Читаем Napoléon. L'empereur des rois полностью

Les boulets des centaines de pièces de canon autrichiennes crèvent les lignes et font tomber à chaque coup plusieurs hommes. Il ne tourne la tête qu'au moment où un aide de camp lui apporte un message. Aspern et Essling ont été repris pour la sixième fois. Tout à coup, il se sent déséquilibré. Il ressent une chaleur à la jambe gauche. Il reste en selle. Une balle a déchiré toute sa botte et brûlé la peau.

Un autre présage.

Il chasse l'inquiétude. Un aide de camp lui annonce que le grand pont a été emporté par la crue, s'effondrant sous les coups des troncs que charrient les eaux torrentielles du fleuve. Il s'apprête à donner l'ordre de se replier, d'abandonner Aspern et Essling, qui ont coûté tant de sang.

Une voix crie que le pont a été rétabli, que les convois de munitions et les hommes peuvent à nouveau passer sur l'île Lobau et la rive gauche.

Brusquement il sent le sifflement d'un boulet, le cheval se cabre, s'abat, la cuisse fracassée.

Il prend une autre monture. Mais les grenadiers l'entourent, crient :

- Bas les armes si l'Empereur reste là ! Bas les armes !

Si ce boulet avait frappé un mètre plus haut, il serait l'un de ces corps qu'il aperçoit couchés dans l'herbe entre les pans de murs abattus.

Quelqu'un saisit le cheval par le mors, hurle :

- Retirez-vous ou je vous fais enlever par mes grenadiers !

C'est le général Walter, ce vieux luthérien, ce fils de pasteur que je connais depuis l'Italie, qui a été blessé à Austerlitz, que j'ai fait commandant des grenadiers à cheval de la Garde, qui a chargé tant de fois à Eylau qu'on l'a cru mort à plusieurs reprises, qui tire mon cheval.

Ils ne veulent pas que je meure.

Il fait demi-tour et, au pas, traverse le petit pont. Il remonte les colonnes de jeunes conscrits qui lèvent leurs fusils, crient : « Vive l'Empereur ! »

Peu à peu la brume recouvre le fleuve, et le silence s'établit avec la nuit.

Il s'assied devant la petite maison de l'île Lobau. Il dicte une dépêche pour Davout :

« L'ennemi a attaqué avec toutes ses forces et nous n'avions que vingt mille hommes de passés. L'affaire a été chaude. Le champ de bataille nous est resté. Il faut nous envoyer ici tout votre parc, le plus de munitions possible. Envoyez ici le plus de troupes que vous pourrez, en gardant celles qui sont nécessaires pour garder Vienne. Envoyez-nous aussi des vivres. »

Il ferme les yeux. Il faut qu'il dorme quelques minutes. Il le faut.

Un brouillard épais enveloppe tout quand Napoléon se réveille, ce lundi 22 mai 1809.

Il entend le cheminement des hommes et les grincements des chariots de munitions qui traversent l'île et se dirigent vers la rive gauche. Si ces convois et ces renforts passent, la bataille peut être gagnée. Mais, si les ponts sont rompus, ce peut être des dizaines de milliers d'hommes pris au piège.

Il montre un pin. Que les charpentiers construisent une vigie d'où il pourra voir le champ de bataille. Il s'impatiente cependant que le brouillard se lève et que le canon recommence à tonner. Il grimpe enfin au sommet de l'arbre. Aspern et Essling tiennent. Il va donc pouvoir faire charger au centre les cavaliers de Lannes, enfoncer le cœur de l'armée autrichienne.

Il saute à terre. Il veut être sur la rive gauche avant l'assaut.

Il avance le long de la rive jusqu'aux positions tenues par un bataillon de la Garde dont les pièces tirent à coups redoublés sur les Autrichiens qui donnent une nouvelle fois l'assaut. Brusquement cette voix près de lui, celle du général Bertrand.

Le général du génie est livide. Le grand pont vient d'être emporté. On ne pourra pas le rétablir avant deux jours. Les munitions et les renforts, les vivres, rien ne peut plus passer.

Il se détourne de Bertrand. Il appelle aussitôt les aides de camp. Qu'on avertisse les maréchaux Lannes et Masséna, les chefs de corps, d'avoir à se replier en combattant et à passer en bon ordre le petit pont, qu'on fortifie l'île Lobau et qu'on s'y tienne.

Tout en regagnant l'île Lobau, il regarde les corps étendus. Peut-être vingt mille hommes abattus autour d'Essling et d'Aspern. Et sans doute beaucoup plus d'Autrichiens.

À l'entrée du petit pont, il aperçoit des grenadiers qui portent un brancard recouvert de branchages. Il reconnaît parmi eux le capitaine Marbot, l'aide de camp de Lannes, qui tient la main d'un homme couché, blessé. Lannes.

Il a envie de hurler. Il se précipite. Lannes, Lannes. Il écarte Marbot. Les jambes de Lannes ne sont plus qu'une bouillie sanglante. On va l'opérer, trancher.

Il s'arrache à lui, remonte à cheval. Il ne peut plus. Il se couche sur l'encolure, se laisse porter, secouer. Ce goût âcre sur les lèvres, cette brûlure dans les yeux, ce sont ses larmes.

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