Le 2 mars 1916, Charles de Gaulle, devenu capitaine depuis Dinant, défend le fort de Douaumont. Dans un corps à corps, il est blessé d’un coup de baïonnette et fait prisonnier. Transporté et soigné à Mayence, il est ensuite interné dans un camp de prisonniers à Osnabrück. Dans son unité, on le croit mort. Le fort de Douaumont est enlevé par les Allemands le 4 mars. Des combats acharnés vont rendre tristement célèbres des noms de lieux insignifiants jusqu’alors : le Mort-Homme, le bois des Corbeaux, le bois de la Caillette, le bois des Caures, le fort de Vaux, le fort de Fleury, de Froideterre. Et la fameuse côte 304 qui, le 21 février, le jour de l’attaque, a été rabotée de sept mètres sous le déluge d’obus ! Le premier mai, au prix de dizaines de milliers de morts, Pétain a réussi à contenir l’avance de l’armée allemande. Il est nommé commandant de l’armée du centre, et remplacé, à Verdun, par le général Nivelle.
La tranchée des baïonnettes
Le 11 juin 1916, les deux compagnies du 137e
régiment d’infanterie de Fontenay-Le-Comte, composé de Vendéens et de Bretons, relève le 337e RI à proximité de la ferme de Thiaumont, près de Verdun. Pendant qu’une section aux ordres du lieutenant Polimann s’apprête à défendre sa position, un violent bombardement s’abat sur le secteur et se poursuit une partie de la nuit, ce qui annonce une offensive pour le lendemain. Le 12 juin, au petit matin, les soldats attendent dans une tranchée, baïonnette au canon, grenade à la main. Soudain, une série d’obus s’abat en avant et en arrière de cette tranchée, en rapprochant les bords, ne laissant dépasser que les baïonnettes de cinquante-sept soldats qui vont mourir enterrés vivants. Ces baïonnettes pointées vers le ciel semblent, aujourd’hui encore, monter la garde. Une garde éternelle.Les Allemands aimeraient en finir avec Verdun, sachant que l’offensive française sur la Somme est imminente. Le 22 juin, ils lancent leurs terribles bombes à gaz, le phosgène, mortel en quelques secondes. Mais sans cesse, des renforts français sont envoyés au combat et parviennent à contenir l’ennemi. Les ordres d’attaque, côté allemand, ne seront suspendus par Falkenhayn que le 12 juillet au soir : l’offensive sur la Somme vient de commencer.
Les chars d’assaut anglais font leur apparition lors de cette offensive sur la Somme qui ne va pas permettre de réaliser les objectifs de Joffre.
L’attaque reprend le 3 septembre. Les Français s’emparent de Cléry. Le 15 septembre, les Anglais emploient d’énormes chars d’assaut qui leur permettent d’avancer de quelques kilomètres en trois heures. Dix jours plus tard, ils ont repoussé les lignes allemandes jusqu’au village de Combles, à mi-chemin de Bapaume et Péronne. Les combats vont se poursuivre jusqu’en octobre. L’offensive se termine le 18 novembre. Joffre n’a pas atteint ses objectifs, même s’il s’est avancé d’une dizaine de kilomètres et qu’il s’est emparé d’un territoire que l’ennemi avait puissamment fortifié. Ces dix kilomètres ont été gagnés au prix de 1 200 000 tués ou blessés – Français, Britanniques et Allemands – en à peine six mois !
Les Allemands ont perdu la bataille de Verdun
Le 3 novembre, le fort de Vaux, au nord-est de la ville de Verdun, est repris par les Français. Joffre déclare : « Les Allemands ont perdu la bataille de Verdun ! » Le 29 août, Falkenhayn, considéré comme le responsable de la défaite, avait été relevé de ses fonctions et remplacé par Ludendorff et Hindenburg. Mais il faut attendre décembre et la reprise des attaques pour que la victoire soit définitive. Entre le 15 et le 25 décembre – date à laquelle Joffre est fait maréchal de France et Nivelle nommé commandant en chef des armées françaises –, les Français repoussent les Allemands, faisant près de 15 000 prisonniers et prenant une centaine de canons. Cette fois, Verdun, c’est bien fini !