La gloire de Marignan fertilise dans le cœur de François Ier
ce qui n’était qu’un petit rêve, mais qui se met à croître de façon démesurée, pour devenir un insistant désir : devenir empereur ! Empereur de quoi ? Du Saint Empire romain germanique ! Or voici qu’en 1519, l’empereur Maximilien d’Autriche meurt. Le trône est libre. Vite, François Ier rencontre les grands électeurs, ceux qui doivent voter pour désigner le successeur de Maximilien à la tête du Saint Empire. Ils sont au nombre de sept, à la fois princes et archevêques (de Mayence, Trêves, Saxe, etc.). Et comme tous les princes et tous les archevêques, ils ne sont pas insensibles aux dons. Lorsque ceux-ci se présentent sous la forme d’or, ils ne voient aucune raison de refuser quoi que ce soit à celui qui les en couvre !François Ier
va alors leur en offrir en tout une tonne et demie ! Il pense avoir gagné la partie. Mais son concurrent au trône du Saint Empire, Charles de Habsbourg, petit-fils de l’empereur défunt et de Charles le Téméraire, leur en offre deux ! Les grands électeurs, tout en conservant l’or de François Ier, élisent Charles de Habsbourg à la tête du Saint Empire ! Charles de Habsbourg qui n’a que dix-neuf ans, prend le nom de Charles Quint. Il est le maître de l’Espagne, des Pays-Bas, de l’Autriche, de la Franche-Comté, du royaume de Naples et de Sicile, de la Sardaigne, des colonies américaines qui lui fournissent l’or pillé en massacrant les Incas, les Aztèques, les Mayas.François Ier
se dit que, pour contrer la puissance de Charles Quint, il faut se garantir la sympathie du roi d’Angleterre Henri VIII. Pour ce faire, dans sa logique de roi à l’intelligence plus superficielle que profonde, il ne voit d’autre solution que d’accueillir avec le plus de luxe possible, le plus de faste, le roi à amadouer. Ainsi, le 7 juin 1520, Henri VIII arrive près de Calais dans une plaine où, depuis des semaines, on prépare ce qui va rester dans l’histoire comme l’une des entreprises de prestige les plus coûteuses et inutiles : le camp du Drap d’or. Pourquoi du Drap d’or ? Parce que mille tentes de drap d’or et d’argent ont été dressées pour recevoir les Anglais qui, de leur côté, ont rivalisé dans l’étalage de richesses, de sorte que l’ensemble éblouit, étourdit, et révolte à la fois.Les deux rois semblent s’entendre parfaitement, ils luttent même au cours des fêtes qui sont données pendant trois semaines : Henri VIII saisit par le cou François Ier
qui l’envoie presque aussitôt à terre. On craint que le jeu soit allé trop loin, mais Henri se relève de bonne humeur et la fête continue, au grand regret de Louise d’Angoulême, la mère du roi. Elle aimerait bien que son fils passe aux choses sérieuses avec Henri VIII en rédigeant un traité. Mais rien ne sera fait, et le camp du Drap d’or démonté, Henri VIII rencontrera à Gravelines Charles Quint, modestement vêtu et entouré, avec qui il signera un traité secret visant à isoler le roi de France qui doit penser à rembourser les sommes exorbitantes empruntées pour dresser dans la plaine de Calais le camp des Vanités.François Ier
et Charles Quint entrent en conflit, bien qu’ils soient cousins – à un degré éloigné certes : tous deux ont pour ancêtre Jean le Bon.