À quatre heures du matin, le 24 août 1572, Henri de Guise et ses hommes frappent à la porte de l’hôtel de l’amiral de Coligny. La porte est ouverte par un gentilhomme qui est poignardé. Les exécuteurs montent à l’étage, frappent à mort l’amiral Gaspard de Coligny qui s’écrie en voyant la trogne rouge de son exécuteur : « Encore, si c’était un homme ! C’est un goujat ! » Demeuré en bas, Henri de Guise demande à voir le cadavre. Ses hommes le font basculer par la fenêtre et il s’écrase aux pieds d’Henri de Guise qui donne sur le visage du vieillard un coup de talon (attention, Henri ! Ne fais jamais à autrui ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse un jour…). On lui coupe la tête ! Le cadavre est ensuite découpé en morceaux par une populace déchaînée. Le tronc est emporté et pendu au gibet de Montfaucon.
Matin de noces
La nuit du 24 août, Margot, la jeune épouse, est allée rejoindre au lit Henri de Navarre qui est entouré d’une quarantaine de gentilshommes de sa suite. Elle ne sait rien de ce qui se trame. Au petit jour, Henri se lève et s’en va jouer au jeu de paume, l’ancêtre du tennis. Soudain, la porte de sa chambre s’ouvre et un homme en sang apparaît, il se jette sur elle et implore sa protection. Il s’agit du comte de Léran, un protestant que poursuivent pour l’achever les catholiques surexcités. Le capitaine de Nançay a déjà levé sa dague, mais il n’ira pas plus loin, Margot est reine de Navarre, fille de Catherine de Médicis. Dans un état de frayeur indescriptible, elle se lève et emmène Léran auprès du roi, demandant sa clémence. Comme matin de noces, on a vu mieux…
Les gentilshommes protestants sont amenés dans un couloir du Louvre. Ils attendent. On les pousse vers la sortie. Des soldats suisses et ivres les attendent et les embrochent sur leurs piques. Henri de Navarre et Henri de Condé sont épargnés : ce dernier, menacé par Charles IX lui-même qui a levé son poignard pour l’abattre, est sauvé grâce à Catherine de Médicis qui s’interpose : elle préfère conserver des protestants qui peuvent se retrouver à la tête du royaume plutôt que de laisser les mains totalement libres aux Guise, ces extrémistes enragés. Cinq jours durant, les pires violences, les pires atrocités vont être commises, même si le roi Charles IX, qui semble sortir d’une crise de délire, se rend compte de l’horreur qu’il a déclenchée, et appelle au calme sa ville qui n’est qu’une plaie.
Miracle ! Une aubépine a refleuri au cimetière des Innocents !
Au lendemain du 24 août 1572, le bras des massacreurs commence à faiblir. Soudain, une rumeur folle se met à courir : on a vu une aubépine morte refleurir au cimetière des Innocents ! C’est un miracle ! Un signe que Dieu approuve ce que font les catholiques ! Il faut continuer à tuer, à tuer encore et sans cesse les hérétiques ! Le massacre repart. Pourtant certains curieux veulent approcher l’aubépine miraculeuse. Impossible, elle est gardée par plusieurs rangs de soldats agressifs. Tellement bien gardée qu’elle n’existe que dans la rumeur, lancée par qui ? On se le demande…
Pourtant, ce n’est pas l’ordre d’apaisement qui arrive dans les villes de province, mais le premier : « Tuez-les tous ! » La folie meurtrière atteint Orléans et Bourges le 26 août 1572, Angers et Saumur les 28 et 29, Lyon, le 31, Troyes le 4 septembre, Rouen du 17 au 20 septembre, Bordeaux et Toulouse le 3 octobre. Nantes est épargnée grâce à sa municipalité qui refuse d’organiser quelque crime que ce soit. Le bilan de cette saison de Saint-Barthélemy est terrible : plus de 20 000 morts dans la France entière, sans compter ceux que la Seine ou d’autres cours d’eau en province ont emportés vers l’oubli. À Rome, le pape se réjouit de tous ces événements. Il fait chanter un Te Deum dans sa chapelle !