Cela peut étonner car, dans la mémoire collective, Henri III est demeuré celui qui entretenait des mignons, terme dont l’histoire oublie volontiers qu’il est dépourvu, à cette époque, de la connotation homosexuelle qu’on lui donne aujourd’hui. Certes, les favoris d’Henri III se fardent et se poudrent (comme tous ceux qui aujourd’hui passent à la télévision…), mais ce sont, comme leur protecteur, de fameux coureurs de jupons et des soldats qui savent prouver leur valeur sur le champ de bataille. La mort du duc de Joyeuse, le premier mignon du roi, en est l’exemple. Ils n’ont rien d’efféminé, ces mignons, malgré leurs anneaux aux oreilles, leurs dentelles et fanfreluches. La vérité, c’est qu’on tolère mal, dans une cour qui a toujours promu la virilité brute et considéré le raffinement comme de la faiblesse, le penchant d’Henri III et de son entourage pour la culture, pour l’élévation de l’esprit, pour l’insouciance inspirée d’une fête sans limite. Henri III se dégage des reliefs de la féodalité musclée et machiste en cultivant une image différente, des apparences qu’une lecture myope et orientée s’empresse de faire basculer dans une famille de comportements qui a fait au long des siècles les frais d’un inexplicable instinct d’agression meurtrière. Le nazisme ne fut pas en reste dans ce domaine…
À Paris, le clergé catholique qui suit de près les événements harangue les fidèles dans les églises, prononçant des sermons qui fanatisent le peuple. L’atmosphère est surchauffée dans la capitale. Les ligueurs ont interdit à Henri III de nouer quelque relation que ce soit avec les protestants. Et pour faire pression sur lui, ils ont demandé à leur chef, Henri de Guise, de venir à Paris. Le 9 mai 1588, malgré l’interdiction que lui en a faite Henri III, Henri de Guise fait son entrée dans la capitale. Les Parisiens lui font un triomphe. Henri III se méfie de la tournure que pourraient prendre les événements : il fait venir 4 000 Suisses en armes et 2 000 gardes françaises. Il les dispose autour du Louvre et de l’île de la Cité. Dans Paris le bruit court qu’ils sont là pour assassiner les catholiques !
Au matin du 12 mai 1588, des barriques par centaines commencent à barrer les rues, reliées par des chaînes. Ainsi, pour la première fois, apparaissent les barricades construites avec des tonneaux (barils, barriques, d’où ce nom, barricade, vous l’avez compris !), mais aussi des objets de toutes sortes. Cette première journée des barricades – qui sera suivie de beaucoup d’autres dans l’histoire – tourne à l’avantage d’Henri de Guise dont les hommes, au nombre de 100 000, vont jusqu’à défendre les Suisses d’Henri III, menacés par les Parisiens ! Le roi sent son autorité tellement amoindrie qu’il quitte Paris le 13 mai. Il se rend à Tours dont il fait sa nouvelle capitale. Le 15 juillet 1588, la ligue d’Henri de Guise triomphe : Henri III capitule devant leurs exigences et signe un édit qui vise à lutter de toutes les façons contre les protestants.
L’invincible Armada...
L’invincible Armada : 130 vaisseaux, 30 000 hommes dont 20 000 soldats. Des chevaux, des mules, un hôpital de campagne : en Espagne, tout est prêt pour envahir l’Angleterre en juillet 1588. Philippe II n’a pas lésiné sur les moyens, mais ce n’est pas lui qui nomme cette flotte