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Des protecteurs des sentiers surgirent de l’ombre et s’avancèrent en cercle autour des deux hommes. Une cinquantaine à première vue, peut-être davantage. Tous portaient, glissé dans la ceinture de corde qui les serrait à la taille, une dague ou un couteau de corne. La ronde grimaçante des masques d’écorce, grossièrement sculptés pour la plupart, s’immobilisa à une dizaine de pas d’Ankrel et de son guide.

« Loué soit Maran, l’enfant-dieu de l’arche, fit une voix caverneuse. Il vainquit les légions des robenoires et les Kroptes sanguinaires qui avaient crevé les yeux de sa mère, il fit jaillir la manne du néant et permit à nos ancêtres de survivre dans le vide de l’espace.

— Loué soit Maran, reprirent en chœur les protecteurs des sentiers.

— Il plongea dans l’eau bouillante de la cuve pour délivrer son épouse Djema des sortilèges du Qval, il engendra des fils qui menèrent l’arche à bon port, il défricha le sentier de l’abondance, du don, de la générosité.

— Loué soit Maran.

— Il vit parmi nous par ses descendants et nous commande de préserver sa lignée.

— Loué soit Maran. »

Ankrel ne parvenait pas à déterminer s’il y avait un ou plusieurs récitants. La voix paraissait jaillir de divers endroits du cercle comme s’ils étaient plusieurs à prononcer les paroles rituelles, mais le timbre restait toujours le même, grave, solennel, sépulcral. Les scansions lancinantes du chœur le pénétraient comme des pieux brûlants, attisaient le feu qui grondait au fond de lui.

« Il nous guide sur la voie de la pureté, il nous garde de la malédiction et de la souillure.

— Loué soit Maran.

— Il nous protège des amayas de l’espace et de l’abomination du Qval.

— Loué soit Maran.

— Nous sommes les bras de sa colère, les instruments de sa vengeance, les défenseurs de sa parole, les gardiens de son ordre.

— Loué soit Maran.

— Nous sommes ses serviteurs, ses soldats, ses fils.

— Loué soit Maran.

— Nous sommes les protecteurs des sentiers. »

Le chœur ponctua cette dernière phrase d’un murmure prolongé qui enfla en une clameur assourdissante avant de s’envoler dans les ténèbres de la grange.

« Voici le frère qui demande à rejoindre l’armée des serviteurs de Maran, déclara le guide d’Ankrel quand le silence se fût à nouveau rétabli.

— Peux-tu nous répondre de sa lignée ? demanda une voix.

— J’en réponds.

— Peux-tu nous répondre de sa loyauté ?

— J’en réponds.

— Peux-tu nous répondre de sa volonté ?

— J’en réponds. »

Les protecteurs poussèrent une nouvelle clameur et se reculèrent de trois ou quatre pas, agrandissant le cercle et sortant plus ou moins de la lumière des solarines.

« Alors le temps est venu de sceller le pacte », reprit la voix.

Des mouvements au fond de la grange attirèrent l’attention d’Ankrel. Le regard insistant de son guide transperçait le bois de son masque et lui incendiait le visage. Il tremblait plus fort encore que lorsqu’il avait affronté nu les grands froids de l’amaya de glace, son corps et son esprit ne lui appartenaient plus.

Une silhouette projetée à l’intérieur du cercle parcourut une distance de dix pas avant de s’affaisser à ses pieds.

Une jeune fille blonde, vêtue d’une robe de laine végétale déchirée, souillée. Yeux écarquillés, bouche grande ouverte, bras levés au-dessus de sa tête en un geste d’imploration. Elle ne lui était pas inconnue, mais il ne se souvenait plus où il l’avait rencontrée, aux fêtes de Grande Délivrance peut-être, ou lors d’un banquet réunissant plusieurs mathelles. Sa beauté s’inscrivait en transparence sous l’expression de terreur qui l’enlaidissait.

« Elle sera exposée aux umbres demain à la première heure, souffla le guide d’Ankrel. Mais avant, tu dois la protéger d’elle-même, tu dois la purifier, tu dois lui donner une chance de recevoir la bénédiction de Maran, de renaître au nouveau monde, d’entrer dans la deuxième vie des méritants.

— Comment ? Comment ? »

Ankrel prit alors conscience de la tension douloureuse de son sexe, de l’énergie sensuelle, sauvage, qui irriguait chaque parcelle de son corps et sut qu’il connaissait la réponse.

<p>CHAPITRE IX</p><p>L’ELLAB</p>
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