Henri et Véronica se séduisent, se plaisent tant que le roi ne veut plus quitter Venise ! Il faut que Catherine de Médicis se fâche et envoie le duc de Savoie auprès de son fils pour que celui-ci consente à rentrer ! Une consolation : il demandera l’annulation du mariage de sa maîtresse Marie de Clèves, afin de l’épouser. Le 2 septembre, il est à Chambéry où il retrouve François d’Alençon, son frère, et Henri de Navarre. Le 6 septembre, sa mère vient l’accueillir à Lyon. Les Polonais qui ont appris sa fuite sont en colère : pour eux, ce roi qui s’est enfui la nuit est un voleur qui a dilapidé leur trésor, et un traître !
Malheur ! Le 30 octobre 1574, Henri III vient d’arriver à Avignon. La nouvelle qu’il y apprend le pétrifie et va le plonger dans une douleur affreuse, pendant dix jours, il refuse de s’alimenter. Il va alterner les cris de détresse et les processions de pénitents dans une sorte de délire mystique qui fait craindre pour sa raison : Marie de Clèves, celle qu’il aime, sa maîtresse, l’épouse d’Henri de Condé, vient de mourir en couches. Catherine s’en inquiète. Elle s’inquiète aussi des menées de Montmorency-Damville, gouverneur du Languedoc, fils de son ancien connétable, qui, après avoir vigoureusement défendu le parti catholique, penche maintenant pour celui des protestants.
Heureuse Louise !
Le 13 février 1575, Henri III s’apprête à entrer dans la cathédrale de Reims où il va recevoir la couronne et les onctions qui vont faire de lui le roi de France. Partant pour la Pologne deux ans auparavant, il avait rencontré en Lorraine Louise de Vaudémont. Il avait été frappé par sa ressemblance avec Marie de Clèves qui vient de disparaître. C’est elle qu’il a choisie pour épouse et reine ! Le jour du sacre, Henri III qui a cousu lui-même les pierreries sur ses étoffes cérémonielles change sept fois de tenue ! Lorsque le cardinal de Guise lui met la couronne sur la tête, il a un malaise car il a dû rester à jeun pour respecter la tradition. La couronne, à deux reprises, glisse sur sa tête, et il s’en faut de peu qu’elle tombe à terre. Autant de présages qui font dire aux superstitieux que le règne se passera mal. Le 15 février a lieu le mariage d’Henri et de Louise. C’est lui qui la coiffe ! Et il met tellement de temps à façonner les cheveux de la reine que la cérémonie doit être reportée dans l’après-midi ! Si Henri regrettera toujours Marie, la belle Louise, sa femme, lui voue une véritable admiration. Elle aime comparer sa vie à un conte de fées. Enfin quelqu’un d’heureux !
En septembre 1575, Catherine de Médicis apprend une nouvelle qui l’atterre : son fils, François d’Alençon, le frère du roi, vient de rejoindre le camp des huguenots, le camp des Condé, celui des rebelles ! C’est un coup dur qu’atténue un peu la victoire que remporte Henri de Guise à Dormans contre les protestants le 10 octobre. Au cours de cette bataille, il reçoit un méchant coup de pertuisane à la joue. Il en conservera une cicatrice qui lui procurera le même surnom que son père : le Balafré, ou, plus précisément, le second Balafré !
Henri de Navarre, son gendre, en fuite le 5 février 1576, François d’Alençon son fils passé dans le camp des protestants, Catherine, lasse de lutter, accepte de signer la paix à Étigny, près de Sens, paix qui sera confirmée le 7 mai 1576 par un édit de pacification : l’édit de Beaulieu. François d’Alençon, frère du roi, dicte les conditions :
Ces conditions de la paix de Monsieur – appelée ainsi car elle est l’œuvre du frère du roi – très favorables aux Huguenots, vont déclencher la constitution de la ligue catholique.
En décembre 1576, les états généraux sont réunis où l’autorité du roi est remise en cause, de sorte que cette assemblée décrète en janvier 1577 que la paix de Monsieur est rompue, et que la religion réformée est supprimée ! Bientôt, Damville et le frère du roi – qui a finalement obtenu la dotation territoriale qu’il désirait… – regagnent le parti catholique. Deux nouvelles guerres vont ensuite se dérouler, limitées au Languedoc : la sixième et la septième.