Mais qu’est-ce qui leur prend, à ces Vandales de débouler ainsi dans une Gaule tranquille qui s’apprête, un peu popote, à s’affranchir d’un Empire victime de ses querelles politiques dans la Rome décadente ? Pourquoi cet empressement, comme si on les poursuivait, ou comme si on les harcelait. C’est bien cela : on les poursuit, on les harcèle depuis des années ! Qui sont-ils ces poursuivants redoutables ? Les Huns, nous en reparlerons ! En attendant, voici la déferlante vandale qui s’engage sur les voies romaines, à toute allure, et qui ne s’arrête que pour piller, détruire, tuer, saccager, démolir, égorger, incendier, bref, pour vandaliser toutes les régions traversées ! En 409, ils sont en Espagne. Mais il ne faudrait pas croire que les Vandales sont seuls sur le Rhin gelé ! Il y a aussi les Suèves et les Alains, et puis les Burgondes qui étaient venus de lointaines contrées de la Pologne actuelle jusqu’en Allemagne. Le Rhin franchi, moins agités que les Vandales, les Burgondes se dirigent vers une région aujourd’hui bénie des amateurs de côte-de-beaune, de montrachet, de chablis ou de vougeot : la Bourgogne (de Burgondes) !
Martin, un saint comme on n’en fait plus !
Amiens. Janvier 336, il gèle à pierre fendre ! Martin qui est né en Pannonie, l’actuelle Hongrie, et qui est devenu soldat à quinze ans, sert en Gaule. À la porte de la cité, il rencontre un pauvre nu. Martin, chrétien convaincu, a déjà distribué tout ce qu’il a en cours de route, il ne lui reste que son manteau. Il se saisit alors de son épée, et coupe son vêtement chaud en deux, donnant au pauvre de quoi se vêtir – et l’autre moitié alors, il ne pouvait pas la donner ? Non ! Elle appartenait à l’armée romaine dont il faisait partie ; généreux, Martin, pas voleur ! La nuit même, le Christ lui apparaît en songe : c’était lui le pauvre nu qu’il a secouru ! L’affaire se sait et voilà Martin déjà vénéré comme un saint.
Martin est baptisé à Amiens. Il s’emploie à persuader les paysans que leurs arbres sacrés et leurs temples doivent être remplacés par le culte chrétien. Ceux-ci un jour, pour se venger, l’attachent à un sapin. En face, ils en abattent un autre qui doit logiquement écraser notre saint ficelé ! Mais miracle : le sapin coupé vacille, se redresse et va tomber de l’autre côté. Cela se sait encore, et voilà Martin presque divinisé !
Mais, un jour, à Candes, au confluent de la Vienne et de la Loire, Martin meurt comme tout le monde ! Les moines de Ligugé et ceux de Marmoutier, villes où il avait fondé des monastères, se disputent sa dépouille. Ce sont les Tourangeaux qui l’emportent, Martin ayant été évêque de Tours. Cela se déroule au début de novembre 397. Alors survient un phénomène étonnant : au passage de la dépouille de Martin, les arbres reverdissent, des roses s’épanouissent, la nature refleurit tout à coup ! Et chaque année la nature se souvient de ce miracle et nous offre… l’été de la Saint-Martin ! On inhuma Martin le 11 novembre, et on prit soin d’installer sa cape (la moitié restante – et romaine – du manteau donné au pauvre) dans un sanctuaire qu’on nomma tout simplement
Qui aurait pu penser, en 407, que la paisible frontière alpine allait être franchie en peu de temps par un peuple prestigieux, organisé, venu au IIe
siècle des côtes de la Baltique et qui avait fondé au IVe siècle, un royaume quasi nomade dans les steppes d’Ukraine ? Personne ! Et pourtant, le voici, ce peuple des Wisigoths, convertis à une forme de christianisme qui nie la divinité du Christ (pour eux, c’est un homme comme un autre) : l’arianisme fondé par Arius, prêtre d’Alexandrie au IIIe siècle. Les Wisigoths ont été chassés de leurs steppes par les Huns en 375. Les voici donc en Italie. Ils arrivent à Rome en 410, pillent consciencieusement la ville, massacrent presque tout le monde (décidément !).Pendant ce temps, l’apprenant, les Francs saliens en profitent pour se rapprocher, occupent la partie occidentale de la Belgique, et les Francs ripuaires s’installent sur la rive gauche du Rhin. En 412, les Wisigoths décident de franchir de nouveau les Alpes, mais pour visiter le sud de la Gaule. Ils dévastent le Languedoc et l’Aquitaine, prennent Narbonne, Toulouse et Bordeaux. Les voici bien installés dans tout le sud de la France ! En 416, ils concluent un accord avec Rome dont ils reconnaissent la souveraineté. Mais les rapports avec les Gallo-Romains vont se tendre et bien des malheurs vont s’abattre sur la Gaule parce que les uns disent « Si ! Le Christ est de nature divine ! » et les autres disent « Non ! Le Christ n’est pas de nature divine ! »…
Les Francs saliens, les Francs ripuaires