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Le livre en effet se sert de tout, mais il est d’abord une révolte de Gary qui a inventé un pseudonyme, un mot creux, lui a attribué des œuvres, et pensait s’en tenir là pour renaître, mais qui s’est trouvé pris dans un engrenage qui l’a amené à remplir ce creux par Pavlowitch. Celui-ci s’est incarné en Ajar de façon si crédible qu’il a fait perdre au pseudonyme sa fonction. Le masque vide est devenu un comédien. Gary s’en veut et il en veut à son neveu, créature vivant pour son propre compte : même si elle joue sur canevas, elle improvise. Lui, l’adepte de la commedia dell’arte, aurait dû le savoir. Ainsi le pseudonyme n’est plus qu’un oripeau inutile et absurde. Ajar était une tentative d’effraction, qui a échoué. Et a mené les deux protagonistes jusqu’à des limites psychiques repoussées à coup de tranquillisants, d’amphétamines, d’alcool et de séjours en clinique. Le problème étant que les deux hommes, tenus par le même secret, ne pouvaient plus ni se séparer ni cohabiter, alors même que pendant toute la durée de la rédaction, ils partagèrent le même appartement (Paul dans la partie réservée d’abord à Jean). « Il n’y avait rien à faire, écrit PaulPavlowitch, dans L’Homme que l’on croyait1, c’était la situation. Il ne pouvait pas me lâcher et je ne pouvais pas le trahir. Ajar était contre nous », et pas seulement entre nous. À leurs difficultés de communication s’ajoutaient des questions financières, le problème des droits d’auteur, celui des impôts, la présence d’avocats pour les régler. Le paroxysme de rancune, de méfiance, de paranoïa même à certains moments, fut tel (on le verra en lisant Vie et mort d’Émile Ajar) que les deux hommes ne se réconcilièrent jamais complètement.

Pseudo

Le titre vient de Gros-Câlin dont le héros, Cousin, explique à deux résistants de l’intérieur, Jean Moulin et Pierre Brossolette, dont les portraits ornent son mur, que la meilleure solution pour passer inaperçu est de « faire malin-malin et pseudo-pseudo ». Proposé au Mercure de France sous cette forme redoublée, il fut finalement simplifié, la répétition étant jugée trop « boulevardière ». Il est né aussi d’une vision du comportement de l’homme moderne en général (et de Cousin en particulier) qui fait semblant 8 heures par jour d’être conforme à l’image d’un statisticien, d’un garçon de bureau, d’une secrétaire, ou d’un écrivain, quand tout cela n’est que comédie et que chacun suit ses rêves, ses cauchemars, sa folie propre. Il évoque pour finir la matrice de l’aventure, le pseudonyme, en abrégé pseudo.

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