Le remue-ménage gaulois s’est achevé à Alésia. Et pour longtemps. En effet, la Gaule pendant presque trois siècles va connaître une période de tranquillité étonnante : la guerre semble s’être éloignée au point qu’on pourrait la croire disparue, le commerce est prospère, la douceur de vivre s’installe un peu partout.
Malgré quelques révoltes épisodiques, les Gaulois se montrent plutôt satisfaits de leurs occupants, au point d’en adopter les habitudes, et la langue. Lyon devient la capitale des Gaules.
Attention, n’allons pas trop vite : César a dû, quand même, soumettre encore quelques agités, à Uxelledunum par exemple (Cahors). Il les vainc, fait des prisonniers, mais, magnanime, décide de les relâcher. Enfin un beau geste de César. Un beau geste, presque… Parce que, avant de relâcher ces prisonniers, il leur fait couper les mains afin qu’ils ne puissent plus prendre les armes ! Prenons un peu de repos, entrons dans la paix : nous voici parvenus dans l’ère chrétienne – pour notre comptabilité du temps, nous passons d’avant Jésus-Christ à après Jésus-Christ. César est un souvenir, nous sommes sous le principat de l’empereur Tibère.
De temps en temps, les Gaulois se révoltent. Ainsi, Julius Sacrovir, un Éduen devenu citoyen romain, n’accepte pas que Tibère, son empereur, supprime le privilège accordé à la ville d’Autun de ne pas payer d’impôts. Il lève une armée de 40 000 hommes dont 8 000 armés d’épées et 32 000… de pieux de bois ! Il attaque la ville d’Autun et prend en otages les jeunes nobles gaulois qui y sont étudiants et se romanisent trop à son goût. Les légions romaines de Silius le battent à plate couture. Sacrovir se réfugie dans sa maison de campagne près d’Autun. Il s’y enferme avec sa famille et ses amis, y met le feu et tout le monde périt brûlé.
Sacrovir est une exception : les Gaulois acceptèrent de plus en plus, de mieux en mieux, la présence romaine au point de considérer comme un honneur et une promotion les responsabilités qui leur étaient confiées par leurs colonisateurs. Être autorisé à porter la toge constitua une forme de réussite sociale. Le règne de l’empereur Claude, né à Lyon (en -10, mort en 54), fut déterminant pour l’intégration des Gaulois dans le monde romain, et même dans la pensée romaine. Claude lutta autant qu’il le put contre ce qu’on appellerait aujourd’hui la discrimination raciale ou sociale ; il voulait, dit le philosophe romain Sénèque, que tout le monde fût habillé en toge.
Il fait bon vivre, en Gaule pacifiée : le commerce est florissant, les voies de communication sont nombreuses, les villas luxueuses, et les jours fériés abondants…
Le long du Rhin, les troupes romaines stationnent en permanence, créant une ligne de défense et de fortifications (le limes – prononcer « limesse »). Les barbares tentent de temps en temps des percées vers la Gaule, mais sont immédiatement repoussés. Et dans cette Gaule pacifiée et sans doute heureuse, le commerce est florissant : vers Rome et le monde méditerranéen, on exporte :
On importe :