Le 20 mai 1560, Catherine de Médicis choisit un négociateur qu’elle nomme chancelier : Michel de l’Hospital, un modéré. Il veut éviter le renouvellement de tout excès entre catholiques et protestants, cherche des terrains d’entente et de conciliation. C’est pourquoi il demande aux princes de sang dissidents de se présenter à Orléans afin de tenter de régler les différends en présence des représentants des trois ordres – les états généraux y sont réunis le 12 décembre 1560. Mais François II est rancunier : il fait arrêter, aussitôt qu’il arrive à Orléans, Louis de Condé qui avait voulu l’enlever. Il est mis au cachot et condamné à mort ! À quelques jours de son exécution,
François II est de nouveau saisi, comme il l’a souvent été, d’un foudroyant mal d’oreilles. Il souffre horriblement – mastoïdite ou méningite, on ne sait trop –, crie pendant plusieurs jours et plusieurs nuits sa douleur avant de mourir le 5 décembre 1560. Condé pousse un soupir de soulagement !
Le nouveau roi s’appelle Charles IX. Il n’a que dix ans. Catherine de Médicis, sa mère, reine de France, devient régente. Malgré tout ce qui a pu être mis sur son compte, malgré ses hésitations, ses erreurs peut-être, ses précipitations ou ses lenteurs, il faut lui reconnaître le souci constant d’avoir voulu rapprocher et faire cohabiter les deux partis. Elle s’est souvent retrouvée seule face aux deux factions qui ne la comprenaient pas, qui voulaient qu’un seul demeurât. Elle rêvait d’harmonie, d’une France des deux religions, et elle a tout tenté pour qu’il en fût ainsi.
Par souci d’apaisement, le chancelier Michel de l’Hospital conseille à Catherine de libérer les protestants qui ont été emprisonnés après l’affaire d’Amboise. Puis, elle décide d’organiser un colloque à Poissy, afin que se rencontrent catholiques et protestants. Secrètement, elle espère que tout va s’arranger, que chacun cherchera à assouplir ses positions, et qu’une entente est possible. Le 9 septembre 1561, dans son discours d’ouverture, Michel de l’Hospital tient des propos apaisants et demande aux catholiques de rester attentifs à toute esquisse de rapprochement. Mais Théodore de Bèze, le représentant de Calvin, reste ferme : pas question de considérer que le corps du Christ est contenu dans l’hostie. La rupture semble consommée. Quelques mois plus tard, pourtant, l’édit de Saint-Germain-en-Laye autorise les protestants à célébrer leur culte dans les campagnes et les faubourgs des villes. En Béarn, Jeanne d’Albret, reine de Navarre, mère du futur Henri IV, institue officiellement le culte réformé.
Roi de France et de Navarre
La Navarre était un royaume qui s’étendait au nord et au sud de la chaîne des Pyrénées, dans leur partie occidentale. Au XVe
siècle, la Haute Navarre devient espagnole. La Basse Navarre, qui correspond au Béarn, c’est-à-dire à la partie orientale des Pyrénées-Atlantiques actuelles, est conservée par les Albret, famille de la mère d’Henri de Bourbon qui est devenu le roi de France Henri IV. La Navarre sur laquelle règne Jeanne d’Albret est donc un minuscule royaume. Mais il fait le maximum pour la tolérance religieuse. Jeanne d’Albret y instaure la liberté de culte. Un exemple que Catherine de Médicis aurait aimé suivre si elle avait pu. Jusqu’à Charles X en 1830, tous les souverains français porteront le titre de roi de France et de Navarre.Trente-six ans ! Le conflit qui oppose les catholiques et les protestants va durer trente-six ans ! Années marquées par des luttes sans merci, des exécutions, des massacres au cours desquels vont s’affronter deux grandes familles : les Guise pour les catholiques, et les Coligny pour les protestants.