Le piège fonctionne : les vivres s’épuisent dans Alésia. Le conseil des chefs se réunit et prend l’incroyable décision de faire sortir de la ville les femmes, les enfants et les vieillards. Ils s’en iront vers les lignes ennemies et se proposeront comme butin à vendre. Vercingétorix préfère cette solution à celle utilisée par ses ancêtres qui, rappelle-t-il, au temps de l’invasion des Germains, préférèrent sacrifier les faibles, les bouches inutiles dans la ville assiégée, plutôt que de se rendre. Le résultat ne sera guère différent. En effet, la foule tremblante des faibles, des vulnérables, des femmes, des jeunes filles, des enfants, des vieillards, franchit les portes d’Alésia et se dirige vers les lignes romaines. César les voit qui viennent l’implorer de leur laisser la vie. Mais César demeure de marbre : il ordonne de les repousser violemment, ce que les soldats s’empressent de faire. Des cadavres jonchent les fossés romains. La foule des faibles, désemparée, s’en retourne vers les portes d’Alésia qui demeurent fermées à leurs cris, à leurs supplications. Ils errent plusieurs jours entre les remparts et les lignes ennemies, cibles des Romains. Pas un ne survivra.
Les renforts arrivent, des dizaines de milliers de soldats gaulois viennent tenter de sauver Vercingétorix et ses compagnons. Coordonnant leurs attaques, les Gaulois lancent leurs assauts à l’extérieur du cercle des lignes romaines, et à l’intérieur, en sortant d’Alésia. Les soldats de César sont pris en sandwich, mais les Gaulois s’empalent sur les pièges à pieux, tombent dans les fossés remplis de pointes dissimulées. Enfin, César lance, derrière les lignes assiégeantes, des groupes de cavaliers germains qu’il avait tenues cachées. C’est la débandade dans les rangs gaulois. C’en est fait de l’oppidum d’Alésia.
Vercingétorix réunit son conseil et demande qu’on lui donne la mort. Finalement, il est décidé qu’il se livrera à César. Ce qu’il fait. On ne sait comment la reddition se déroula. Plusieurs versions existent. La plus vraisemblable et singulière à la fois est la suivante : Vercingétorix lance son petit cheval à bride abattue vers César qui attend, martial et hautain. Le chef gaulois jette ses armes aux pieds du Romain, descend de sa monture et va s’asseoir, les bras croisés, près du vainqueur. Une autre rapportée bien plus tard par un historien romain présente ainsi la reddition : comptant sur l’amitié que César lui avait témoignée en d’autres temps, Vercingétorix alla de lui-même vers son vainqueur alors que celui-ci siégeait dans son tribunal. L’apparition du guerrier gaulois tout armé, qui était de haute stature, impressionna d’autant plus les assistants qu’il vint se jeter aux genoux de César en lui rappelant le temps où ils n’étaient pas ennemis. Mais celui-ci le fit mettre aux fers immédiatement, l’envoya en prison à Rome. Vercingétorix attendit six années que César organisât son triomphe en exhibant le Gaulois. Puis le vainqueur fit étrangler le vaincu.
Où se trouve Alésia ?
Gergovie, on ne sait pas ! Alésia non plus ! Alésia, ce serait Alise-Sainte-Reine en Côted’Or; ou peut-être Chaux-des-Crotenay, ou bien Alaise-Salins en Franche-Comté ; et pourquoi pas Guillon, dans l’Yonne ? Ce qui est certain, c’est qu’en chacun de ces lieux, on a trouvé de quoi alimenter la polémique ! À Alise-Sainte-Reine, cependant, existent, repérées par avion, des traces de fortifications et de remparts bien précises. Alors, peut-être est-ce Alésia, peut-être pas…