Читаем Malavita encore полностью

Maggie se retint de lui répondre : Dieu puisse t’éviter qu’un jour Giovanni Manzoni ne t’en demande, des comptes, petit homme.

*

Pendant que Belle tentait de réviser ses cours, à plat ventre sur le canapé, François lui massait les cervicales, puis les lombaires, puis les fesses, à la recherche d’os qui n’existaient pas mais qu’il malaxait avec grande patience.

Leur histoire durait, mais chacun d’eux refusait d’admettre qu’ils s’aimaient. Ils avaient juste envie d’être ensemble, de faire l’amour, de se passionner pour ce que racontait l’autre, de s’abandonner à une tendresse infinie, et de faire en sorte que cela dure le plus longtemps possible. Si, en plus de ça, il avait fallu s’aimer…

Ce bonheur-là était entré chez François sans prévenir, et il n’avait plus qu’à refermer doucement sa porte pour l’inviter à rester. Mais chaque fois qu’ils se déclaraient par gestes et regards et que l’harmonie des corps était à son comble, François se sentait tout à coup minuscule devant cette aventure que Belle lui proposait de vivre. Dans ces moments-là, pour cacher son angoisse, il lui assenait une rhétorique qui la laissait chancelante. Désormais il ne sortirait plus de son monde, entouré de ses six écrans vidéo, parce que son monde tendait vers une sorte de perfection paisible et froide, inaccessible à la démence de ses contemporains : il n’avait de comptes à y rendre qu’à lui-même. Un refuge pour tous les individus dénués, comme lui, de talent pour la vie réelle. Dans la foulée, il avouait volontiers n’avoir pas grand-chose pour lui, il était un amant tout à fait oubliable, qui ferait un mari défaillant et un père terrorisé. La vie réelle ne lui avait fait qu’un seul vrai cadeau depuis la naissance, sa rencontre avec Belle. Et elle allait bientôt sortir de sa vie comme elle y était entrée, à la vitesse de la lumière.

*

Avant de fuir la colline de Mazenc, le plus dur restait à faire pour Warren : mettre ses parents devant le fait accompli. Il quittait le nid plus tôt que prévu, sans rien leur demander, ni un appui, ni une caution, ni un conseil, et ce dernier point était bien le plus humiliant. Parce qu’ils allaient avoir leur compte d’émotions fortes, il préféra passer sous silence sa rencontre avec la femme de sa vie, et se concentrer sur son plan de carrière.

— Je vais quitter le lycée pour suivre une formation. Ce n’est pas une décision prise à la légère. Je commence en septembre.

Les parents s’efforcèrent de ne rien laisser paraître et voulurent des précisions sur cette « formation » qui sonnait comme une maladie grave.

— … C’est un peu spécial.

— J’aime pas le mot formation mais j’aime encore moins le mot spécial, dit Fred.

— Tu sais, nous sommes prêts à tout entendre, ajouta Maggie. Ton grand-oncle Frank gagnait sa vie en mettant le feu à tout ce qu’on lui demandait pour frauder les assurances.

Mais Warren tergiversait, déjà accablé par les jérémiades qui allaient suivre. Ses parents imaginaient les pires choses : saltimbanque, politicien, strip-teaseur, carrières impossibles compte tenu du programme Witsec qui interdisait d’apparaître en public. Mais de Warren, on pouvait tout attendre.

— Dis-nous, bordel !

— Je veux devenir menuisier.

— …?

— Menuisier ? répéta Fred pour chercher un sens au mot. Tu veux fabriquer des armoires ?

— Non, ça c’est de l’ébénisterie. Moi je veux travailler le bois pour aménager des espaces.

Fred et Maggie se regardèrent en pensant très exactement la même chose : quelle faute avons-nous commise pour en arriver là ?

Warren aurait été bien incapable de leur expliquer comment était née cette vocation. L’incident déclencheur avait eu lieu quelques années plus tôt, dans la maison normande. Le gosse avait eu besoin d’étagères dans sa chambre et s’était légitimement tourné vers son père, lequel avait fait la sourde oreille, découragé depuis toujours à l’idée de planter un clou. Las d’attendre, il avait demandé à sa mère de trouver une solution, mais toute à ses organisations caritatives, Maggie n’avait pas pris le temps de l’aider elle-même ou de faire appel à un professionnel. De guerre lasse, il s’était rendu tout seul dans un magasin de bricolage et en était revenu avec planches et fixations, et surtout, une mallette d’outillage pour le petit ouvrage.

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