Deux prétendants pour un trône
Difficile pour Henri de Navarre, protestant, de prendre la succession d’Henri III dans un pays à majorité catholique ! De plus, le frère cadet d’Henri de Guise, Charles de Lorraine, appelé Mayenne – financé par l’Espagne –, a proclamé roi, sous le nom de Charles X, le cardinal de Bourbon qui est emprisonné à Chinon. Les deux camps, celui des catholiques avec Mayenne à leur tête, et celui des protestants avec Henri de Navarre, vont donc se faire la guerre ! Les affrontements se succèdent sans victoire décisive jusqu’au 14 mars 1590. Ce jour-là, à Ivry, à l’est de la plaine de Saint-André, sur l’Eure, Mayenne qui préfère les escarmouches au combat, sachant Henri de Navarre fin tacticien, aligne plus de 30 000 hommes. Henri ne lui en oppose que 12 000.
14 mars 1590 : « Ralliez-vous à mon panache blanc ! »
Trois jours auparavant, Henri de Navarre a exposé son plan d’attaque. Il adopte une disposition de ses lignes identique à celle qui lui avait donné la victoire de Coutras. Dans un premier temps, Mayenne a l’avantage. Avant d’engager le combat, Henri avait lancé à ses soldats : « Si vos cornettes vous manquent, ralliez-vous à mon panache blanc ! Vous le trouverez sur le chemin de la victoire et de l’honneur ! » Henri se lance donc, panache sur le casque, dans une charge folle. Celui qui le précède tombe mort, une balle entre les deux yeux ! Henri fonce dans la mêlée, tue sept ennemis et parvient à couper en deux l’armée de Mayenne dont les troupes se débandent. Ivry vient de devenir Ivry-la-Bataille. Il reste maintenant Paris à conquérir !
La conquête de Gabrielle
Difficile de conquérir la ville de Paris qui est ravitaillée par les Espagnols ! Le siège de 1590 ne sera pas couronné de succès. Un peu plus tard, il déguise ses soldats en paysans qui vont livrer de la farine dans la capitale ; massés près de la porte Saint-Denis, ils doivent fuir à toutes jambes car la ruse a été découverte. Il faudrait qu’Henri abjure, qu’il se convertisse au catholicisme : il entrerait dans Paris et le pays retrouverait la sérénité. Qui pourrait convaincre Henri d’abjurer ? Une de ses plus belles conquêtes : l’éblouissante Gabrielle dont vous allez suivre les étapes de la séduction…
18 juin 1590 : Henri ébloui !
C’est l’ennui qui domine parfois dans les rangs d’Henri IV alors que le siège de Paris s’étire en longueur, en 1590. Il faut se distraire. Aussi, voyant le roi un peu morose, Roger de Bellegarde, grand écuyer de France, propose à Henri IV de l’accompagner au château de Cœuvres, tout près de Compiègne où ils logent. Les voilà partis galopant dans la campagne. Il fait beau, ce lundi 18 juin 1590. Roger de Bellegarde souhaite présenter au roi sa nouvelle conquête féminine : Gabrielle d’Estrées, une jeune fille de dix-sept ans, si belle que le roi, dès qu’il la voit, est ébloui. Il ne la quitte pas une seconde des yeux, et Roger de Bellegarde se dit qu’il aurait mieux fait de ne pas conduire le roi à Cœuvres…
Gabrielle d’Estrées, dix-sept ans, et le roi à ses pieds !
Henri est fou amoureux, mais Gabrielle n’a que faire de ce barbu de quarante ans, tout roi qu’il est, et qui répand une odeur aigre où dominent l’ail et la certitude que la dernière toilette remonte au moins au semestre précédent – sa maîtresse Henriette d’Entragues, qui succèdera à Gabrielle, lui dit qu’il pue comme charogne
! Gabrielle, après avoir repoussé Henri, ne tarde pas à admettre, avec sa tante qui la conseille, que le lit du roi est plus adapté à ses ambitions que celui du beau Roger ! Mais avant de céder aux avances royales, elle agit de sorte que toute sa famille profite de son futur nouveau statut de maîtresse du souverain qui, de plus en plus amoureux, en vient à faire passer ses affaires de cœur avant les affaires d’État !20 janvier 1591 : Gabrielle résiste, Gabrielle cède
La résistance de Gabrielle dure plus de six mois ! Enfin, un événement décisif survient : François d’Escoubleau de Sourdis, l’oncle de Gabrielle, est évincé du gouvernement de la ville de Chartres par les membres de la ligue catholique. Gabrielle s’en plaint à Henri. Que fait Henri ? Il conduit ses troupes vers Chartres. Et que fait Gabrielle ? Elle rejoint Henri dans le camp où il se trouve ! Que se passe-t-il entre eux, à l’intérieur du camp, sous la tente, et dans la nuit du 20 au 21 janvier 1591, avant la bataille de Chartres ? On le devine, ou alors, on y met de la mauvaise volonté !
10 avril 1599 : « La racine de mon cœur est morte ! »