Les guerres de religion, terribles guerres civiles ! Trente-six années de troubles, de massacres, entre 1562 et 1598 ! La sinistre inauguration de ces noires décennies a lieu à Wassy, le 1er
mars 1562. Le duc François de Guise veut se venger de Catherine de Médicis qui ne soutient pas l’évêque de Châlons, en désaccord avec les Réformés de son diocèse. Il bat la campagne avec ses troupes, arrive à Wassy en Champagne où les cloches sonnent pour la célébration du culte des Réformés. Il fait demander aux pasteurs en pleine cérémonie de se rendre auprès de lui. Ils sont accueillis à coups de pierres. Les cris de « Mort-Dieu ! Il faut tout tuer ! Au huguenot ! Tue ! » s’élèvent immédiatement et les arquebusiers entrent en action. Bilan : soixante-quatorze morts et 200 blessés parmi les protestants !Poumons pourris
Cruel, Charles IX ? Sans doute ! Bizarre en tout cas, nerveux de façon maladive, sujet à des crises de mélancolie ou d’hystérie, d’hallucinations. À la chasse, il tue tous les animaux qu’il rencontre, y compris les ânes et les porcs ! Au Louvre, il lui arrive parfois de courir dans les couloirs, une selle sur le dos ! Bizarre… et malade des poumons : Ambroise Paré, ayant examiné le cadavre du souverain, écrit : « Les deux poumons du roi étaient pourris.»
Dans les semaines qui suivent, les protestants réagissent avec le prince de Condé à leur tête en provoquant un soulèvement général. Ils s’emparent de plusieurs villes. Le 19 décembre 1562, dans la plaine de Dreux, les ennemis se rencontrent et livrent bataille. L’issue du combat est insolite : le chef des protestants, Louis de Condé, est fait prisonnier par les catholiques, et le chef de l’armée catholique, Montmorency, est fait prisonnier par les protestants… Le 4 février 1563, le duc François de Guise – on l’appelle le roi de Paris tant les Parisiens l’apprécient – met le siège devant Orléans, aux mains des Réformés. C’est là qu’il est mortellement blessé par un soudard, aventurier huguenot du nom de Jean Poltrot, qui lui décoche trois coups de pistolet dans le dos le 18 février.
Son fils Henri, 13 ans, le futur « second Balafré » (le premier Balafré étant son père lui-même dont Ambroise Paré avait tiré de la joue un morceau de fer au siège de Boulogne en 1545) l’assiste jusqu’à sa mort le 24 février. Désormais, il n’aura plus qu’une idée : venger son père, malgré les derniers mots de celui-ci qui l’invite à la modération. Le 18 mars, Poltrot est écartelé puis brûlé en place de Grève. Sa tête est fichée sur une pique plantée devant l’Hôtel de Ville. Le même jour, un traité de paix avait été signé à Amboise, qui confirme la liberté de conscience, déjà accordée par l’édit de Saint-Germain en janvier 1562, mais restreint la liberté de culte. La paix, certes, mais chacun sait que la lutte continue…
Catherine désire installer la paix dans le royaume. C’est une gageure, car protestants et catholiques semblent ne jamais devoir s’entendre. Pourtant, avec courage, elle va tout tenter pour parvenir à ses fins !
Partout en France vont se dérouler des massacres, des tueries, à Orléans, Tours, Angers, dans le Dauphiné, en Languedoc. Après la paix d’Amboise, Catherine de Médicis commence le 24 janvier 1564, avec Charles IX devenu majeur le 18 août 1563 – mais qui a confirmé sa mère dans son rôle de régente – un tour de France destiné à présenter dans les principales villes l’édit d’Amboise qui autorise le culte huguenot dans les cités où ils sont en majorité. Elle achève ce tour de France en avril 1566. Voilà pourquoi dans beaucoup de villes, petites ou grandes, on peut lire aujourd’hui, dans les dépliants touristiques : « Catherine de Médicis et son fils le roi Charles IX passèrent la nuit ici… » En deux années, ils visitèrent des centaines de cités.
En juin 1566, à Pamiers, alors qu’on croyait apaisées les rivalités, les protestants assaillent des églises. La répression est féroce : 700 calvinistes – dont de nombreux enfants – sont massacrés par les catholiques à Foix. Les protestants complotent alors de nouveau. En août 1567, ils mettent au point un plan pour enlever le roi et la reine. Mais, le 24 septembre, mis au courant dans la nuit, ceux-ci s’enfuient à Meaux. Dans le même temps, l’agitation protestante se poursuit : à Nîmes, le 29 septembre, les prêtres catholiques et les notables de la ville sont assassinés par les protestants. Dans le Languedoc, des religieux catholiques sont égorgés. Les protestants, qui ont à leur tête Henri de Condé et Gaspard de Coligny, massent leurs troupes aux portes de Paris !