Читаем Napoléon. L'empereur des rois полностью

Lannes s'approche. Il faut poursuivre l'ennemi, propose-t-il, lancer toute l'armée afin d'en finir avec l'archiduc Charles, et emporter du même élan la ville de Ratisbonne. Napoléon est prêt à donner l'ordre de continuer l'assaut, la marche. Il a si souvent dit que la poursuite est tout, qu'on doit détruire l'ennemi, que, en écoutant Lannes, il lui semble entendre ses propres paroles. Il hésite pourtant. C'est un combat de nuit qui s'engagerait, dit Davout. Les hommes sont exténués. Ratisbonne est à trois lieues encore.

Il est comme les soldats, il sent la fatigue l'écraser. Voilà des jours qu'il ne dort plus. Il hésite encore, puis il donne l'ordre de bivouaquer.

Il voit l'étonnement de Lannes, le soulagement des autres officiers.

- Nous avons remporté la victoire, dit-il.

Il s'éloigne de quelques pas. Il entend maintenant les cris des blessés et des mourants qui montent de tout le champ de bataille.

Pour la première fois, il n'a pas ordonné de profiter de la déroute de l'ennemi pour le poursuivre.

Il n'a pas pu.

À l'aube du dimanche 23, il regarde défiler l'artillerie qui dans un brouillard épais se dirige vers Ratisbonne. Il faut que la ville tombe. Il place lui-même les canons afin de faire abattre de vieilles maisons qui, adossées aux remparts, peuvent en s'écroulant combler les fossés qui entourent la ville. Il s'approche à pied des canons, et tout à coup il ressent une violente douleur dans la jambe droite. Il est déséquilibré, cherche l'appui de Lannes. Une balle l'a atteint à l'orteil droit.

- Ce ne peut être qu'un Tyrolien, ces gens sont très adroits, dit-il.

Il s'assied sur un tambour pendant qu'on le panse.

Cette blessure est-elle un signe ? Il regarde. Elle est sans gravité même si la douleur est intense.

Il tourne la tête. Il voit des soldats qui accourent. On crie « l'Empereur est blessé ! », « l'Empereur est mort ! ». Il se dresse. Qu'on le hisse sur son cheval, qu'on batte le rappel. Il va parcourir le front des troupes. Il faut qu'on le voie. Il ne peut mourir.

Il parcourt les lignes et le cri retentit, ce cri qu'il n'a plus entendu depuis des mois : « Vive l'Empereur ! »

Il s'arrête devant chaque régiment.

Il faut récompenser ces hommes. Je suis vivant, victorieux, généreux, juste.

Ma noblesse, ce sont eux qui la composent. Je vais les ennoblir sur le champ de bataille.

Les chefs de corps désignent les grenadiers les plus valeureux.

- Je te fais chevalier de l'Empire avec 1 200 francs de dotation, lance-t-il d'une voix forte.

- Mais, Sire, je préfère la croix.

Il regarde le soldat au visage buté, couturé, à la voix ferme.

- Tu as l'une et l'autre, puisque je te fais chevalier.

- Moi, j'aimerais mieux la croix.

Je dois lui accrocher la croix, lui pincer l'oreille.

Ces hommes se font tuer pour moi, parce qu'ils savent que j'expose ma vie comme eux, et que je les conduis à la victoire.

Ratisbonne est prise, Ratisbonne brûle. La route de Vienne est ouverte.

Il devrait être satisfait, mais il n'éprouve plus la même gaieté à vaincre. Il n'a pas détruit l'armée de l'archiduc Charles. Elle se retire vers Vienne en longeant la rive gauche du Danube. Il lance ses troupes sur la rive droite. Il dicte une proclamation pour l'armée.

« Soldats ! Vous avez justifié mon attente. Vous avez suppléé au nombre par votre bravoure. Vous avez glorieusement marqué la différence qui existe entre les soldats de César et les cohues armées de Xerxès. »

Il voit, du palais où il se trouve, les soldats chargés de seaux courir dans les rues afin d'aider à éteindre l'incendie qui ravage la ville. Il va payer sur sa propre cassette les dégâts occasionnés par les combats. Il est las de la guerre. Il aperçoit des blessés qui, s'appuyant l'un sur l'autre, se traînent vers les infirmeries.

Il reprend d'une voix basse :

« En peu de jours nous avons triomphé dans les trois batailles rangées de Thann, Abensberg et Eckmühl, et dans les combats de Landshut et de Ratisbonne.

« Avant un mois nous serons à Vienne. »

Serait-ce la fin de la guerre ?

Le destin est toujours bienveillant. En quatre jours de combat, il a bousculé les troupes autrichiennes. Mais combien de morts ?

Son pied et sa jambe sont toujours douloureux. Il marche avec difficulté. Mais cela n'est rien. Par rapport aux souffrances des autres.

Quand il voit, quelques jours plus tard, dans les rues d'Ebersberg, le millier de soldats morts qui gisent dans les rues parce que Masséna, « l'Enfant chéri de la Victoire », a voulu prendre d'assaut cette ville - pour rien, puisque le Danube a été franchi déjà -, il a la nausée. Il ignore Masséna. Il l'écoute se justifier. Mille morts, deux mille blessés en vain.

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