Les massacres reprennent à Orange en février 1571 ! Que faire ? Catherine tourne en rond. La solution ne serait-elle pas de tenter un rapprochement avec Jeanne d’Albret, la reine de la Navarre protestante ? Et puis, le fils de Jeanne d’Albret, Henri, pourquoi ne pas l’inviter à la cour ? Catherine a une fille, Marguerite – Margot… –, qui a l’âge du jeune Navarrais. Les marier pourrait former un couple à l’image d’une future France où vivraient unis catholiques et protestants… Jeanne d’Albret refuse ! Elle craint que la cour pervertisse son fils bien-aimé !
Catherine se tourne alors vers l’amiral Gaspard de Coligny, le chef des protestants. Coligny accepte de se rapprocher du pouvoir royal, mais exige des conditions financières exorbitantes. Catherine accepte ! Il exige aussi qu’une troupe importante de gentilshommes protestants l’accompagne à la cour. Elle accepte aussi ! Mais les Guise, chefs du parti catholique, sont mortifiés ! Ils préfèrent se retirer à Joinville. Le 12 septembre 1571, Coligny qui a exigé des garanties importantes pour sa sécurité arrive à Blois. Charles IX, Catherine et lui décident d’oublier le passé et de construire la paix. Tout va donc enfin pour le mieux, exactement comme ces calmes trompeurs qui précèdent les pires orages…
Jeanne d’Albret décide enfin de se rendre à Blois où elle rencontre Catherine de Médicis. Le mariage d’Henri et de Margot est décidé le 11 avril 1572. Pendant ce temps, Coligny cherche peu à peu à convaincre Charles IX et sa mère qu’une guerre en Flandres serait nécessaire pour combattre la puissance espagnole – mais aussi soutenir les protestants qui s’y sont révoltés. Catherine ne veut pas en entendre parler. Coligny insiste. Déjà des protestants sont partis pour le nord de la France. Ils se sont emparés de Valenciennes, vite reprise par les Espagnols. Charles IX que Coligny gagne peu à peu à ses objectifs en Flandres est tenté par une politique anti-espagnole. Catherine de Médicis sort le grand jeu : si Charles IX entre en guerre contre les Espagnols, elle quitte la France ! Ah, mais !
Un événement tragique calme les esprits : le 9 juin 1572, Jeanne d’Albret meurt d’une pleurésie. Et seulement d’une pleurésie, c’est Dumas qui a inventé l’histoire de gants empoisonnés que Catherine aurait offerts à Jeanne, histoire qui offusque tant le Pécuchet de Flaubert… Les protestants sont désorientés, les catholiques sont ravis ! Coligny revient à la charge : il veut sa guerre en Flandres ! Charles IX remet sa décision à plus tard. Cela permet à Henri de Bourbon (Henri de Navarre, le futur Henri IV) de faire aux côtés de l’amiral de Coligny son entrée dans Paris, le 8 juillet 1572. Il est accompagné de 1 000 cavaliers. Le mariage se prépare activement, même si Margot affirme qu’elle ne prononcera jamais le
« Ils ne me gagneront jamais ! »
Le 18 août 1572, le mariage de Marguerite de Valois – Margot qui a affirmé lorsqu’on lui a parlé de cette union : « Ils ne me gagneront jamais ! » – et d’Henri de Navarre est célébré dans la liesse, malgré l’atmosphère tendue entre les deux partis. Margot a revêtu une robe d’or et s’est couverte d’un manteau bleu dont la traîne fait près de cinq mètres. Comment marier un prince protestant et une princesse catholique ? La messe a d’abord lieu à Notre-Dame, mais la future épousée y assiste seule ! Puis, le cortège sort de la cathédrale sur le parvis de laquelle a été dressée une estrade. Sur cette estrade où sont montés les deux jeunes gens – ils ont tous les deux dix-neuf ans ! – le cardinal de Bourbon leur donne la bénédiction nuptiale. Margot l’avait affirmé : « Ils ne me gagneront jamais ! »… Le cardinal lui pose la traditionnelle question : « Acceptez-vous… » Silence ! Pas de réponse ! Margot reste muette, ne desserre pas les dents. Le roi Charles IX s’est placé à côté d’elle, prévoyant peut-être quelque réaction de sa sœur parfois fantasque. Il pose sa main sur son cou avec assez de force pour qu’elle le ploie. Le cardinal interprète ce ploiement comme un oui, et s’en contente…