177 de notre ère. Lyon. Comme tous les ans au mois d’août, les délégués des peuples de la Gaule se réunissent autour de l’autel d’Auguste. Une grande effervescence règne alors dans toute la ville. Des marchands de toutes sortes sont venus pour participer à la grande foire, on a prévu des réjouissances en quantité, notamment dans l’amphithéâtre. Au programme, évidemment, des bêtes féroces vont s’entredéchirer, et des gladiateurs s’entretuer, mais il y a du nouveau, et la rumeur court : c’est de l’inédit, du jamais vu ! Qu’est-ce donc que cette grande première qui se prépare ? Eh bien, ceux qui se terrent dans des lieux étranges où ils célèbrent leur dieu, ceux qui lui offrent en sacrifice des enfants et pratiquent le cannibalisme, ceux dont le prophète a une tête d’âne, ceux-là à propos desquels on colporte les pires calomnies, les pires mensonges, ceux-là vont être martyrisés dans l’arène ! C’est ainsi qu’une foule délirante voit les premiers chrétiens subir les supplices les plus abominables.
Les animaux s’en détournent
Parmi ceux qui vont être sacrifiés, il y a la jeune Blandine qui a refusé de renier sa religion. Elle est emmenée dans l’amphithéâtre, après avoir été torturée. La voilà livrée aux fauves dont le regard parmi tous les regards qui l’entourent n’est pas le plus effrayant. Elle est frêle et belle. Elle est suspendue par les bras et laissée aux animaux qui s’en détournent, ne l’attaquent pas. Elle est mise sur un gril. Atrocement brûlée, elle est ensuite enroulée dans le filet d’un rétiaire qui surveille les opérations. Ce gladiateur l’abandonne à un taureau sauvage lancé dans l’arène. Le taureau embroche Blandine avec ses cornes, la lance en l’air. Et le gladiateur achève la jeune fille avec son glaive en lui tranchant la gorge ! La pax romana
, oui… mais pas pour tout le monde ! Maturin, Pergame, Sanctus et Attale, tous chrétiens, ont subi le même sort le même jour. Il faudra attendre 313, et beaucoup d’autres massacres de chrétiens, pour que l’empereur Constantin, devenu chrétien, accorde à tous la liberté de conscience.
De 200 à 400 : les barbares font la mode
Il fallait bien que ça arrive ! « Rien n’est jamais acquis », dit le poète. Et il a bien raison : la pax romana
bat de l’aile, les frontières de l’Empire subissent des assauts de plus en plus fréquents des Germains au nord. On renforce le limes (alors ? le limes ? vous rappelez-vous ce que c’est ?). Mais c’est peine perdue…Une armée mixte
À vrai dire, les barbares sont là depuis déjà bien longtemps. Ils ont peu à peu infiltré la population gauloise, de façon discrète d’abord, sans coup férir, en s’intégrant d’autant plus facilement aux villes et aux villages qu’ils arrivaient en tout petit nombre. Et puis, bientôt, peut-être à cause de la baisse de la fécondité des Gallo-Romaines, ils se sont enhardis au point qu’en 330 l’empereur Constantin les autorise à porter leur emblème, à chanter leurs hymnes guerriers. Et voici l’armée romaine qui se transforme en armée mixte où les coutumes franques – les coutumes des barbares – concurrencent les traditions impériales.
Ils portaient des culottes et des bottes
À Rome, la barbarie – c’est-à-dire, finalement, la différence – séduit et attire, sans doute parce qu’elle libère du carcan des habitudes et des codes. Ainsi, vers la fin du IVe
siècle à Rome, la jeunesse – ou bien un certain âge mûr – porte les cheveux à la barbare, c’est-à-dire bien longs, le plus long possible, pour provoquer ceux qui tiennent à la coutume des cheveux courts. On quitte la toge et on porte des braies, les pantalons de l’époque avec toutes les fantaisies de taille et de longueur qu’on imagine facilement pour en être témoin aujourd’hui. On chausse des bottes de barbares. Et ainsi, on s’avance dans la ville, fier d’avoir adopté la mode nouvelle venue du nord, avec au fond de soi la jubilation cynique des provocateurs ! Jubilation d’autant plus vive que trois édits ont interdit toutes ces manifestations ostensibles de sympathie barbaresque !
Les cousins germains arrivent en 406
Les Vandales ! Les voici, ils arrivent ! Nous sommes le 31 décembre 406. Le Rhin est gelé près de Mayence (Mainz). Ils ont rassemblé les enfants, les femmes, les vieillards, les troupeaux, les chariots chargés de vivres et les voilà qui s’engagent sur la glace, comme s’ils n’avaient attendu que la formation de ce pont naturel. Tous les pays de l’Europe de l’Ouest et l’Afrique du Nord vont connaître… le vandalisme !
Les Vandales au nord, les Wisigoths au sud
Le territoire qu’occupe la France est une vaste terre d’accueil pour les populations qui ont décidé de goûter la douceur de son climat et la fertilité de ses terres…
Les Suèves, les Alains, les Burgondes…