Le 7 décembre 1814, dans la nuit, Cipriani demande à être reçu. Il arrive de Gênes. Napoléon le fait asseoir. Mais Cipriani reste debout. Il est sûr, dit-il, de ses renseignements. L'enlèvement de Sa Majesté est décidé. Il va être mis en œuvre dans les semaines et peut-être même les jours qui viennent. Cipriani insiste sur le danger, d'une voix altérée par la fatigue. La tempête a rendu le voyage difficile depuis Gênes, s'excuse-t-il.
Napoléon demeure impassible. Maintenant qu'il vient de prendre sa décision, il est calme, presque indifférent.
Il ne reste plus qu'à agir.
Il a un instant d'hésitation quand le capitaine de la
« J'espère que cette année sera plus heureuse pour toi, écrit Marie-Louise. Tu seras au moins tranquille dans ton île et tu y vivras heureux, pour le bonheur de tous ceux qui t'aiment et qui te sont attachés comme moi. Ton fils t'embrasse et me charge de te souhaiter la bonne nouvelle année et de te dire qu'il t'aime de tout son cœur. »
Pas un mot sur sa venue ici. La froideur convenue de l'indifférence polie. Qui lui a dicté cette missive où elle lui demande d'accepter son sort ?
Vivre ici en attendant les assassins ?
S'enfuir, au contraire, vaincre et les retrouver, elle et son fils.
C'est sa seule chance.
25.
Quand partir ?
Il parcourt l'île d'un port à l'autre. Il interroge les grenadiers en faction à l'entrée des ports.
- Eh bien, grognard, tu t'ennuies ?
- Non, Sire, mais je ne m'amuse pas trop.
- Tu as tort, il faut prendre le temps comme il vient. Ça ne durera pas toujours.
Il s'éloigne. Le secret doit être gardé jusqu'au dernier instant. Le colonel Campbell surveille chaque mouvement. Ses espions sont à l'affût. Et au large croisent des navires français arborant le drapeau blanc, chargés d'empêcher toute tentative de fuite et comptant peut-être parmi leurs équipages des assassins que l'on débarquera sur une plage déserte de l'île.
Il répète à Campbell sa devise :
Il consulte les tables d'éclipses de lune.
Il est joyeux. Il a la sensation que son corps est à nouveau léger, comme si son embonpoint ne pesait plus. Il multiplie les ordres, lancés avec suffisamment de calme pour ne pas éveiller l'attention de Campbell. Les routes devront être élargies pour permettre au matériel entreposé dans la partie orientale de l'île d'être conduit à Portoferraio et à Porto Longone.
- Donnez l'ordre, dit-il à Drouot, que le brick