Après le Bloc national de droite, le Cartel des gauches s’installe aux commandes. Cette gauche est tellement disparate qu’elle n’inspire guère confiance aux financiers. C’est encore Poincaré qu’on va chercher pour stabiliser la situation !
Mis à part son intransigeance envers l’Allemagne, le Bloc national dont le bilan est dressé aux élections de 1924, ne s’est pas illustré par une reprise en main efficace de l’économie. Au contraire : le franc ne cesse de glisser vers l’abîme, face à la livre anglaise qui grimpe vers les sommets ! Aussi les électeurs mettent-ils en place l’opposition de gauche, plutôt composite puisqu’elle rassemble la gauche radicale, le groupe radical et radical-socialiste, et les socialistes. C’est ce qu’on appelle le Cartel des gauches.
Aussitôt élu, le 11 mai 1924, ce Cartel exige la démission du président de la République Alexandre Millerand. Il est remplacé par Gaston Doumergue, élu le 13 juin. Édouard Herriot, président du Parti radical, devient président du Conseil. Il tente de faire appliquer à l’Alsace et à la Lorraine la loi de la séparation de l’Église et de l’État dont ces deux provinces avaient été exclues puisqu’elles étaient allemandes lors des décisions du petit père Combes. En vain : l’Alsace et la Lorraine, encore aujourd’hui, vivent sous le régime du concordat de 1801. Les catholiques lui refusent leur confiance, les banquiers ne sont pas davantage convaincus. Les capitaux fuient d’autant plus vite le pays qu’il tente de créer un impôt… sur le capital. Il démissionne, accusant de son échec ce qu’il appelle le « mur d’argent ».
En 1926, la situation financière est désastreuse. Herriot tente de former un nouveau gouvernement, en vain. Il faut aller chercher celui par qui la confiance et les finances vont revenir…
Pendant ce temps, Aristide Briand, infatigable ministre des Affaires étrangères, s’est efforcé de prolonger les accords de Locarno par des actions concrètes visant au rapprochement des deux pays. Ainsi, en 1928, est signé le pacte Briand-Kellog – Kellog est le secrétaire d’État américain – qui, avec l’assentiment des États-Unis, met la guerre hors-la-loi. En août 1929, un allègement de 70 % des réparations dues par l’Allemagne est accepté à la conférence de La Haye – Briand y propose aussi la création des États-Unis d’Europe, mais l’idée n’est pas suivie. En 1930, les alliés évacuent la Rhénanie – ils n’en devaient partir qu’en 1935. Finalement, tout irait pour le mieux dans le meilleur des « entre-deux-guerres » possibles, en cette année 1929, si d’une part Raymond Poincaré ne devait subitement démissionner après une grave et soudaine opération ; et surtout si, d’autre part, en d’autres lieux, à New York, la Bourse n’allait s’effondrer !
En ligne : Maginot
Le désir de paix est augmenté de précautions qui, bien concrètes, rassurent mieux que les bonnes intentions. Il faut, selon les hommes politiques de l’époque qui entrevoient la possibilité d’un nouveau conflit, fortifier la frontière est de la France. On opte pour le projet d’André Maginot, le ministre de la Guerre. Il prévoit une organisation fortifiée en Alsace et en Lorraine. La trouée de la Sarre, entre ces deux régions, serait protégée par un système d’inondations artificielles en cas d’attaque allemande. Les travaux gigantesques et qui engloutissent des milliards de francs sont effectués de 1930 à 1936. Et le nord, la Belgique ? Rien ou presque n’est prévu ! Les Allemands, si l’envie leur prend d’envahir de nouveau la France, n’utiliseront certainement pas deux fois, traîtreusement, ce passage ! Il faut voir…