En 1936, une immense vague d’espoir donne la victoire au Front populaire, lors des élections du 3 mai. Près de deux millions d’ouvriers se mettent spontanément en grève afin de créer la pression nécessaire pour que soient prises des décisions en leur faveur. Léon Blum est chargé de former un nouveau gouvernement, soutenu par les communistes – qui n’y participent pas – et composé de socialistes et de radicaux. Innovation hardie pour cette époque où les femmes n’ont pas le droit de vote : elles sont trois choisies par Blum comme sous-secrétaires d’État : Cécile Brunschvicg à l’Éducation nationale, Irène Joliot-Curie à la Recherche scientifique et Suzanne Lacore à la Protection de l’enfance.
Les 7 et 8 juin 1936, à la demande de Léon Blum, des négociations s’ouvrent entre le patronat et la CGT. Peu avant une heure du matin, le 8 juin, les accords de Matignon sont signés, entérinés par les lois votées pendant l’été 1936. Ces accords prévoient :
Quinze jours à ne rien faire, sans perte de salaire ! Bientôt va commencer – pacifiste après la belliciste de 1914 – une nouvelle course à la mer…
Le fascisme se développe en Allemagne avec Hitler, en Italie avec Mussolini. L’Espagne de Franco bénéficie de leur soutien. L’Europe s’achemine à grands pas vers un nouveau conflit que ne voient pas venir ceux qui apprennent la signature des accords de Munich : pour eux, la paix est sauvée…
Efficaces, les grèves des ouvriers pour faire aboutir les revendications ! Efficaces aussi, ces grèves, pour inquiéter les milieux financiers, faire fuir les capitaux, affaiblir la monnaie et provoquer, par la hausse des salaires, une hausse des prix ! Il est temps de remettre les pieds sur terre : Léon Blum annonce, en 1937, une pause dans les réformes sociales. Cette pause est rendue d’autant plus nécessaire qu’il va falloir penser à réarmer le pays : Adolf Hitler, devenu chancelier du Reich allemand en 1933, et qui – de même que Mussolini en Italie –, développe et applique, les mains libres, l’idéologie fasciste, a décidé, le 7 mars 1936, de franchir le Rhin et de réoccuper la zone démilitarisée ! Et cela au mépris du traité de Versailles, des accords de Locarno.
Les républicains espagnols auraient besoin d’aide pour lutter contre les nationalistes. Beaucoup de Français vont passer la frontière pour leur prêter main forte, Malraux par exemple. D’autres voudraient renforcer les rangs de Franco…
Mais ce n’est pas tout : l’Espagne vient d’entrer dans une terrible guerre civile – qui va durer jusqu’en 1939. Tout porte à croire que les nationalistes de Franco vont gagner. Il faudrait aider les républicains, mais la France s’y refuse, craignant un embrasement général de l’Europe. Le gouvernement ferme cependant les yeux sur la contrebande d’armes organisée à la frontière espagnole. Des volontaires de tous les pays vont affluer pour combattre aux côtés des républicains espagnols ; ainsi André Malraux, à la tête de son escadrille Espana, et qui publie, en 1937, dans son roman l’Espoir, son expérience de combattant – pendant que Paul Claudel se fend d’une
La guerre civile espagnole : un terrain d’entraînement pour Hitler
Depuis 1931, l’Espagne est devenue une république parlementaire et démocratique. Mais elle doit faire face à l’opposition des conservateurs – grands propriétaires fonciers, cadres de l’armée et clergé catholique – qui sont hostiles aux réformes sociales et à la démocratie. En 1936, les partis républicains – socialistes, radicaux, communistes et anarchistes – se sont réunis pour former un