Afin d’éviter les vengeances personnelles, courantes dans la tribu des Francs saliens, un ensemble d’articles, rassemblés sous le nom de loi salique, précise la somme due par tout auteur de crime ou délit. Il s’agit donc seulement de compensations financières, d’amendes, sans autre forme de procès. En voici quelques extraits :
Si un homme libre tue un bon ouvrier tel un orfèvre, il versera 75 sous d’or.
Le meurtre d’un Romain libre est puni de cent sous, celui d’un garçon de douze ans, de 600 sous.
Pour avoir arraché un œil, une main, un pied ou un nez, l’amende est de 100 sous ; si la main pend encore : 60 sous.
Pour une blessure à la tête de sorte que le sang a coulé jusqu’à terre : 15 sous ; si le cerveau a été mis à découvert : 45 sous.
Pour un homme libre qui étreint la main, le doigt ou le bras d’une femme libre : 15 sous ; s’il a pressé le bras au-dessus du coude : 35 sous.
Pour avoir traité quelqu’un de renard : 3 sous ; pour avoir traité quelqu’un de lièvre : 3 sous.
Lorsqu’il s’agit d’un meurtre et que le meurtrier n’est pas solvable, le meurtrier, pour signifier qu’il abandonne sa dette et ses biens à sa famille, doit d’abord jurer qu’il n’a plus rien. Ensuite, il entre dans sa maison :
Il y ramasse de la terre dans les quatre angles.
Il jette cette terre par-dessus son épaule afin qu’elle tombe sur ses parents les plus proches.
Enfin, en chemise, sans ceinture, sans chaussures, il doit sauter par-dessus la haie de son enclos, cela signifiant qu’il donne sa demeure aux siens.
Clovis, le roi des Francs
Clovis est d’abord un roi adolescent, mais la tâche ne l’effraie pas ; son objectif, c’est conquérir par les armes ou par la politique. Il se révèle excellent stratège et négociateur. Il construit peu à peu son royaume, tombe amoureux de Paris et de Clotilde, épouse les deux…
Un appétit de conquérant
Sur le chemin de Clovis, les Alamans, les Wisigoths et, bien sûr, Clotilde, celle qui va le convaincre que Paris vaut bien une conversion au catholicisme…
L’enfant de l’amour, et de Dame Basine…
Clovis, bel enfant – enfant de l’amour… – est devenu un robuste adolescent qui commande avec une ferme autorité ses troupes. Il hérite du petit royaume de son père. Quel est l’état de la Gaule à cette époque, après les invasions barbares et la chute de l’Empire romain ? On trouve à l’ouest – en Bretagne – les Armoricains ; les Alamans à l’est, entre les Vosges et le Rhin ; les Burgondes au sud-est, dans les vallées du Rhône et de la Saône ; les Wisigoths au sud-ouest, entre la Loire et les Pyrénées ; les Romains au centre, dans les vallées de la Marne et de l’Oise ; et enfin, au nord, les Francs en Belgique, en Champagne et en Picardie. Belle mosaïque que Clovis, doté d’un grand appétit conquérant et d’un remarquable sens politique, va s’efforcer d’unir sous une même bannière. En 486, il a vingt ans, l’âge des premières conquêtes.
De Clovis à Louis
Clovis, c’est Chlod-weg : célèbre par ses combats. Romanisé, ce nom devient : Hlodovicus, puis Clodovicus qui donne Clouis. De Clouis est né Louis, nom porté par dix-huit rois en France, et par de nombreux Français.
Le « roi des Romains » vaincu en 486
La tâche s’annonce rude. En effet, les Wisigoths qui occupent presque la moitié de la Gaule, semblent en mesure de l’occuper tout entière ! Leur roi, Alaric, monté sur le trône en 484, à la mort de son père Euric, est mineur. Mais il ne pourra s’empêcher de lorgner vers le nord et il serait capable, un jour, de franchir la Loire. De plus, ces Wisigoths, qui pratiquent l’arianisme, harcèlent sans cesse les évêques fidèles à Rome. Et puis, il y a Syagrius, le « roi des Romains » qui, de sa capitale, Soissons, voudrait maintenir les restes du grand Empire. C’est par lui que Clovis commence son aventure épique :
Il s’assure la neutralité des autres Francs saliens et des Francs rhénans au nord afin que ne leur vienne pas à l’idée d’accourir à l’aide de Syagrius.
Ensuite, il fixe en accord avec le « roi des Romains » la date de la bataille – selon la vieille coutume germanique.
Enfin, il bat à plate couture Syagrius qui s’enfuit à Toulouse vers celui dont il partageait beaucoup des convictions : Alaric, le roi des Wisigoths.
Encombré de ce visiteur qu’il n’avait pas invité, Alaric décide en quelque sorte de le retourner à l’envoyeur, c’est-à-dire à Clovis. Celui-ci le conserve un moment au secret, puis, discrètement, le fait égorger ! Et voici Clovis en possession du royaume de Syagrius. Il s’installe dans son palais de Soissons et profite avec gourmandise de tous les bénéfices liés à cette nouvelle possession.
Le vase de Soissons