Читаем Malavita encore полностью

— Au Bureau, vous avez toujours cru que le quatrième homme était Nathan Harris, et vous l’avez fait tomber à tort, le pauvre. Il va falloir le sortir de San Quentin et lui faire des excuses. Notre quatrième homme était Ziggy De Witt.

— Ziggy De Witt ? Le « skipper » ?

— Il était encore sédentaire, à l’époque. C’est cet abruti qui a buté le chauffeur, personne ne lui avait rien demandé, il n’avait pas les nerfs. C’est après ce coup-là qu’il a mis au point un truc assez savant qui consistait à convertir des diams sud-africains en cocaïne colombienne, et tout ça transitait par les voiliers de types pleins aux as qui ne se sont jamais aperçus de ce qu’ils transportaient, les cons.

— Nous sommes bien d’accord que les deux autres, hormis vous, étaient Anthony Parish et Jeffrey Hunt ?

Fred acquiesça et reprit.

— Tant que j’y pense, je dois vous signaler une autre de vos erreurs : lors de cette rafle lamentable que le Bureau avait organisée au cynodrome de Rhode Island et qui s’était conclue par une hécatombe, les journaux ont parlé de la mort de trois membres de LCN. Vous aviez raison pour les frères Minsk, mais pas pour Bernie Di Murro, qui était un col blanc, il n’a même jamais volé une pomme à l’étalage.

Dans son déballage, Fred ne manquait jamais de glisser une ou deux erreurs judiciaires qui mettaient Tom en fâcheuse position.

— Sa famille pleure encore, et on les soupçonne de tout dès qu’il arrive un truc moche dans leur quartier. Vous ne notez plus, Tom ? Ça ne fait pas vos choux gras ? Vous préférez que je vous raconte d’où viennent 31 % des parts du financement du Pallenberg Stadium ?

— …

— Oui, vous préférez. Ces 31 % ont été versés par la Roysun Co., une société que j’ai fondée avec Artie Calabrese et Delroy Perez, et dont le siège social se résumait à une boîte aux lettres dans un immeuble en ruine de West Market Street.

Tom en eut des sueurs froides. Dix ans que des agents planchaient sur cette affaire sans avancer d’un pouce.

— J’apportais 10 %, Calabrese 11 %, soit la totalité de ce qu’il avait touché sur son trafic de 4×4, et Delroy s’était fait un plaisir d’apporter les 10 % qui manquaient en forçant ses quatre-vingts revendeurs d’héroïne à retourner dans la rue faire des heures sup. À mon avis, vos collègues de la DEA devraient faire une descente dans la cave du 1184 Tilbury Road, à Newark, c’est là qu’il entreposait la came qui arrivait de Bogota. Vous comprenez bien que dans ce stade on se sentait un peu chez nous. J’y avais ma loge à l’année. Artie, Delroy et moi, on a même porté le badge du président sortant quand il est venu y donner son dernier discours de campagne. Voilà, Tom. Ce sera tout pour cette année.

Le capitaine Quint n’en saurait pas plus. Fred avait très finement dosé la quantité d’informations qu’il livrait pour prolonger sa prise en charge par le programme.

— Rendez-vous dans un an. Si d’ici là vous me traitez comme un ami, je vous promets de vous faire l’historique complet de la filière des Caraïbes, que j’ai vue naître, et qui, paraît-il, prospère d’année en année.

Exceptionnellement, Tom posa une dernière question.

— Vous n’avez rien sur Joey d’Amato ?

— Joey d’Amato ? Le psychopathe ?

— Je suis prêt à monnayer n’importe quelle information sur cette ordure.

— J’ai peu travaillé avec lui, trop givré. Même à nous, il nous foutait la trouille. Il a fait parler de lui récemment ?

— Il est libérable dans trois mois et je n’aime pas le savoir dehors.

Fred comprenait pourquoi. Les wiseguys s’étaient passé le mot dans les cinq quartiers. Joey d’Amato avait pris quinze ans pour hold-up à main armée ; durant son procès, il avait levé la main droite et juré d’avoir la peau de celui qui l’avait mis à l’ombre : le capitaine Thomas Quintiliani en personne.

— Désolé, Tom, je n’ai rien sur lui.

— Tant pis, dit-il en rangeant son calepin, déjà prêt à se mettre au travail.

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