Читаем Napoléon. L'empereur des rois полностью

Il faut pourtant que les troupes passent d'une rive à l'autre, et, donc, il faut construire des ponts en aval de Vienne. L'île Lobau, qui fait, selon les relevés de Bacler d'Albe, quatre kilomètres sur six, sera le pivot sur lequel reposeront un grand pont pour franchir le bras du Danube depuis la rive droite, et un petit pont de deux cents mètres, la moitié du précédent, qui ira de l'île Lobau à la rive gauche.

Il prend sans hésiter la décision de faire commencer le travail des sapeurs. On s'emparera d'abord de l'île Lobau, on rassemblera des cordages, des bois et des fers, des caisses de boulets pour servir d'ancrage. Les pontonniers du général Bertrand arrimeront les éléments des ponts. Il convoque Bertrand. Ses hommes ont une nuit pour effectuer ce travail.

C'est le mercredi 17 mai. Demain, il quittera Schönbrunn pour Ebersdorf, le village de la rive droite qui fait face à l'île Lobau.

Il examine les dernières dépêches. En Espagne, c'est la gangrène, la succession des défaites et des petites victoires qui ne règlent rien. En Italie, les troupes d'Eugène progressent vers Vienne. Mais le pape tente, depuis Rome, de soulever les catholiques contre l'« Antéchrist ».

Moi ! Et cela réussit en Espagne, au Tyrol ! Puis-je accepter cela, moi ?

Il commence à dicter sans même reprendre sa respiration.

« Décret :

« Moi, Napoléon, Empereur des Français, Roi d'Italie, Protecteur de la Confédération du Rhin,

« Considérant que lorsque Charlemagne, Empereur des Français, et notre Auguste Prédécesseur, fit donation de plusieurs comtés aux évêques de Rome, il ne les leur donna qu'à titre de fiefs et pour le bien de ses États, et que, par cette donation, Rome ne cessa pas de faire partie de son Empire ;

« Que tout ce que nous avons proposé pour concilier la sûreté de nos armées, la tranquillité et le bien-être de nos peuples, la dignité de notre Empire avec les prétentions temporelles des papes, n'a pu se réaliser ;

« Nous avons décrété et décrétons ce qui suit :

« Les États du Pape sont réunis à l'Empire Français. »

C'est ainsi. On me combat. On m'excommunie. Je brise. Devrais-je tendre l'autre joue ? Je suis Empereur et non saint homme, j'ai charge de mes peuples et de mes soldats qui se font tuer sur mon ordre.

Et que je tue s'il le faut.

De la même voix, il reprend :

« Tout traîneur qui, sous prétexte de fatigue, se sera détaché de son corps pour marauder sera arrêté, jugé par une commission militaire et exécuté sur l'heure. »

Ce n'est pas avec de la pitié et de la compassion qu'on fait la guerre. Je ne l'ai pas voulue, mais elle est là, je la fais.

Il ne peut plus attendre. Le pont vers l'île Lobau n'est pas terminé, mais Napoléon passe le Danube en barque et s'installe avec le maréchal Lannes dans la seule maison de l'île Lobau.

Il entend par la fenêtre ouverte les rires des aides de camp étendus sur l'herbe autour de la maison. Il sort. La pleine lune éclaire l'île, le fleuve et la rive gauche où brûlent les feux des bivouacs des Autrichiens. Il écoute. Ces jeunes hommes, dont beaucoup peuvent mourir demain, chantent d'une voix gaie, insouciante :

Vous me quittez pour aller à la gloire

Mon tendre cœur suivra partout vos pas...

L'astre des nuits de son paisible éclat

Lançait des feux sur les tentes de France...

Il sait qu'on prétend dans l'armée que ces paroles ont été écrites par Hortense, reine de Hollande. Il revoit quelques instants ces images de paix, l'enfant d'Hortense, Napoléon-Charles, jouant sur la terrasse des Tuileries. Enfant mort. Il veut un fils. Et pour cela aussi, il doit vaincre.

Le dimanche 21 mai, il rejoint les troupes de Masséna et de Lannes qui, après être passées par le grand pont, l'île Lobau et le petit pont, ont atteint la rive gauche. Elles se battent dans les villages d'Aspern et d'Essling.

Il reste immobile sur son cheval dans les ruines d'une tuilerie, située sur une petite hauteur. Il doit tenir ferme les rênes, car les balles et les boulets pleuvent. Il voit les lignes autrichiennes comme des vagues blanches prendre d'assaut Aspern et Essling, puis refluer, et ce sont d'autres vagues, sombres, qui déferlent, et le sol est parsemé des taches blanc et bleu des uniformes des soldats morts et blessés.

Une boucherie.

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