Читаем Les lauriers de flammes (1ère partie) полностью

— Voilà ! soupira la jeune femme en faisant asseoir son amie auprès d'elle sur la couchette. Je crois que nous ne pouvons trouver mieux ! Ici, personne ne nous entendra. Vous pouvez parler sans crainte.

Mais Lady Hester ne répondit pas tout de suite. Elle regardait autour d'elle avec une curiosité et un intérêt qu'elle ne cherchait même pas à dissimuler.

— Est-ce que ce navire vous appartient ? fit-elle enfin... J'ai vu les armes de votre famille sur le pavillon... J'ignorais que vous fussiez armateurs...

Marianne se mit à rire.

— Ma famille est des plus réduites, chère amie, et personne n'y exerce le beau métier d'armateur, moi encore moins que quiconque. Ce navire, en fait, appartient à un ami... très cher, mais il avait été capturé par les Turcs. Sa Hautesse la Sultane Validé, qui est, vous le savez, ma cousine, l'a racheté et m'en a fait présent. Le pavillon est une grâce de plus, mais je ne me considère pas vraiment comme la propriétaire. Disons que je suis, momentanément, dépositaire de la Sorcière...

— Qui en est le capitaine ?

— Ne me le demandez pas. Je ne peux pas vous le dire, fit-elle avec une fermeté qu'elle corrigea aussitôt d'un sourire et en ajoutant : Permettez que je mette une espèce de superstition à ne pas prononcer son nom jusqu'à ce qu'il revienne...

— Et ce sera quand ?

— Je l'ignore. Peut-être demain, peut-être dans une heure... ou peut-être dans six mois. Il vient d'être gravement malade et se remet lentement, assez loin d'ici. Mais laissons cela et parlons de vous.

Décidément, Hester Stanhope n'avait plus aussi grande envie de parler car, à nouveau, elle garda le silence. Elle semblait avoir complètement oublié ces choses importantes qu'elle souhaitait dire seulement dans le plus grand secret. Depuis qu'elle avait mis, sur le pont du vaisseau, son grand pied à la courbure aristocratique, son œil gris s'était allumé et ses narines palpitantes avaient l'air de se dilater.

« Elle ressemble à un chien de chasse qui flaire le gibier... », songea Marianne. Aussi ce qui suivit ne l'étonna guère qu'à moitié.

Lady Hester prit une profonde respiration et regarda sa voisine avec sévérité :

— Voulez-vous dire que ce brick, fait pour courir les mers, va demeurer enlisé dans ce port, inutile et désert, sans hisser une seule voile en attendant l'arrivée problématique d'un skipper dont vous ignorez où il se trouve et quand il viendra ?

— En effet. C'est exactement ce que j'ai voulu dire.

— Permettez-moi de vous faire remarquer que c'est ridicule. Et dangereux. Vous feriez beaucoup mieux d'engager sur l'heure un capitaine expérimenté, de lui dire de rassembler le meilleur équipage qu'il pourra trouver et de lui donner au plus tôt l'ordre de mettre à la voile.

— Mettre à la voile ? Mais je n'en ai pas la moindre envie. Et pour aller où ?

— En Egypte. Avec moi. J'ai besoin d'un navire car il faut que je m'en aille très bientôt. Faute de mieux, je me résignais à m'embarquer sur une misérable po-lacre, mais ce brick est un don du ciel.

Cette fois, Marianne fronça les sourcils. Elle connaissait la passion des Anglais pour les bateaux, mais elle trouvait que, cette fois, Lady Stanhope exagérait.

— Inutile d'y compter, Hester. Je suis désolée de vous refuser mais, outre que mon état m'interdit de prendre la mer, je vous répète que ce bateau n'est pas vraiment à moi ; il ne partira pas sans son maître.

Elle avait employé un ton fort sec et pensait que l'Anglaise allait s'en formaliser, mais il n'en fut rien. La voix de Lady Hester ne contenait pas la plus petite trace de mécontentement en déclarant paisiblement :

— J'ai dit que je devais partir, chère amie... mais vous aussi feriez mieux de quitter Constantinople, si vous voulez éviter de graves ennuis.

Cette fois, Marianne ouvrit de grands yeux et regarda son amie comme si elle perdait la raison. Mais aucune trace de démence ne se lisait sur le beau visage impérieux. Simplement une solide détermination et une certaine inquiétude.

— Voulez-vous répéter cela ? demanda Marianne. Je ferais mieux de partir ? Et pour quelle raison, s'il vous plaît ?

— Je vais vous la dire... Le cher Charles vous a raconté, j'imagine, l'entrevue que j'ai eue avec votre ambassadeur ?

— En effet, mais je ne vois pas...

— Vous allez voir...

Passant rapidement sur les détails d'un entretien qui, se soldant par un échec, n'avait plus pour elle qu'un intérêt secondaire, Lady Stanhope en vint à ce qui avait suivi son équipée romantique dans un yali désert : autrement dit la convocation qu'elle avait reçue, dès le lendemain, d'avoir à se rendre à l'ambassade d'Angleterre où Canning souhaitait sa visite.

Un peu inquiète de ce désir trop soudain, elle s'était rendue sans tarder à l'invitation, et Canning ne l'avait pas laissée longtemps dans l'expectative :

— Lady Hester, où avez-vous passé la journée d'hier ? lui demanda-t-il à peine eut-elle franchi le seuil de son cabinet.

Mais elle n'était pas femme à se laisser malmener sans se défendre et la réponse avait valu, en arrogance, la question :

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