L’uniforme qui a délaissé le pantalon garance se fond dans un paysage où la mort peut tomber à tout instant, tomber ou planer en vagues de brume jaune : le terrible gaz moutarde, l’ypérite.
L’année 1915 est celle des efforts multipliés, sans grand résultat. Le front occidental s’étend de la mer du Nord à la frontière suisse, immobile ! Du 15 février au 18 mars, l’offensive lancée par les Français en Champagne échoue. Le 22 avril, près d’Ypres, en Belgique, les Allemands, malgré l’interdiction qui en est faite par le pacte de La Haye datant de 1899, utilisent, lors d’une attaque, un gaz dont l’emploi va sa généraliser sous le nom de gaz moutarde. On va aussi l’appeler l’ypérite – du nom d’Ypres, où les Allemands l’utilisent pour la première fois, le 22 avril 1915. Ce gaz détruit bronches et poumons en quelques instants, ou bien laisse des séquelles atroces qui font mourir à petit feu ceux qui en ont été victimes. L’effet de ces gaz, parfois, se retourne contre ceux qui en font usage, lorsque le vent change brusquement de direction. Du 9 mai au 18 juin, des offensives alliées sont lancées en Artois. Cinq kilomètres de terrain – parfois davantage, parfois moins selon le lieu – peuvent coûter jusqu’à 100 000 morts !
Il faut rompre le front, par tous les moyens. En janvier 1916, Falkenhayn, le général allemand, décide de porter un coup décisif à l’armée française, de la saigner à blanc. Il décide d’atteindre Verdun dont il est tout proche ! Fin décembre 1915, Joffre a commencé à préparer, avec les autres généraux, une offensive prévue pour l’été : les franco-britanniques devront rompre le front dans la Somme, sur une largeur d’une trentaine de kilomètres. Falkenhayn n’attend pas l’été, il passe à l’action le 21 février 1916, à sept heures quinze. La préparation d’artillerie va durer neuf heures ! Lorsqu’elle se termine, vers seize heures, plusieurs millions d’obus ont été tirés. L’infanterie allemande entre en action immédiatement après, bousculant ce qui reste des première et deuxième lignes françaises. Pour la première fois, des lance-flammes sont utilisés.
Les 23 et 24 février, les Allemands avancent, s’approchent de Verdun. Le 25, ils s’emparent du fort de Douaumont. Pétain prend alors la direction des opérations dans ce secteur, clamant le célèbre : « Courage, on les aura ! » En 24 heures, 6 000 camions montent vers le front afin d’y conduire des troupes fraîches. Ils empruntent une route qui va prendre le nom de