « Fais ce que tu veux ; mais je ferai tout pour l’entraver, si je peux. »

« M’entraver, moi ? Pauvre fou. Aucun homme vivant ne le peut ! »

Merry perçut alors, de tous les sons entendus en cette heure, le plus étrange. Il semblait que Dernhelm riait, et sa voix claire était comme un tintement d’acier. « Je suis en vie, mais non un homme ! Tu as devant toi une femme. Je suis Éowyn, fille d’Éomund. Tu te dresses entre moi et mon seigneur et parent. Va-t’en, si tu n’es pas immortel ! Car, vivant ou mort-vivant, je te frapperai si tu le touches. »

La créature ailée cria après elle, mais le Spectre de l’Anneau ne fit aucune réponse, et il se tint silencieux, comme soudain assailli d’un doute. Pendant un instant, la plus totale stupéfaction eut raison de la peur de Merry. Il ouvrit les yeux et constata que sa vue n’était plus obscurcie. La grande créature était ramassée à quelques pas de lui ; tout semblait noir autour d’elle, et le Seigneur des Nazgûl se dressait au-dessus, telle une ombre de désespoir. Un peu à gauche, leur faisant face, se tenait celle qu’il avait appelée Dernhelm. Mais le heaume du secret était tombé de son front, et sa claire chevelure, délivrée de ses liens, versait un chatoiement d’or pâle sur ses épaules. Ses yeux d’un gris de mer étaient durs et implacables, pourtant des larmes coulaient sur sa joue. Une épée luisait dans sa main, et son bouclier était levé contre l’horreur, l’horreur des yeux de son ennemi.

C’était Éowyn et en même temps Dernhelm. Car Merry revit en un éclair le visage qu’il avait remarqué au départ de Dunhart : le visage d’un désespéré, partant en quête de la mort. Son cœur s’emplit de pitié, d’émerveillement aussi ; et soudain s’éveilla en lui le lent courage de son espèce. Il serra le poing. Elle ne devait pas mourir, si belle, si désespérée ! Du moins elle ne mourrait pas seule, sans assistance.

Перейти на страницу:

Все книги серии Le Seigneur des Anneaux

Похожие книги

Неудержимый. Книга XXIII
Неудержимый. Книга XXIII

🔥 Первая книга "Неудержимый" по ссылке -https://author.today/reader/265754Несколько часов назад я был одним из лучших убийц на планете. Мой рейтинг среди коллег был на недосягаемом для простых смертных уровне, а силы практически безграничны. Мировая элита стояла в очереди за моими услугами и замирала в страхе, когда я брал чужой заказ. Они правильно делали, ведь в этом заказе мог оказаться любой из них.Чёрт! Поверить не могу, что я так нелепо сдох! Что же случилось? В моей памяти не нашлось ничего, что могло бы объяснить мою смерть. Благо, судьба подарила мне второй шанс в теле юного барона. Я должен снова получить свою силу и вернуться назад! Вот только есть одна небольшая проблемка… Как это сделать? Если я самый слабый ученик в интернате для одарённых детей?!

Андрей Боярский

Приключения / Самиздат, сетевая литература / Попаданцы / Фэнтези