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« Lahiva ne s’est pas laissé égorger comme une yonkine domestique. Sitôt qu’elle m’a vu, elle a bondi sur ses jambes et s’est postée entre son enfant et moi, une pierre tranchante à la main. J’ai eu la nette impression qu’elle me reconnaissait malgré la protection de mon masque d’écorce : je voyais dans ses yeux le même mépris que celui dont elle m’avait couvert la dernière fois que nous nous étions rencontrés. Elle lançait d’incessants regards vers le bassin d’eau bouillante comme si elle en espérait de l’aide. Mais Qval Djema, car il ne pouvait s’agir de personne d’autre à en croire les communications de Maran, n’avait pas la possibilité ou ne s’estimait pas le droit d’intervenir dans nos histoires humaines. Nous étions seuls face à face, comme la première femme et le premier homme de l’aube de l’humanité. Son enfant n’avait pas d’existence légitime à mes yeux. Il vagissait à fendre l’âme maintenant, comme s’il avait compris qu’un drame était en train de se jouer dans la grotte.

» — Seuls les lâches se cachent quand ils tuent ! a crié Lahiva. Aie au moins le courage de montrer ton visage.

» — Je ne viens pas te tuer en mon nom, ai-je répondu d’une voix dont le calme m’a étonné. Mais au nom de celui qui souffre d’être emprisonné par le Qval. Et qui m’a demandé d’éteindre les lignées maudites.

» — Alors plante ton couteau dans ton cœur, tout petit tanneur, et ta lignée sera éteinte !

» Ses paroles m’ont embrasé comme des étincelles un tas d’herbes sèches. Je me suis rué sur elle dans l’intention de la renverser, mais elle a esquivé ma charge et m’a frappé à l’épaule avec sa pierre. Je suis tombé et, emporté par mon élan, j’ai roulé jusqu’au pied d’un rocher. Elle ne m’a pas laissé le temps de me relever, elle s’est jetée sur moi en poussant un hurlement et m’a donné des coups furieux, tantôt avec la main, tantôt avec la pierre. Le masque d’écorce m’a empêché d’être touché au visage. Elle était assise à califourchon sur moi, et ce contact prolongé, associé à sa nudité, à sa beauté, a ajouté le feu du désir à celui de ma colère. Je n’avais jamais connu de femme, mais j’étais la proie d’une telle tension, d’une telle ardeur que mon corps a agi à ma place. Pas à mon insu ni contre ma volonté, les séquences étaient inversées, il devançait mes désirs, précédait mes pensées.

» Je me suis d’abord dégagé, puis j’ai giflé Lahiva, avec une telle force que j’ai craint un moment de lui avoir brisé les vertèbres. Elle a lâché la pierre et s’est affaissée sur le dos. J’ai retroussé ma tunique de craine, baissé mon pantalon, puis je lui ai écarté les jambes et je l’ai prise avec une violence proportionnelle à ma rage, à ma frustration. J’ai joui en elle à plusieurs reprises, insatiable, comme investi de la puissance de Maran. Ses gémissements, ses protestations me vengeaient de toutes ces années d’indifférence et de mépris. Elle recevait maintenant le châtiment de Lézel, le tout petit tanneur, le serviteur de l’enfant-dieu de l’arche. Je l’absolvais de la faute commise avec son frère, du moins c’est l’impression que j’en retirais, je n’agissais pas en mon nom mais en celui de Maran, je lui donnais le baiser de Maran, le pardon de Maran. Elle a essayé à plusieurs reprises de me désarçonner, mais elle n’était qu’une femme vaincue vidée de ses forces. Que pouvait-elle contre la volonté d’un enfant-dieu ?

» Quand mon désir a été consumé, le moment est venu d’éteindre sa lignée. J’ai repoussé une nouvelle fois la tentation de l’épargner. Sa beauté grandie par la défaite me bouleversait. Elle jetait des regards à la fois éperdus et résignés à son fils dont les vagissements continus me vrillaient les nerfs. J’ai pleuré davantage qu’elle quand je lui ai posé la lame de mon couteau sur le cou. Elle a prononcé deux noms, celui d’Elleo et un autre que je ne connaissais pas mais qui était sans doute celui de son enfant. Je lui ai tranché la gorge avec toute la douceur dont j’étais capable, et, mêlant mes larmes à son sang, je me suis effondré sur elle tandis que la vie la désertait.

» Longtemps après, je me suis souvenu que je devais achever ma tâche. Je me suis relevé, j’ai contemplé le corps inerte de Lahiva, aussi superbe dans la mort qu’elle avait été magnifique dans la vie, puis, toujours en sanglots, je me suis arraché à contrecœur à ma contemplation et approché de son fils dans l’intention d’éteindre la lignée.

» Je n’ai pas pu le tuer, j’en étais incapable physiquement, comme si une volonté supérieure retenait mon bras. Il se dégageait de ce petit être une force étrange. J’ai insisté, levé mon couteau à maintes reprises, mais jamais il ne s’est abattu sur lui. J’ai pensé que Qval Djema le protégeait, le possédait, de la même façon que j’étais investi de la ferveur de Maran. J’ai alors pris la décision de l’exposer aux umbres sur la colline de l’Ellab : le sortilège de Qval Djema agissait sur les humains, mais il n’aurait aucun effet sur les prédateurs volants du nouveau monde, du moins était-ce ma conviction. J’ai jeté le corps de Lahiva dans le bassin d’eau bouillante, puis j’ai fourré son nécessaire d’écriture et ses rouleaux de peau dans le sac de laine végétale qu’elle avait emmené avec elle, j’ai pris l’enfant et gagné l’Ellab par le réseau des galeries souterraines.

» Je suis arrivé au sommet de la colline à l’aube. L’enfant de Lahiva s’acharnait à vivre et à hurler bien qu’il ne fût ni alimenté ni désaltéré depuis deux jours. Jamais je n’ai réussi à lui fracasser le crâne contre un rocher : ma volonté et mon corps se paralysaient dès que l’idée me traversait.

» Les hommes chargés des sépultures avaient rassemblé une vingtaine de morts, des anciens principalement, tous nettoyés de leurs intestins et, grâce aux vertus des embaumeurs, dans un parfait état de conservation. J’ai posé l’enfant de Lahiva au milieu des cadavres et, même s’il n’était âgé que de quelques jours, je l’ai lié avec du fil de craine aux branches d’un arbuste. Il était désormais immobile, silencieux, comme résigné, et j’ai revu les traits de sa mère dans son visage apaisé. Puis j’ai aperçu les taches noires des umbres à l’horizon et je me suis empressé de regagner l’entrée du réseau souterrain.

» Je suis retourné dans mon gouffre, je me suis effondré sur ma couche d’herbe sèche sans retirer mon masque d’écorce et je me suis recroquevillé autour du souvenir de Lahiva. Ce n’est qu’au bout de trois ou quatre jours que j’ai eu l’idée de prendre connaissance de ses écrits, une manière de prolonger notre relation à travers le temps. Il y avait bien longtemps que je ne m’étais pas exercé à la lecture, et il m’a fallu des heures pour apprendre à déchiffrer son écriture très serrée, comme tendue par la volonté de ne gaspiller aucune parcelle des rouleaux de peau – dont certains que j’avais tannés, je les reconnaissais.

» Je suis évidemment tombé sur les passages qui me concernaient. Si les écrits restent, comme on le prétend, c’est une image de mépris voire d’horreur que je laisserai à travers les siècles. Elle n’a pas éprouvé la moindre pensée amicale à mon égard, pas même un élan de compassion. Le rejet que je lui inspirais n’avait d’équivalent que son amour absolu pour son frère Elleo. Ses mots m’ont dépeint comme le plus misérable des hommes, comme un moins que rien dont elle redoutait par-dessus tout la souillure.

» Humilié, fou de colère, j’ai regretté de ne pas l’avoir gardée en vie plus longtemps. J’avais perdu l’occasion de prendre une revanche plus lente et suave, d’observer l’effroi dans ses yeux pendant que je l’infectais, pendant que je profanais le sanctuaire dévolu à son frère. J’ai renoncé à lancer les rouleaux dans l’eau bouillante comme le corps de leur propriétaire : je pourrais relire ces passages si je fléchissais dans ma détermination, ils entretiendraient le feu de mon courroux, ils exalteraient ma foi dans l’enfant-dieu de l’arche. Car le désir s’affirmait en moi d’exaucer les vœux de Maran, de remettre de l’ordre sur le nouveau monde jusqu’à ce qu’il puisse recouvrer sa condition humaine et revenir vivre parmi ses frères comme au temps où il marchait, libre et heureux, dans les couloirs de l’arche.

» J’ai également mis la main sur le journal du moncle Artien, soigneusement rangé dans le nécessaire d’écriture de Lahiva. J’ai tourné ces feuilles faites d’une matière très fine et bruissante, et j’ai cherché avec avidité les passages qui évoquaient la vie de Maran. Ils sont peu nombreux, le moncle s’étant surtout intéressé à Abzalon, Ellula, Lœllo et Djema.

» Je n’ai pas pris le temps de tout lire et j’ai sans doute eu tort, mais j’en ai dégagé l’impression que Maran avait été sacrifié et son rôle minimisé, lui qui avait couru tous les risques pour fournir leur nourriture aux deks et leur sauver la vie. Il me fallait réparer cette injustice, redonner à l’enfant-dieu la place qui lui revenait, la place qu’il méritait. J’ai eu l’idée de m’adresser aux cercles des lakchas de chasse. Ils fournissaient la viande, la peau et la corne aux permanents des mathelles, ils évoluaient déjà sur le sentier défriché par Maran et les enfants nourriciers de l’arche, ils souffraient du mépris que leur témoignaient les reines des domaines, ils rêvaient de fonder leur monde sur un ordre nouveau, ils seraient sans aucun doute les plus attentifs à mes arguments, les plus aptes à entendre la révélation de Maran.

» De fait, lorsque je me suis présenté à l’assemblée des chefs de cercle qui se tient la nuit de l’alignement des trois satellites, ils m’ont écouté avec un enthousiasme indescriptible. Revêtu du masque et de la craine, je leur ai parlé de l’enfant-dieu, de ses vœux, du danger qu’il y avait à laisser se propager les lignées maudites, de la malédiction du Qval. Maran me soutenait comme il me l’avait promis avant son départ, les mots sortaient tout seuls de ma bouche et frappaient mes auditeurs en plein cœur comme des flèches trempées dans le feu de son amour. Il nous incombait d’être les gardiens du nouveau monde dans l’ombre du masque et de la craine, de renouer avec les lois intangibles de l’arche et en particulier avec l’ordre kropte dont était issu Maran, de protéger les sentiers, de purifier la population en éliminant les lignées maudites, de lutter contre l’influence des sœurs de Chaudeterre qui vouent un culte exclusif à Qval Djema, de rogner la puissance des mathelles et de redonner leur importance, leur fierté aux frères engagés sur le sentier des lakchas.

» Ils bridaient de prouver leur foi en Maran. Je leur ai demandé de sculpter des masques d’écorce, de fabriquer des robes de craine puis, parés de leur nouvel uniforme, l’uniforme des protecteurs des sentiers, de signer leur pacte : qu’ils me rapportent la tête d’Elleo, l’un des fils de la reine Sgen, coupable d’avoir eu des relations incestueuses avec sa sœur Lahiva. Je leur ai fixé rendez-vous dans une grande caverne située au nord-est de Cent-Sources, qui s’est ensuite affirmée comme notre lieu de culte. Ils sont revenus trois jours plus tard, le visage dissimulé sous un masque d’écorce, le corps enfoui dans une robe de craine. Les nouveaux soldats de Maran… Tuer ne leur posait aucun problème : ils avaient déjà exterminé les descendants de l’Agauer après avoir découvert d’où venaient les yonks. Ils craignaient de perdre leur suprématie sur les plaines si les deux populations venaient à se rencontrer. Les connaissances technologiques du deuxième peuple, que la légende appelle la magie, auraient considérablement modifié les comportements, et les lakchas avaient préféré conserver les choses en l’état plutôt que de prendre le risque de disparaître.

» J’ignore pourquoi les descendants de l’Agauer ont offert le cadeau des yonks aux habitants du Triangle. Ont-ils craint que nos ancêtres meurent de faim ? Ont-ils voulu nous transmettre un peu de ce patrimoine de l’ancien monde qu’ils avaient emmené avec eux ? Le journal du moncle, lui-même une copie d’être humain, parle de ces machines à fabriquer les clones à partir d’un modèle de base. Et de la difficulté pour les clones de se reproduire : or les yonks ne se reproduisent pas en captivité, et probablement pas non plus en liberté…

» Mes nouveaux disciples ont ouvert un sac de laine végétale et ont fait rouler une tête à mes pieds. J’ai ressenti une joie mauvaise lorsque j’ai reconnu les traits d’Elleo, puis une rage folle, et, d’un coup de pied, j’ai envoyé sa tête se fracasser contre une paroi. De la famille maudite qu’il avait fondée avec Lahiva il ne restait rien.

» Rien d’autre qu’une jalousie posthume et tenace qui continuait de me ronger.

» Rien d’autre, vraiment ? Je ne savais pas si les umbres avaient enlevé l’enfant de Lahiva. Le temps avait passé si vite, comme s’il avait subi une accélération brutale, comme s’il nous avait brûlé les doigts. La fraternité de Maran comptait déjà plus de trois cents membres. La clandestinité et l’anonymat des masques nous donnaient une force incroyable. Lorsque nous les revêtions, nous nous emplissions de la toute-puissance de notre frère, de notre père, de notre dieu. Nous avions déjà éteint plusieurs lignées maudites dont nous avions exposé les membres sur la colline de l’Ellab. Notre réputation se propageait comme les bulles de pollen dans les domaines de Cent-Sources, on commençait à nous respecter, à nous craindre. Ainsi que je l’avais fait pour Lahiva, mes disciples n’oubliaient pas de marquer les fautives du divin sceau de Maran avant de les offrir aux umbres. Quelques sœurs envoyées imprudemment en reconnaissance par la hiérarchie de Chaudeterre sont tombées entre nos mains et ont subi le châtiment réservé aux adoratrices de Qval Djema.

» Cependant, tandis que notre organisation prospérait et pouvait dorénavant se passer de moi, je ne parvenais pas à oublier Lahiva et à trouver la paix dans mon cœur. J’avais beau lire et relire les passages de ses écrits qui m’humiliaient, mon amour pour elle s’obstinait à croître. Ni sa mort ni la tête de son amant maudit ne m’avaient apporté l’apaisement que j’espérais. Je suppliais Maran d’intercéder, d’effacer son souvenir, mais il restait sourd à mes prières, et je commençais à me demander à quel genre de dieu j’avais eu affaire, qui restait indifférent à la souffrance de son premier serviteur.

» Et puis tu es entrée dans ma vie, Gmezer… »

Il terminait toujours sur cette phrase. Le savoir d’une simple fleureuse s’est montré plus efficace que son prétendu dieu. Depuis qu’il a bu mon philtre, il n’est jamais retourné aux assemblées de ses disciples protecteurs des sentiers. J’aurais pu, j’aurais dû lui ordonner de mettre fin à cette barbarie, mais il me semble avoir déjà précisé que j’avais moi-même une revanche à prendre sur les mathelles, et j’ai laissé les disciples de Lézel la perpétrer à ma place, au moins pour un temps. J’aspirais seulement à me consacrer à notre amour, à cet amour faussé par mes alliées.

Mais j’ai sous-estimé le pouvoir de l’absente, ou surestimé le pouvoir des plantes. Repris par ses démons, torturé par ses doutes, Lézel a disparu un beau matin. Je l’ai cherché en vain dans le labyrinthe souterrain, puis j’ai aperçu un fil de sa craine coincé entre deux roches sur le bord d’un bassin et j’en ai déduit qu’il avait rejoint dans l’eau bouillante la femme qu’il avait adorée et assassinée. Dès lors, c’était à mon tour de plonger dans les affres du désespoir, de goûter la douleur inconsolable de l’absence. J’avais abusé de mon don, j’en recevais le juste châtiment. Il ne me restait pour tout souvenir que le masque d’écorce de mon aimé retrouvé par hasard dans une niche dissimulée par un fragment de roche. J’y ai découvert également les deux journaux, celui de Lahiva et celui du moncle Artien.

Combien de fois les ai-je lus durant toutes ces années de solitude ? Des dizaines, des centaines de fois ? C’est sans doute grâce à ces visiteurs du passé que je ne me suis pas à mon tour plongée dans l’eau bouillante et que j’ai décidé, à la fin de ma vie, de rédiger mes propres mémoires.

Si Artien jugeait peu probable que ses écrits fussent portés un jour à la connaissance d’éventuels lecteurs, je ferai en sorte qu’ils soient lus par le plus grand nombre, de même que le journal de Lahiva, de même que mes souvenirs. De ces trois cheminements à la fois si différents et si proches – nous étions tous les trois des parias, le clone Artien, l’incestueuse Lahiva et Gmezer, la bannie de Cent-Sources – j’espère que les habitants du nouveau monde tireront profit (mais j’en doute, l’humanité ne se montre pas pressée de tirer de réels bénéfices de ses expériences désastreuses).

Je suis consciente d’avoir autant de sang sur les mains que Lézel. Je n’ai jamais eu le courage ni même la volonté d’arrêter les protecteurs des sentiers. J’aurais pourtant dû me rendre à leur assemblée et leur crier que le premier disciple de Maran avait éprouvé de sérieux doutes sur la raison de leur dieu et sur la légitimité de leur action. Je m’en suis abstenue. Lâcheté, rancune, négligence ? À l’histoire de décider.

Quelque chose me dit que la lignée de Lahiva ne s’est jamais éteinte, non pas, comme l’affirmait Lézel, parce que Qval Djema la protégeait, mais parce que l’amour les protégeait. Mes doigts tremblent d’avoir trop serré la plume de nanzier. Je suis soulagée d’en avoir terminé. Soulagée pour mes vieux os torturés par la position assise, soulagée d’avoir trouvé la force d’aller au bout de mon entreprise. Demain j’entamerai mon ultime voyage sur ce monde, puis je m’engagerai, enfin sereine, enfin libre, sur le chemin des chanes – ou sur le chemin d’Eshan.

Mémoires de Gmezer.
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